Un outil tout simple pour apprendre à connaître ses étudiants
Dana Sawchuk, professeure agrégée, département de sociologie, Université Wilfrid Laurier
Mon outil d’enseignement par excellence est la fiche. J’en utilise une par étudiant dans chacun de mes cours. Cet article rudimentaire et peu coûteux m’aide, au début de chaque trimestre, à faire connaissance et à tisser des liens avec chacun de mes étudiants et l’ensemble de mes groupes.
Lorsque je rencontre un plus petit groupe pour la première fois, je demande à tous les étudiants d’écrire leur nom, leur adresse électronique ainsi que leur année et leur domaine d’études sur une fiche. Je les invite aussi à expliquer brièvement pourquoi ils se sont inscrits à mon cours. S’ils le souhaitent, ils peuvent ajouter toute autre information à leur sujet qu’ils jugent pertinente dans le contexte du cours.
Par la suite, ces fiches me servent d’aide-mémoire pour apprendre le nom de mes étudiants et vérifier les présences. Dans les plus grandes salles de cours, je fais un usage un peu différent des fiches, car je ne peux pas apprendre tous les noms, vérifier chaque fois les présences et avoir des interactions significatives avec chaque étudiant. À la fin du premier cours, je demande aux étudiants de répondre, de façon anonyme, aux deux questions suivantes : 1) Avez-vous des questions au sujet du cours, de la professeure ou du département de sociologie? 2) Qu’est-ce qui vous passionne (un sport, un passe-temps, un projet de carrière, etc.)?
Mes fiches me permettent donc de répondre, lors du cours suivant, aux questions et aux préoccupations des étudiants. Par-dessus tout, elles me rappellent que ceux qui assistent à mes cours ne sont pas que « des étudiants », mais des personnes uniques et intéressantes. Mes fiches m’aident à connaître et à aider le plus grand nombre possible d’étudiants parmi les centaines qui suivent mes cours chaque année.
Sondages en classe
Kim Hellemans, directrice, département de neurosciences, et chargée de cours de niveau III, Université Carleton
J’ai découvert l’enseignement par les pairs il y a environ sept ans. Depuis, j’ai régulièrement recours à la technique en classe, grâce au logiciel Poll Everywhere. En résumé, lorsque j’explique un concept difficile, je demande aux étudiants de répondre à une question à choix multiples mettant l’accent sur les erreurs les plus fréquentes dans la compréhension fondamentale du concept. Pour ce faire, les étudiants utilisent de façon anonyme le logiciel de sondage en ligne (sans voir la proportion de réponses pour chaque option).
Si la proportion de bonnes réponses est inférieure à 70 pour cent, j’invite les étudiants à trouver une personne près d’eux qui avait une réponse différente de la leur, puis de faire valoir leurs réponses respectives. En théorie, les étudiants qui ont une bonne compréhension du concept arriveront mieux à expliquer la bonne réponse. Je sonde ensuite à nouveau les étudiants, en leur demandant de changer leur réponse si leur pair les a « convaincus ». Normalement, la proportion de bonnes réponses devrait alors augmenter.
J’adore cet outil, car il me permet de vérifier très rapidement et en temps réel si les étudiants ont compris ce que je leur ai expliqué. Il favorise aussi la participation des étudiants en ligne, qui assistent au cours à partir de chez eux ou d’ailleurs. En outre, la rupture avec le modèle d’enseignement magistral traditionnel plaît aux étudiants. Et comme j’utilise certaines questions dans mes examens, les étudiants savent qu’ils doivent participer et être attentifs!
Inverser les rôles
Victoria Wyatt, professeure agrégée, département d’histoire de l’art et arts visuels, Université de Victoria
Il y a quelques années, j’ai commencé à demander à mes étudiants de présenter, brièvement et à tour de rôle au fil du trimestre, un site Web au reste du groupe. Je voulais ainsi les encourager à faire preuve d’esprit critique à l’égard des ressources accessibles sur Internet, mais j’ai rapidement constaté d’autres retombées positives. Les étudiants doivent donc présenter, pendant cinq à sept minutes, un site Web de leur choix lié à un des thèmes du cours. Ils doivent aborder les points de vue présentés, l’auditoire cible, les objectifs probables, les répercussions des choix visuels et techniques et les autres aspects à prendre en considération au moment d’utiliser le site comme ressource.
Au fil des présentations, les étudiants découvrent une foule de ressources en ligne pertinentes et exercent leur esprit critique par rapport à Internet, comme je m’y attendais initialement. Mais j’ai rapidement constaté que cet exercice stimule aussi grandement la participation des étudiants. Ces derniers profitent souvent de la présentation pour faire le pont entre les thèmes du cours et leurs propres intérêts. Ce faisant, ils enrichissent le contenu du cours, qui ne serait jamais aussi varié autrement.
L’aspect visuel des sites Web provoque des discussions, car les étudiants parlent au présentateur ou à leurs pairs plutôt qu’à moi. Donner la parole à chaque étudiant en classe, même pour quelques minutes seulement, brise les barrières entre l’enseignant et les étudiants et crée un esprit de communauté.
