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Recours au soutien par les pairs pour les étudiants atteints de troubles du spectre de l’autisme

Les services d’accessibilité incitent les étudiants autistes à se tourner vers leurs pairs pour obtenir du soutien relativement à la vie universitaire.
par NATALIE SAMSON
06 MAR 17

Recours au soutien par les pairs pour les étudiants atteints de troubles du spectre de l’autisme

Les services d’accessibilité incitent les étudiants autistes à se tourner vers leurs pairs pour obtenir du soutien relativement à la vie universitaire.

par NATALIE SAMSON | 06 MAR 17

Cet article est un sommaire de l’article « Helping students with autism spectrum disorder ».

Lorsque le spécialiste de l’accessibilité Jamie Penner est arrivé à l’Université du Manitoba en 2009, une série de rencontres lui a permis d’évaluer la façon dont l’établissement répondait aux besoins des étudiants atteints du trouble du spectre de l’autisme (TSA). « L’un de mes premiers étudiants atteints du TSA suivait un cours en histoire ancienne portant sur une bataille. Quand je lui ai demandé de m’en parler, il ne pouvait que mentionner le type d’arme utilisé par les combattants. Il était attentif en classe, mais se laissait facilement distraire », se souvient M. Penner.

Le TSA est un ensemble de problèmes neurobiologiques qui touchent divers systèmes de l’organisme et nuisent au développement du cerveau. La gravité du trouble varie d’une personne à l’autre. Il n’y a donc pas de cas typique et il existe un éventail de symptômes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on parle de « spectre ». En général, les personnes atteintes du TSA éprouvent des difficultés de communication et d’interaction, et gèrent mal l’intensité et la portée de leur attention.

Il y a une dizaine d’années au Canada, les services offerts aux personnes atteintes du TSA par les conseillers en accessibilité dépassaient rarement les mesures d’adaptation classiques que sont le tutorat et la prise de notes. Mais en écoutant cet étudiant, M. Penner a compris que les services traditionnels ne suffisaient plus. « Ces personnes ont l’intelligence nécessaire pour réussir, affirme-t-il, mais elles ne savent pas ce qu’on attend d’elles. » Après avoir consulté un laboratoire de psychiatrie sur le campus, M. Penner en est venu à la conclusion qu’un autre étudiant serait le meilleur des guides. En 2010, il a donc mis sur pied un programme de pairs accompagnateurs.

Ce programme permet à un étudiant atteint du TSA d’obtenir du soutien personnalisé de la part d’un autre étudiant de l’Université du Manitoba, habituellement du département d’éducation ou de psychologie. L’aide offerte peut inclure des services de tutorat et de prise de notes. Toutefois, les accompagnateurs sont aussi formés pour aider les étudiants à recentrer leur attention grâce à des techniques d’organisation. Ils favorisent l’adoption de comportements appropriés dans le milieu universitaire, entre autres dans les conversations avec les professeurs ou la participation en classe, explique M. Penner. Cette année, le programme compte sept accompagnateurs, qui travaillent 12 heures par semaine à un taux horaire de 25 $.

Comme son collègue du Manitoba, la conseillère en accessibilité de l’Université de la Colombie-Britannique, Sarah Knitter, a observé un écart grandissant entre les services offerts dans son établissement et les défis propres aux étudiants atteints du TSA. Pour combler ce fossé, elle a instauré en 2011, en collaboration avec deux professeurs de l’université, Anthony Bailey du département de psychiatrie et Pat Mirenda du département de l’éducation, un programme de mentorat pour les étudiants atteints du TSA. Il s’agit d’un service de tutorat hybride qui associe une personne atteinte du TSA à un étudiant d’un programme d’études similaire. Ensemble, ils révisent le contenu des cours, expérimentent des techniques d’étude et de gestion du temps, se préparent aux travaux et aux examens et discutent de divers problèmes. Les mentors, habituellement des étudiants en fin de baccalauréat ou à la maîtrise, suivent environ cinq heures de formation. Ils reçoivent 20 $ l’heure et doivent passer au moins deux heures par semaine avec leur client. À l’automne 2016, 12 clients et six conseillers ont participé au programme.

La démarche fondée sur le soutien par les pairs a été couronnée de succès dans d’autres universités canadiennes. L’Université York accueille l’un des plus anciens programmes de ce genre. Le programme de mentorat des personnes atteintes du syndrome d’Asperger, créé il y a neuf ans, recrute, forme et rémunère des mentors pour qu’ils offrent à ces étudiants un suivi personnalisé. Des activités sociales, des ateliers et des séances de formation sont aussi organisés dans le cadre de ce programme qui aide aussi les coordonnateurs à élaborer des ressources et des outils d’évaluation. Les Universités Mount Royal et McGill ont toutes deux opté pour des programmes d’intervention par les pairs qui fonctionnent comme des groupes de soutien. À l’Université Simon Fraser, le principal objectif de l’initiative de mentorat pour les autistes n’est pas le tutorat scolaire. En effet, la conseillère en accessibilité, Suzanne Leach, invite plutôt les participants à régler un problème précis. « L’idée est d’amorcer le processus en discutant de leurs objectifs, puis de cerner les difficultés susceptibles de se présenter. »

À l’Université Simon Fraser, les mentors, qui sont souvent des étudiants en psychologie ou en éducation, voient leur client une ou
deux heures par semaine pendant deux trimestres, et reçoivent en échange des honoraires de 500 $. Une fois par mois, les mentors se rencontrent pour discuter avec des experts des problèmes qui ont pu se poser.

Les programmes d’aide par les pairs offrent aux étudiants atteints du TSA un suivi hebdomadaire personnalisé qui leur permet d’acquérir des compétences universitaires et sociales dans un milieu sécuritaire. Adrian Cheng, un étudiant de quatrième année en environnement et en développement durable à l’Université de la Colombie-Britannique, affirme que le fait d’être suivi par un conseiller l’aide à « être plus déterminé à faire ses devoirs et à avoir moins peur de l’échec ». Mais il apprécie surtout le fait que le programme lui ait permis de tisser des liens avec ses pairs, et ait permis à ses pairs « de le comprendre un peu mieux ».

Rédigé par
Natalie Samson
Natalie Samson est la rédactrice en chef adjointe pour Affaires Universitaires.
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