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Pour la postérité

Motivés par divers facteurs, les professeurs qui partent à la retraite laissent parfois leur marque de manière singulière.

par TIM JOHNSON | 09 JAN 13

Le premier jour de sa retraite, il y a sept ans, Ed Ishiguro s’est levé le matin, a déjeuné, a terminé sa routine matinale et a fait ce qu’il faisait depuis plus d’un demi-siècle : il s’est rendu au travail sur le campus. Obligé par la loi de la Colombie-Britannique de prendre sa retraite à 65 ans, M. Ishiguro, professeur émérite au département de biochimie et de microbiologie de l’Université de Victoria, sentait qu’il avait besoin de laisser sa marque sur la vie intellectuelle des étudiants.

Bien qu’il ait dû abandonner son laboratoire de recherche, M. Ishiguro maintient une certaine charge de cours et anime aussi des ateliers et des séances de conception de programmes destinés aux membres actuels du corps professoral au centre d’enseignement et d’apprentissage de l’Uni-versité. Ces activités sont selon lui l’héritage qu’il lèguera à l’Université et aux professeurs qui lui succéderont. « Je n’en manque pas une, dit-il. J’ai encore plus d’énergie aujourd’hui qu’à la veille de ma retraite. »

Mus par leurs passions et motivés par des facteurs propres au milieu universitaire, plusieurs professeurs ressentent un ardent désir de laisser un héritage aux futures générations. Teresa Dawson, directrice du centre d’enseignement et d’apprentissage à l’Université de Victoria, a souvent été témoin de ce phénomène. Dans ses fonctions au centre, elle appuie les professeurs tout au long de leur carrière, et a remarqué qu’ils éprouvent un besoin accru d’être guidés pour passer le cap de la retraite.

« La plupart n’ont pas choisi une carrière universitaire pour l’argent, affirme-t-elle. Ils l’ont fait pour contribuer à l’enseignement et à la recherche, et à la fin de leur carrière, ils souhaitent laisser une trace, même s’ils n’en sont pas toujours conscients. »

« L’héritage le plus courant est de nature financière, explique Matt McBrine, nouveau directeur du bureau des anciens à l’Université Bishop’s. Nous voyons des professeurs laisser un prix en leur nom à leur département et sentir ainsi qu’ils continuent d’en faire partie. »

À l’Université Trent, ce genre d’héritage a pris une forme inusitée. Un groupe de 10 professeurs du département d’anglais – tous embauchés à la même époque, dans les années 1960 et 1970, et ayant effectué à Trent l’intégralité de leur carrière – a décidé de s’unir pour créer une fondation. Appelée l’Initiative 2014, en l’honneur de l’année du 50e anniversaire de l’Université en 2014, leur fondation servira à financer des bourses d’études existantes et à en créer de nouvelles.

Carolyn Savoy, qui a récemment pris sa retraite de l’enseignement et de l’étude de la psychologie du sport, et qui a été entraineuse d’équipes de basketball féminin de haut niveau à l’Université St. Francis Xavier et à l’Université Dalhousie, a aussi décidé de laisser sa marque. Quoiqu’elle ait publié deux ouvrages et remporté neuf championnats comme entraineuse, Mme Savoy avoue que sa plus grande fierté est de savoir que 100 pour cent de ses athlètes ont obtenu un diplôme universitaire.

C’est dans cet esprit qu’elle a mis sur pied une fondation pour appuyer les études d’une joueuse de basketball par année à l’Université Dalhousie. Le Prix d’excellence Carolyn Savoy est, selon elle, une « extension naturelle » de ses 38 années au service du sport et de l’Université, et c’est sa façon à elle de continuer de former les étudiantes athlètes, même après avoir quitté la classe et le terrain.

Ruth Gruhn, professeure émérite d’anthropologie à l’Université de l’Alberta, affirme que ce n’est que maintenant que prend forme l’am-pleur de son legs – et celui de son défunt mari Alan Bryan. Mme Gruhn et M. Bryan ont travaillé côte à côte pendant des décennies à excaver des sites du début de la colonisation en Amérique centrale et du Sud. Ils ont publié des ouvrages et des articles sur leurs résultats témoignant de la présence humaine sur ces sites remontant à 15 000 ans, soit au moins 3 000 ans plus tôt que ce qui était connu jusque-là. En 1969, ils ont émis le postulat qui commence tout juste à être reconnu.

Tous deux ont continué de travailler longtemps après avoir pris leur retraite et ils ont même excavé un site à Baja California, au Mexique, des années après avoir officiellement quitté l’enseignement à temps plein.

Mme Gruhn publie et donne encore des conférences dans les congrès internationaux d’anthropologie. Elle avoue cependant que leur plus important héritage est sans doute la volumineuse bibliothèque professionnelle qu’elle et son mari ont léguée à l’Université de l’Alberta en 1989, et qu’ils ont continué d’étoffer des années après.

Leur contribution a été reconnue l’an dernier par une plaque en leur honneur sur laquelle on peut lire : Collections archéologiques et ethnographiques Bryan/Gruhn. « Ce sera notre héritage permanent dit-elle. Ces rapports sur des sites archéologiques passeront à la postérité ».

Rédigé par
Tim Johnson
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