S’inspirer de l’actualité
Joyce Woods, professeure agrégée, École des sciences infirmières et des sages-femmes, Université Mount Royal
Un des cours que je donne aux étudiants de première année en sciences infirmières porte sur les fondements théoriques. On y aborde de nombreux principes, chartes, lois et rapports fondamentaux des pratiques infirmières et du système de santé. Malheureusement, le contenu de ce cours peut paraître obscur et ennuyant pour ces étudiants qui n’ont encore aucune expérience clinique.
Pour leur épargner une tâche de mémorisation ardue, je les invite plutôt à consulter les nouvelles, les journaux ou Internet pour trouver des sujets d’actualités controversés en matière de santé, que ce soit à l’échelle locale, provinciale, fédérale ou internationale. Ils doivent ensuite présenter leur sujet en établissant des liens avec un principe, une charte, une loi ou un rapport fondamental. Ils doivent également expliquer certains aspects politiques, sociaux et environnementaux de l’enjeu à l’aide de données justificatives.
Avec les années, j’en suis venue à privilégier cette méthode d’enseignement active, car elle donne aux étudiants l’occasion de participer à un échange d’idées spontané et authentique. Ils s’investissent ainsi davantage dans le processus et les résultats d’apprentissage. Bien qu’elle ne compte pas dans leur note finale, cette activité est très populaire auprès des étudiants, qui s’absentent rarement du cours.
En tant que modératrice, mon travail consiste souvent à guider la discussion en abordant des sujets de santé courants comme la vaccination, l’itinérance ou le vieillissement de la population. Ces exemples aident les étudiants à faire des liens et à approfondir leur réflexion. Cette stratégie s’avère très efficace pour motiver les étudiants et favoriser la discussion en classe et en petits groupes. Je termine habituellement la séance en posant quelques questions sur les cas présentés en classe. À ce stade, les étudiants maîtrisent mieux le sujet et sont impatients d’en discuter.
La salle de cours intelligente
Chris McDonald, professeur agrégé en ethnomusicologie, Université du Cap-Breton
En tant que professeur d’ethnomusicologie, je ne voudrais pas me passer des nouvelles salles de cours technologiques qui offrent aux étudiants une expérience multimédia complète. Quand j’ai commencé ma carrière il y a 20 ans, enseigner la culture musicale nécessitait une panoplie d’appareils audiovisuels encombrants dont l’installation prenait du temps. Aujourd’hui, il suffit de télécharger des sons, des images, des cartes, des diagrammes, des vidéos et des photos sur un ordinateur et de les présenter en utilisant une seule application comme PowerPoint. En outre, les experts et les chercheurs sur le terrain peuvent s’adresser aux étudiants virtuellement avec Skype.
Dans un de mes cours sur la musique celtique, cette technologie a permis à des étudiants du Cap-Breton adeptes du violon canado-écossais et à deux étudiants étrangers d’Irlande et d’Écosse de discuter virtuellement avec un violoniste appalachien des États-Unis. Cette interaction a permis de comparer en temps réel les différences régionales entre l’histoire, le style, la technique et le répertoire musical, ce qui aurait été impensable autrefois.
La puissance de l’iPad
(Ranjan) R. Sri Ranjan, professeur en génie des biosystèmes, Université du Manitoba
J’ai utilisé un ordinateur branché à un projecteur pour la première fois en 1992. Quelques années plus tard, je me suis mis à la page avec un ordinateur portable polyvalent qui me permettait de présenter mes diapositives et de remplacer le tableau blanc par le logiciel Paint. Mais passer d’un logiciel à l’autre prenait beaucoup de temps, sans compter que l’ordinateur était lent à démarrer au début de chaque cours. De plus, il était compliqué de brancher l’ordinateur aux divers projecteurs dans les salles de cours. Quand l’iPad a été commercialisé, j’ai cherché et trouvé des applications qui en feraient un outil d’enseignement intelligent et puissant.
Une fois muni d’applications capables de remplacer les diverses technologies utilisées en classe, mon iPad est devenu un outil d’enseignement et de recherche très efficace. L’application Keynote me sert à présenter mes diapositives en classe. L’application Notes Plus, combinée au stylo numérique Apple Pencil, remplace le tableau blanc et me permet d’ajouter des couleurs et des détails à mes diapositives. Dans mon cours, nous étudions des systèmes d’irrigation, des canaux, des barrages et autres structures. Grâce à l’application Google Earth, je peux transporter virtuellement mes étudiants dans les diverses régions du monde où se trouvent ces infrastructures. De plus, je peux convertir instantanément les notes manuscrites dans l’application Notes Plus en format texte numérique. Ces notes peuvent ensuite être exportées sous forme d’images ou de fichiers PDF et téléchargées sur le portail du cours. Note Plus comprend également un enregistreur vocal qui peut être utilisé durant le cours. J’utilise aussi l’application Board Cam, qui transforme la caméra de mon iPad en véritable projecteur d’images d’objets ou de diagrammes sur l’écran.
En raison de son extrême polyvalence, l’iPad m’est devenu un outil d’enseignement technologique indispensable. J’ai d’ailleurs partagé mon expérience avec des collègues à l’Université et lors de conférences dans le cadre d’ateliers sur l’utilisation de la technologie en enseignement.
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