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Qui trompent-ils réellement?

Sur les campus canadiens, la tricherie est un problème qu'il faut endiguer. à partir de recherches et de sa propre expérience auprès d'étudiants pris en faute, un professeur a trouvé des solutions : la sensibilisation, la détection et la discipline.

par ALEX GILLIS | 12 MAR 07

En 2003, peu après mes débuts comme professeur de journalisme à l’Université Ryerson, une étudiante m’a informé qu’une camarade de classe avait triché dans un travail écrit. J’en ai été abasourdi. L’étudiante, qui performait bien, avait copié des parties de divers travaux, à l’instar d’ailleurs d’un autre étudiant de cette classe, ai-je tôt fait de découvrir. L’année suivante, j’ai démasqué trois falsificateurs et un tricheur parmi les 89 étudiants de mes trois classes.

Tous ces étudiants en étaient à leur première offense – du moins, je le pense – et ont eu droit à des réprimandes et à un échec. De plus, trois d’entre eux ont abandonné le journalisme. Pourtant, je n’avais vérifié qu’un dixième des travaux. Combien de cas de tricherie découvrirais-je si j’en contrôlais l’ensemble?

Sûrement beaucoup, il s’avère, si je n’avais pris aucune mesure. Au cours des deux dernières décennies, des enquêtes du Centre d’intégrité universitaire de l’Université Duke, située à Durham, en Caroline du Nord, et de l’Institut d’éthique de Josephson de Los Angeles ont révélé que plus de 70 pour cent des étudiants admettent avoir triché au collège ou à l’université.

Il existe aujourd’hui des données de référence sur la question au Canada. Dans le dernier numéro de la Revue canadienne d’enseignement supérieur (vol. 36, no 2), Julia Christensen Hughes et Donald McCabe rapportent que 53 pour cent de quelque 15 000 étudiants canadiens au premier cycle ont admis avoir triché dans un travail écrit à au moins une reprise dans les 12 mois qui ont précédé l’enquête. Dans environ deux cas sur trois, il s’agissait de copies d’extraits sans citation, mais des étudiants ont dit s’être prêtés à de graves pratiques de tricherie (voir « Les moyens sont nombreux »).

Mme Christensen Hughes dirige les services de soutien à l’enseignement et enseigne à l’école de tourisme et d’hôtellerie de l’Université de Guelph, en plus d’être présidente de la Société pour l’avancement de la pédagogie dans l’enseignement supérieur. M. McCabe est le président fondateur du Centre d’intégrité universitaire de l’Université Duke et enseigne la gestion à l’Université Rutgers. Il est en outre le plus éminent spécialiste nord-américain de l’inconduite et de l’intégrité dans le milieu universitaire. En 2002-2003, ils ont interrogé des étudiants, des assistants à l’enseignement et des professeurs dans 11 campus répartis dans cinq provinces. Ils précisent qu’il est imprudent de tirer des conclusions définitives à partir de leurs résultats, mais que les données devraient plutôt servir d’indicateurs et pousser au questionnement et à l’action.

Les deux chercheurs font également état d’un niveau surprenant de tricherie aux cycles supérieurs. En effet, des 1 318 étudiants interrogés, 35 pour cent ont admis avoir triché dans leurs travaux écrits, et neuf pour cent, lors d’examens. Selon les deux scientifiques, on triche probablement beaucoup plus fréquemment pendant les examens, car 37 pour cent ont affirmé avec certitude en avoir été témoins lors d’une évaluation au cours de la dernière année. Bien que le niveau de tricherie au premier cycle se maintienne au-dessus de la barre des 50 pour cent depuis 40 ans, du moins aux États-Unis, il pourrait s’agir d’une nouvelle tendance aux cycles supérieurs au Canada. Deux universités qui n’ont pas pris part à l’enquête ont constaté une hausse de la tricherie à la maîtrise et au doctorat : de 2003 à 2004 dans le cas de l’Université de Toronto, et de 2004 à 2005 dans le cas de l’Université de la Saskatchewan. Mme Christensen Hughes se dit inquiète du fait que bon nombre d’étudiants à la maîtrise et au doctorat sont également des assistants à l’enseignement et sont donc responsables de la surveillance d’examens, de la correction de travaux et de la prévention de la tricherie chez les étudiants au baccalauréat.

