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Technologies vertes

Les universités veulent rendre leurs technologies de l’information écoénergétiques et écologiques.

par DIANE PETERS | 13 SEP 10

Au chapitre de la protection de l’environnement, on s’attarde beaucoup à l’énergie solaire et éolienne, mais jamais au matériel informatique. « S’en occuper peut grandement aider l’environnement », affirme toutefois Emily Kunz Purser, étudiante au premier cycle en environnement et en commerce à l’Université de Waterloo.

Elle a découvert, lors de deux stages comme coordonnatrice de l’écotechnique de l’information et de la communication (éco-TIC) à la faculté de l’environnement, que, si chacun éteignait son ordinateur après le travail, la faculté économiserait 40 000 $ annuellement, soit environ les deux tiers de la facture d’électricité. Le personnel s’est donc procuré du matériel écoénergétique, des programmes d’arrêt automatique ont été créés pour les ordinateurs de laboratoire et les imprimantes impriment dorénavant recto verso.

On connaît l’importance de la consommation d’énergie depuis des décennies. La sensibilisation aux répercussions environnementales considérables de la place grandissante qu’occupe la technologie est toutefois récente. Les technologies de l’information (TI) représentent de deux à huit pour cent de la consommation mondiale d’énergie, un chiffre qui devrait grimper à 20 pour cent d’ici 2020.

« Si nous nous dirigeons vers une société d’information, autant le faire proprement », explique Mohamed Cheriet, professeur à l’École de technologie supérieure (ÉTS) et directeur du GreenStar Network, un consortium d’innovateurs en éco-TIC commandité par le Réseau canadien pour l’avancement de la recherche, de l’industrie et de l’enseignement (CANARIE).

La volonté d’adopter des technologies écologiques a poussé les départements universitaires du domaine des TI et des chercheurs d’un éventail de disciplines à agir. « C’est une occasion phénoménale pour le secteur canadien de la recherche », affirme Bill St. Arnaud, consultant d’Ottawa et ancien directeur de la recherche de CANARIE.

Lorsque le concept d’empreinte carbone de l’humain est né, peu de gens étaient conscients que ces gadgets qui nous font économiser de l’énergie en consomment eux aussi. L’idée a toutefois traversé l’esprit de Trevor Hall, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en technologie des réseaux photoniques de l’Université d’Ottawa. Ses soupçons se sont confirmés il y a trois ans, lors d’une séance du Congrès européen sur les communications optiques au sujet des répercussions des TI sur l’envi-ronnement. « Enfin, s’exclame-t-il, je connaissais les faits et les données qui me permettraient de démontrer qu’il fallait y prêter attention. »

En 2009, des possibilités de financement ont commencé à faire surface dans le secteur par l’intermédiaire de CANARIE et de la stratégie d’éco-TIC des Partenariats de recherche orientée en microélectronique, phototonique et télécommunications (PROMPT), un groupe québécois qui crée des liens entre chercheurs et entreprises. Des entreprises de
télécommunications comme Cisco Canada et Ericsson ont donc établi des partenariats avec des chercheurs universitaires.

Un des plus ambitieux projets de réseau d’éco-TIC au Canada – deux millions de dollars sur deux ans – vise à rendre Internet carboneutre. Ce projet financé par le GreenStar Network permettra d’alimenter une section du réseau à haute vitesse de CANARIE à l’énergie éolienne ou solaire; les nœuds de réseau puiseront leur énergie dans la source la plus abondante à tout moment.

Puisque les ordinateurs sont souvent en veille et que de nombreuses personnes n’utilisent qu’environ 10 pour cent de la puissance informatique de leur machine, des projets comme l’EcoGrid, à l’Université de Calgary, tentent d’accroître l’efficacité d’utilisation de cette puissance. Lorsque vous êtes connecté à EcoGrid au laboratoire informatique et que vous utilisez l’ordinateur pour un travail à forte concentration de données, le système se met à la recherche d’espace libre de traitement de données sur le réseau. Dave Schultz, du service de soutien informatique à la recherche du département des TI, a testé le programme l’an dernier et fait maintenant fonctionner EcoGrid sur tout le campus.

Des dizaines d’autres projets axés sur des aspects comme le plan d’affaires sur l’échange de droits d’émission de carbone dans le domaine des technologies en sont encore à leurs débuts. M. St. Arnaud explique que les progrès sont lents en raison d’un financement insuffisant et du manque de politiques gouvernementales qui stimuleraient le financement, convaincraient les entreprises et prépareraient le pays aux occasions d’échange de ces droits.

Les universités canadiennes ont pourtant leurs avantages. Le pays dispose de nombreuses sources d’énergie propre, dont l’hydroélectricité et les énergies solaire et éolienne, et son secteur de la recherche et des TI est soucieux de fournir des réponses créatives. Les concurrents californiens et britanniques sont redoutables, mais M. Cheriet de l’ÉTS y voit une saine compétition puisqu’il n’existe pas de solution unique. « Aucune discipline ne peut régler tous les problèmes, conclut-il. C’est beaucoup plus complexe que cela. »

Rédigé par
Diane Peters
Diane Peters est une rédactrice-réviseure basée à Toronto.
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