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Une terre pas si étrangère

La grande majorité des universités canadiennes cherchent à favoriser la réussite des étudiants étrangers. Selon les experts, le meilleur moyen d'y parvenir est de mettre à l'avant-poste du personnel bien formé.

par ROSANNA TAMBURRI | 09 OCT 07

De nos jours, presque toutes les universités intègrent à leur énoncé de mission ou à leur plan stratégique un engagement en matière d’internationalisation.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Wayne Myles, directeur du Centre international de l’Université Queen’s, se souvient d’une époque où les initiatives à ce chapitre se résumaient à envoyer à l’étranger une poignée d’aventuriers, qui partaient généralement de leur propre chef pour de courts séjours de travail dans le domaine du développement. « Ils avaient pleine liberté de mouvement, et s’ils attrapaient la malaria, tout ce qu’on leur répondait, c’est « navrés! » », raconte-t-il, ironique.

Au fil du temps, les universités ont compris les avantages de diversifier leur clientèle. En 2004-2005, les établissements canadiens ont accueilli le nombre record de 72 500 étudiants étrangers, soit 7,4 pour cent de leurs effectifs et presque deux fois plus que dix ans auparavant.

C’est très bien, ajoute M. Myles, mais quelles mesures les universités prennent-elles pour gérer l’afflux croissant d’étudiants? Offrent-elles des services adéquats aux nouveaux venus? Forment-elles leurs employés pour qu’ils puissent désamorcer les conflits culturels? Selon lui, les ressources et les moyens proposés sont trop souvent insuffisants.

Les universités consacrent assurément plus de ressources que jamais aux services offerts aux étudiants étrangers. Dans une enquête menée récemment par l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC), 92 pour cent des établissements participants affirment affecter du personnel de soutien aux étudiants étrangers. Près des deux tiers offrent ou conçoivent des programmes destinés à garantir la réussite de cette clientèle étudiante.

Pourtant, selon M. Myles, il reste du travail à faire, surtout par rapport à la formation du personnel qui intervient auprès de ces étudiants. C’est pourquoi, il y a cinq ans, il a lancé le programme de formation des éducateurs internationaux à l’Université Queen’s. Ce programme vise à fournir une formation de base au personnel responsable de l’éducation internationale, dont les conseillers, les gestionnaires et les coordonnateurs bénévoles qui travaillent auprès de la clientèle provenant de l’étranger ainsi que les conseillers de partout au Canada en matière d’études à l’étranger.

Chaque année au mois de juin, les participants se réunissent pendant cinq jours sur le campus verdoyant de Kingston, en Ontario, pour discuter des problèmes qui touchent leur profession et prendre part à des séances de formation. Cette année, ils étaient plus de 70.

Parmi eux, Mami Takahashi, coordonnatrice du programme international de la faculté d’administration de l’Université de Victoria. Comme beaucoup d’autres, elle vient y chercher des moyens d’inciter les étudiants étrangers à interagir avec leurs camarades canadiens. S’ils demeurent renfermés comme ils ont tendance à le faire, ils n’acquièrent pas les compétences en communication dont ils ont besoin pour réussir dans leurs études et se tailler une place sur le marché international du travail, explique-t-elle.

Une autre participante est venue chercher des moyens de promouvoir l’internationalisation et de convaincre les administrateurs de l’importance d’offrir des services de soutien. L’université « veut accueillir les étudiants et récolter les fonds qui vont de pair, mais personne n’est conscient des avantages de fournir des services », affirme la participante, qui ne souhaite pas être nommée.

L’enquête de l’AUCC révèle que, pour 60 pour cent des établissements participants, l’apport financier est l’un des trois principaux motifs de recrutement d’étudiants étrangers, tandis que pour 90 pour cent d’entre eux, favoriser l’internationalisation du campus compte parmi les trois principales raisons.

John Dixon, vice-principal associé à l’enseignement à l’Université Queen’s, affirme que l’apport financier est « tout au bas » de la liste des avantages de l’internationalisation pour l’établissement. La présence d’étudiants étrangers et les échanges contribuent à diversifier la population étudiante et permettent aux étudiants canadiens d’apprendre à connaître des cultures de pays différents, dit-il.

Depuis quelques années, nombre d’universités renforcent leur soutien à l’intention des étudiants étrangers et des étudiants canadiens qui vont à l’étranger. Selon M. Myles, la palme revient à l’Université Thompson Rivers de Kamloops, en Colombie-Britannique. Elle dispose d’une équipe de conseillers parlant espagnol, mandarin, coréen et japonais qui aide les nouveaux arrivants à tous les niveaux, qu’il s’agisse de trouver un logement ou d’ouvrir un compte bancaire. Mais surtout, comme le souligne M. Myles, l’établissement a commencé à offrir ces services avant d’augmenter considérablement ses effectifs d’étudiants étrangers.

Mais il rappelle que certaines universités ont plutôt tendance à chercher d’abord à augmenter leurs effectifs et se soucient ensuite des services offerts aux étudiants, sous-estimant l’ampleur de l’adaptation que cette expérience représente pour les étudiants étrangers. Mettre en place du personnel bien formé peut contribuer grandement à éviter certains problèmes ou à les régler efficacement lorsqu’ils surgissent.

Rédigé par
Rosanna Tamburri
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