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Parler science

Trois diplômés des sciences écrivent des blogues sur les politiques scientifiques. Leurs articles, tout comme leur vie personnelle, donnent un aperçu intéressant de l’état actuel de la formation en science au Canada.

par LÉO CHARBONNEAU | 13 SEP 10

Une semaine avant le dépôt du budget fédéral au printemps 2009, Rob Annan a commencé un blogue sur les possibilités de subvention pour la science au Canada. Il venait d’entreprendre une carrière de rédacteur de demandes de subvention et de rédacteur scientifique et croyait que cela pourrait lui procurer de la crédibilité et des contacts.

Puis est arrivé le budget, qui a réduit le financement des organismes subventionnaires de recherche fédéraux. « Je n’ai pas pu m’empêcher d’exprimer une opinion, raconte M. Annan. Mon blogue est devenu plus politique qu’informatif. »

Environ un mois plus tard, un professeur a communiqué avec lui; il avait entrepris une campagne intitulée « Don’t Leave Canada Behind » et recueillait les signatures de chercheurs pour une lettre ouverte au premier ministre soulignant l’importance du financement de la recherche pour l’avenir du Canada.

M. Annan a affiché la pétition sur son site Web en simultanée. Ce geste a attiré 2 300 signataires et beaucoup de visites sur son blogue, qui s’appelle maintenant « The Researcher Forum ». Il rédige des articles sur des sujets diversifiés dans le domaine général de la science et l’innovation au Canada.

« C’est une tâche que j’accomplis pour le plaisir, dit M. Annan de son blogue. Il me donne l’espace nécessaire pour réfléchir et c’est encourageant de constater l’intérêt que portent les gens aux sujets que j’aborde. »

M. Annan, qui vit maintenant à Ottawa, a terminé un doctorat en biochimie à l’Université McGill en janvier 2009. Il a décidé de ne pas poursuivre une carrière universitaire. Nombre des boursiers postdoctoraux de son département devaient se rendre à l’évidence qu’ils ne deviendraient probablement pas professeurs permanents. « Je ne voulais pas faire partie du groupe. »

Jeff Sharom, étudiant aux cycles supérieurs à l’Université de Toronto, a quand à lui commencé son blogue à l’occasion des élections fédérales de l’automne 2008. « Je l’ai d’abord conçu pour sensibiliser le public aux enjeux scientifiques au cours de la campagne électorale et puis j’ai décidé de continuer après les élections parce que le projet me plaisait », explique-t-il.

Bien qu’il ait la forme d’un blogue, son site est principalement une collection de nouvelles et de lettres d’opinions publiées ailleurs au sujet des politiques scientifiques. M. Sharom ne rédige pas d’article lui-même, surtout par manque de temps, dit-il, puisqu’il termine un doctorat en génétique moléculaire.

« J’espère que les gens trouvent ça utile. Je crois qu’il serait bénéfique que plus de gens s’intéressent activement aux questions scientifiques. »

En ce qui concerne ses propres plans, M. Sharom répond : « Qui sait? Je suis conscient que la plupart des étudiants au doctorat, comme moi, et des chercheurs postdoctoraux ne deviendront pas professeurs. C’était mon objectif au début de mes études supérieures, mais je l’ai revu plus d’une fois depuis. »

Voilà un refrain bien connu de David Kent, dont le blogue, intitulé The Black Hole et lancé en octobre en collaboration avec sa collègue Beth Snow, se concentre principalement sur la situation précaire des scientifiques en formation au Canada.

M. Kent, titulaire d’un doctorat en génétique de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle des perspectives d’avenir des étudiants aux cycles supérieurs en science qui souhaitent devenir professeurs. « Ce n’est pas un domaine attrayant ». Beaucoup de personnes « motivées et brillantes », dit-il, sont découragées par les exigences qu’on leur impose.

M. Kent se considère chanceux : il a obtenu une bourse de recherche postdoctorale des Instituts de recherche en santé du Canada qui lui permet de poursuivre ses travaux à l’Université de Cambridge. Il travaille avec un clinicien-chercheur qui étudie les maladies transmissibles par le sang, et il a un poste menant à la permanence en vue. Sa collègue, Mme Snow, a quitté le milieu universitaire pour travailler comme spécialiste de l’évaluation dans le domaine de la santé publique (même si elle est encore chargée de cours à la UBC).

M. Kent, qui a récemment joint la direction de la Canadian Association of Postdoctoral Scholars, dit avoir l’intention de continuer son blogue, auquel participent depuis peu quelques blogueurs invités. « Les sections de commentaires sont géniales et les gens y participent, mais j’aimerais que certaines personnes fassent connaître leurs opinions dans leurs domaines d’expertise ou d’intérêt; il y a tant à discuter », conclut-il.

Où trouver les blogues :

Rédigé par
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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