Les quatre motifs

Pourquoi les étudiants trichent-ils? J’ai d’abord cru que c’était principalement le fait d’étudiants qui avaient des problèmes personnels, mais c’est là le moins important des quatre motifs de tricherie. Dans l’article « Understanding Academic Misconduct « (« Comprendre l’inconduite dans le milieu universitaire »), publié dans la Revue canadienne d’enseignement supérieur (vol. 36, no 1), Mme Christensen Hughes et M. McCabe se sont penchés sur les recherches antérieures et ont découvert que la tricherie est particulièrement fréquente chez les jeunes hommes qui sont débordés de travail, étudient dans une langue seconde, ont une faible estime de soi, souffrent d’anxiété ou maintiennent une moyenne pondérée cumulative élevée. Cette dernière caractéristique est révélatrice : les tricheurs sont souvent des premiers de classe qui visent à obtenir un A.

Le deuxième motif de tricherie, beaucoup plus important celui-là, a trait au contexte et à la culture, tant dans le milieu universitaire qu’à l’extérieur. Témoins d’actes illégaux commis par des personnalités des affaires, du sport et du journalisme, les étudiants en concluent qu’une petite tricherie à l’école est bien peu de choses. La situation s’aggrave lorsqu’une « culture de la tricherie » s’installe à l’intérieur des universités et dans certains départements, selon les travaux de M. McCabe. Il explique que les étudiants inscrits en administration des affaires et en communications (branche à laquelle le journalisme appartient) sont plus nombreux à admettre leur inconduite que ceux des autres départements : « Ils se classent toujours au premier ou au deuxième rang ».

Cette réalité me fait grincer des dents, mais je comprends ce qu’il veut dire. Année après année, mes étudiants regardent au moins un journaliste professionnel de renom se tirer indemne d’un spectaculaire cas de falsification ou de plagiat.

M. McCabe ajoute que tricher était autrefois répandu en ingénierie, mais que la situation s’est améliorée. à son avis, l’accent mis sur le code de déontologie dans ce domaine a peut-être contribué au recul de cette pratique.

Outre les motifs individuels et culturels, des raisons d’ordre pédagogique interviennent. Selon l’enquête menée sur 11 campus, 36 pour cent des étudiants au premier cycle et 12 pour cent aux cycles supérieurs croient que copier ou falsifier des données de laboratoire est un acte légitime ou sans importance, qui est pourtant condamné par presque tous les professeurs. En définitive, les étudiants trichent lorsqu’ils jugent la notation injuste : si, par exemple, peu de points sont accordés à une expérience longue à réaliser dans le cadre d’un laboratoire, ou si seules les réponses sont prises en compte.

Par ailleurs, les étudiants trichent davantage lorsqu’un professeur crée par mégarde des conditions « favorables », par exemple s’il recycle ses travaux et ses examens d’une année à l’autre. Selon Mme Christensen Hughes, ce phénomène explique sans doute pourquoi la moitié des étudiants au baccalauréat et 30 pour cent de ceux à la maîtrise et au doctorat considèrent que cela fait partie du jeu que « d’obtenir les questions ou les réponses à un examen de quelqu’un qui l’a déjà passé ». Près de la moitié des étudiants au premier cycle jugent que de cacher des ouvrages ou du matériel didactique constitue une tricherie sans importance ou que ce n’en est pas une.

Enfin, le quatrième et principal motif de tricherie revient aux universités et aux professeurs qui n’attaquent pas le problème de front. En effet, les politiques d’intégrité doivent bénéficier de l’appui de la haute direction et dépasser le cadre de la rhétorique.

À ce sujet, Mme Christensen Hughes indique que les universités ont intensifié leurs efforts en nommant des conseillers en intégrité et en organisant sur leurs campus des semaines consacrées à cette notion en milieu universitaire. Certains établissements qui ont participé à l’enquête – dont les universités Dalhousie, Simon Fraser, Western Ontario et du Manitoba – ont pris le taureau par les cornes et publié leurs statistiques sur l’inconduite. Chefs de file de l’intégrité dans l’enseignement supérieur au Canada, elles sont le point de mire des universitaires et des administrateurs.

