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Retour sur le livre à succès The Slow Professor

Deux ans après le succès inattendu de leur livre The Slow Professor, les deux auteures examinent ses retombées, leurs tentatives d’incarner ses idéaux et l’avenir.

par LÉO CHARBONNEAU | 23 MAR 18

Au printemps 2016, les Presses de l’Université de Toronto (UTP) ont publié The Slow Professor: Challenging the Culture of Speed in the Academy, par Maggie Berg et Barbara Seeber, professeures de littérature à l’Université Queen’s et à l’Université Brock respectivement. Appliquant les principes du mouvement slow au milieu universitaire, les auteures donnaient aux professeurs des idées pour résister au rythme effréné et aux attentes élevées de la vie universitaire contemporaine.

Elles ont reçu les éloges de nombreux professeurs pour avoir remis en question le statu quo, mais se sont attiré les critiques de ceux qui ne jouissaient pas des mêmes privilèges qu’elles, qui occupent toutes deux des postes permanents. Un fait ne peut être mis en doute : selon Chris Reed, publicitaire d’UTP, plus de 22 000 exemplaires ont été vendus, tous formats confondus, ce qui fait du livre un « best-seller national ».

« Nous pensions que l’ouvrage n’aurait du succès qu’auprès d’une poignée de fervents du mouvement slow. Nous ne nous attendions absolument pas à ce qu’il touche un grand
public », souligne Mme Seeber. Bien qu’il ait été écrit au Canada, le livre a attiré l’attention à l’étranger et semble susciter de l’intérêt hors du milieu universitaire. « C’est une belle surprise », déclare-t-elle.

Mme Berg dit s’être réjouie d’avoir appris que des professeurs l’avaient offert en cadeau à des collègues ou en avaient fait le sujet de leur groupe de lecture. « La réalité dépasse nos rêves les plus fous, vraiment. »

Quant aux critiques, Mme Berg explique qu’elle et Mme Seeber n’ont jamais voulu suggérer que les chargés de cours devaient « prendre le relais » des professeurs qui souhaitaient ralentir le rythme. « Nous ne nous attendons certainement pas à cela », déclare-t-elle.

Au sujet du privilège, Mme Berg répond : « Nous avons une place privilégiée. Nous le reconnaissons dans le livre. Notre permanence nous protège. C’est pourquoi nous pouvons parler au nom des autres », explique-t-elle.

« La précarisation de l’emploi est un problème grave qui devrait soulever la colère de tous, ajoute Mme Seeber, mais la colère ne doit pas être dirigée individuellement contre des professeurs permanents. »

Une critique a particulièrement piqué les auteures : celle selon laquelle elles encourageaient la paresse. « Cette critique révèle une mauvaise compréhension des fondements du livre et du mouvement slow », dit Mme Seeber. « Je la trouve plutôt cruelle, étant donné toutes les données émergentes sur les problèmes de santé mentale qui touchent les professeurs et le personnel, sans oublier les étudiants. Le surmenage est encore valorisé, comme si la capacité de travailler sans relâche était une vertu en soi. »

Peu importe, les deux auteures admettent avoir du mal à suivre leurs propres conseils. « Un ami proche n’a cessé de me taquiner l’année dernière, en me disant “Barbara, tu devrais vraiment lire le livre The Slow Professor”. Aller à l’encontre de la culture de la vitesse, c’est aller à contresens, ce qui est toujours difficile. C’est un processus. Il faut s’exercer sans cesse, y réfléchir constamment et rester vigilant. Nous continuons de trop travailler et de trop nous inquiéter. »

Mme Berg en convient : « C’est une lutte permanente. Ce trimestre, j’ai essayé de me concentrer sur les tâches qui me procuraient du plaisir et qui étaient importantes pour moi, comme donner des ateliers aux étudiants au doctorat et aux nouveaux professeurs. »

Le succès du livre a convaincu les deux professeures de rédiger une suite. « Nous pensions n’avoir rien d’autre à dire, mais c’est faux », affirme Mme Berg.

« Nous avons amorcé l’écriture et nous sommes enthousiastes, déclare Mme Seeber. Toutefois, il est beaucoup trop tôt pour donner une date de publication, précise-t-elle. Mais je peux déjà vous dire qu’il nous faudra probablement plus de temps que prévu. »

Rédigé par
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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