Les membres du corps professoral doivent eux aussi modifier leur attitude. L’enquête montre en effet que de 47 à 60 pour cent des professeurs font « peu ou très peu d’efforts pour consigner un incident » de tricherie. La majorité – soit 85 pour cent des professeurs et 79 pour cent des assistants à l’enseignement – hésite à le faire principalement parce qu’ils jugent les preuves insuffisantes. Mais 20 pour cent des professeurs évoquent d’autres raisons, dont le manque de soutien de la part de l’administration, le manque de temps pour investiguer les cas suspects et l’insignifiance du délit. « Certains assistants à l’enseignement disent avoir reçu comme consigne de fermer les yeux sur l’offense par un membre du corps professoral (18 pour cent) ou avoir choisi de ne rien faire (16 pour cent) », expliquent les chercheurs. Mme Christensen Hughes a également le sentiment que certains refusent de consacrer plus de temps à l’enseignement dans un système qui, depuis toujours, valorise davantage les publications et la recherche.

La tricherie est le résultat direct de l’ignorance, de la paresse ou de la surcharge de travail d’un professeur. Selon M. McCabe, de 15 à 20 pour cent des étudiants tricheront ouvertement et à répétition, une proportion égale ne le fera jamais, et bon nombre des 60 à 70 pour cent restants tricheront s’ils voient leurs confrères s’en tirer sans conséquence. Pour reprendre les paroles d’un étudiant cité dans une étude : « C’est un simple rapport coûts-avantages. ».

Cette année, j’ai compris ce qui n’allait pas dans mon cours de journalisme et comment je pouvais réduire la tricherie. En contre-vérifiant tous les travaux, j’avais réussi à coincer sept tricheurs dans une classe de 28 étudiants. Il n’y avait aucun cas de falsification ou de plagiat – nos discussions sur la question avaient donc porté leurs fruits -, mais ces étudiants avaient gonflé leur bibliographie avec des entrevues fictives. Il s’agit là d’une forme mineure mais relativement répandue de tricherie, puisque plus de 40 pour cent des étudiants interrogés considèrent comme un acte légitime ou sans importance la « falsification ou la copie d’une bibliographie ». J’ai donc rencontré individuellement ces sept étudiants et écouté leurs excuses. Étaient-ils distraits pendant les discussions sur la tricherie en classe? Étaient-ils des êtres sans morale? Stupides?

Bien sûr que non. Mais ce n’est qu’après avoir parlé à Lynn Taylor, directrice du Centre d’apprentissage et d’enseignement de l’Université Dalhousie, que j’ai compris comment aborder les quatre motifs de tricherie et du coup réduire ce problème. Dans une publication à venir, Mme Taylor et des collègues des universités du Manitoba et du Nouveau-Brunswick décrivent trois moyens que doivent mettre de l’avant les universités et les professeurs pour véhiculer des valeurs chères au milieu universitaire et lutter contre la tricherie : la sensibilisation, la détection et la discipline.

Sensiblisation

La sensibilisation à la question de l’intégrité s’effectue à deux niveaux : dans l’université et dans la classe.

Au cours des sept dernières années, les universités ont intensifié leurs activités de sensibilisation. Par exemple, les universités de Guelph, York et Ryerson offrent des tutoriels en ligne qui expliquent comment contrer les différents types de tricherie. à l’instar de plusieurs autres établissements, l’Université de Guelph organise des ateliers traitant des approches en matière de pédagogie et d’évaluation à l’intention des professeurs et des assistants à l’enseignement. L’Université Wilfrid Laurier fait de son côté appel à des étudiants aux cycles supérieurs qui ont reçu une formation pour animer des séances sur l’importance de l’intégrité destinées aux nouveaux étudiants. L’établissement prévoit également avoir recours à des étudiants pour la mise en application des politiques. Certains départements affichent un code d’honneur – également appelé « code de conduite » ou « code d’éthique » – que les étudiants doivent lire, mais qu’ils ne sont pas tenus de signer.

L’une des façons les plus efficaces et radicales de contrer la tricherie consiste à créer un pacte d’intégrité universitaire ou encore un code d’honneur que les étudiants doivent signer lorsqu’ils entrent à l’université ou commencent un nouveau programme. M. McCabe a établi une corrélation entre cette pratique et la baisse des cas de tricherie dénoncés dans les universités américaines, comparativement aux campus ou aux programmes qui n’ont pas de code d’honneur. La signature d’un code est une pratique populaire dans les établissements de prestige aux États-Unis, mais il semble qu’aucune des universités ni qu’aucun des collèges universitaires canadiens ne l’exige. Il existe cependant des facultés et des départements qui le font. Par exemple, le département d’informatique de l’Université du Manitoba exige des étudiants qu’ils joignent à leurs travaux une déclaration d’honnêteté signée. J’ai bien l’impression que de plus en plus d’établissements d’enseignement canadiens considéreront l’adoption de ces codes d’honneur dans les années à venir.

Mme Taylor de Dalhousie croit quant à elle qu’il faut d’abord et avant tout porter davantage attention à l’encadrement. La plupart des professeurs tiennent pour acquis que les étudiants savent comment se préparer à un examen, bâtir une bibliographie et ne pas tricher. Au contraire, explique-t-elle, les professeurs doivent clairement faire comprendre à leurs étudiants ce que tricher signifie dans une discipline et un cours en particulier, plutôt que de les renvoyer simplement à une description de cours ou au site Web de l’université. Ils doivent également leur expliquer quoi faire lorsque leurs problèmes personnels interfèrent avec leurs études ou qu’ils jugent le système de notation injuste. Les professeurs ne doivent pas avoir peur d’utiliser les mots « tricher », « plagier » ou tout autre mot pertinent, ajoute-t-elle.

Il est tout aussi essentiel de faire comprendre aux étudiants l’importance d’être honnête. « Tout revient à un ensemble de valeurs chères au milieu universitaire, explique Mme Taylor. C’est de là qu’il faut partir. Ces valeurs sont véhiculées par le Centre d’intégrité universitaire [de l’Université Duke] et comprennent l’honnêteté, la justice, le respect du travail d’autrui et la responsabilisation. »

J’ai expliqué tout cela à mes étudiants à Ryerson, respectueusement et sans condescendance. C’est essentiel lorsqu’on aborde la question de l’intégrité. Mais je n’ai pas été précis. Je ne leur ai pas dit qu’une bibliographie ne pouvait pas inclure des entrevues planifiées qui n’avaient jamais eu lieu (planifier est bon par contre…), ni que plagier une phrase ou falsifier un détail est inadmissible.

J’ai également décidé de donner une seconde chance aux sept étudiants pris en faute, après une autre discussion sur l’intégrité.

Détection et discipline

Prendre le temps de contre-vérifier tous les travaux dès le début d’un cours montre aux étudiants que les valeurs universitaires y sont importantes. En sciences, des universités comme McGill détectent la tricherie en scannant les cartons de réponse à choix multiples, à la recherche de structures identiques.

Beaucoup de campus modifient les règlements d’examen et ne se limitent plus à interdire les calculatrices, mais bannissent tout appareil électronique capable de recevoir ou de transmettre des signaux. J’ai pour ma part dit à mes étudiants que j’utilise le programme de détection Turnitin.com et que je contre-vérifie tous les articles, ce qui est la norme dans l’industrie des magazines grand public.

J’ai également constaté que le manque de mesures disciplinaires posait problème. Comme je signalais les cas de tricherie à mon département mais non à l’université, rien n’était consigné officiellement. Les étudiants percevaient cela comme une faiblesse, et avec raison. La plupart des universités prennent des mesures dans les cas de tricherie, qui vont de la reprise d’un travail à l’expulsion, mais les professeurs doivent informer clairement les étudiants des conséquences et établir un lien entre une offense et une peine.

Ils doivent également agir. En 2003, Brandy Usick et Mme Taylor (toutes deux de l’Université du Manitoba à l’époque) et Barbara Paterson (alors à l’Université de la Colombie-Britannique) se sont penchées sur le sujet et ont découvert que des étudiants se conseillent les uns les autres sur les façons de ne pas se faire prendre. Un des trucs bien connus dont un étudiant leur a fait part consiste à se dire stressé ou incapable de rédiger correctement un travail, lorsqu’ils sont pris sur le fait, afin de s’en tirer à bon compte.

Les étudiants de ma classe savent désormais que la note 0 est la peine minimale, et que la reprise d’un travail n’est pas une possibilité après toutes les discussions que nous avons eues sur le sujet. Ils savent que j’agis de façon juste et que j’accorde mon soutien aux étudiants qui travaillent bien. Je les informe également que des infractions plus graves, telles que la falsification d’une partie ou de l’ensemble d’un travail, peuvent entraîner un échec, tandis que de multiples infractions peuvent mener à l’expulsion du département. Les étudiants comprennent pertinemment que les valeurs universitaires telles que l’honnêteté méritent d’être défendues, ce qui, étonnamment, est un message profond dans une discipline pleine de cynisme comme le journalisme.

Malgré mes interventions, je viens de démasquer un autre tricheur. Il s’agissait cette fois d’un cas de plagiat : l’étudiante avait copié des phrases tirées d’un site Web. Elle a dit pour sa défense ne pas savoir comment référencer correctement, malgré le fait que nous avions couvert le sujet à deux reprises en classe. En s’excusant, elle a juré de ne plus le faire. Mais une question flottait toujours dans l’air : allais-je lui donner une seconde chance?

Impossible. Elle a échoué le travail, a compris pourquoi et a eu honte de son comportement.

« Je sais que vous faites simplement votre travail », m’a-t-elle dit. En effet. Et dorénavant, elle fera le sien.

Alex Gillis est écrivain et enseigne le journalisme à l’Université Ryerson. Vous pouvez le joindre à

[email protected]


 

Lectures et ressources complémentaires:

Centre d’intégrité universitaire de l’Université Duke

 



Les moyens sont nombreux

Selon une nouvelle enquête menée sur 11 campus canadiens, « tricher dans le cadre de travaux écrits » – un délit qu’admettent plus de la moitié des étudiants au premier cycle interrogés – consiste principalement à copier des passages de publications électroniques ou imprimées. Cette pratique englobe cependant d’autres actes gravement répréhensibles, comme remettre un travail qui a été fait par quelqu’un d’autre (généralement un camarade de classe), copier ou falsifier une bibliographie, ou remettre un travail tiré d’Internet. « Tricher aux examens », un délit que confessent 18 pour cent des étudiants au baccalauréat, signifie copier sur un autre étudiant, utiliser un aide-mémoire ou aider un camarade à tricher.

Le plagiat sur Internet est également répandu : 35 pour cent des étudiants au baccalauréat et 22 pour cent des étudiants à la maîtrise et au doctorat ont indiqué avoir déjà copié intégralement du Web. Dans l’ensemble, Internet a entraîné une hausse du plagiat de l’ordre de cinq à dix pour cent au cours de la dernière décennie, selon Donald McCabe, un professeur à l’Université Rutgers qui sonde depuis plus de 15 ans des étudiants sur la question de l’intégrité universitaire.

Avec Julia Christensen Hughes, directrice des services de soutien à l’enseignement à l’Université de Guelph, il a mené une enquête pancanadienne en 2002-2003. Ils ont constaté que l’achat de travaux sur Internet ne semble plus être un problème majeur, moins de un pour cent des étudiants ayant admis y avoir recours. Est-ce grâce à l’apparition de méthodes de détection plus efficaces ou parce que moins d’étudiants reconnaissent se prêter à cette forme grave de tricherie?

Deux nouvelles pratiques connaissent toutefois une croissance rapide : la collaboration et la fabrication. En effet, 45 pour cent des étudiants au premier cycle et 29 pour cent des étudiants aux cycles supérieurs ont avoué « travailler en collaboration alors que le professeur demande un travail individuel », tandis que 25 pour cent des étudiants au premier cycle et six pour cent des étudiants aux cycles supérieurs reconnaissent « avoir fabriqué ou falsifié des données de laboratoire ».

Pourquoi ces nouvelles formes de tricherie sont-elles de plus en plus répandues? « Les méthodes d’évaluation traditionnelles sont peut-être dépassées », avance Mme Christensen Hughes. « Ces nouvelles tendances représenteraient-elles un choc entre une culture de collaboration émergente chez les étudiants et la culture plus traditionnelle et individualiste qui caractérise les professeurs? », se questionnent les chercheurs dans leur étude. La tricherie prend également le virage technologique : les étudiants programment leur calculatrice ou leur iPod comme un aide-mémoire et s’envoient des messages texte pendant les examens.

Brandy Usick, directrice des services de représentation des étudiants et des ressources aux étudiants à l’Université du Manitoba, dit constater une hausse des cas de tricherie avec ces petits appareils depuis quelques années. Selon elle, certains étudiants ne savent pas qu’ils trichent lorsque, pendant les examens, ils utilisent leur téléphone cellulaire comme montre ou ont recours à des outils de traduction et des dictionnaires électroniques, dans le cas de ceux qui étudient dans une langue seconde.

Rédigé par
Alex Gillis
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  1. Rana Chamoun / 1 septembre 2013 à 07:46

    Il vaut mieux qu’on cherche dans le fond de nos coeur et nos pensees que de passer le temps a chercher les idees et les sentiments des autres.

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