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Voici un scientifique passionné d’art

Erick James crée des répliques métalliques géantes de minuscules microbes étranges.

par DAVID SMITH | 15 JAN 14

Le laboratoire Keeling est un instrument scientifique bien huilé. Si vous demandez à Patrick Keeling, professeur de botanique à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), pourquoi son labo est si efficace, il vous dira que c’est grâce à la gestion extraordinaire d’Erick James.

M. James, assis calmement au fond du laboratoire, compose avec le chaos administratif d’un important programme de recherche; reçus, factures et autres documents n’échappent pas à sa vigilance. Des piles de contenants Tupperware et de boites à cigares abritant la collection de termites du laboratoire jonchent aussi sa table de travail. À part ses tâches administratives, M. James effectue des expériences avec les microbes qui vivent dans les insectes.

Ces microbes sont d’incroyables créatures sorties tout droit d’un film d’horreur et leurs répliques métalliques géantes ornent les murs du laboratoire. Une des plus extraordinaires répliques est celle d’un unicellulaire carnivore appelé Didinium, qui ressemble à un coquillage garni de centaines de cheveux. Toutes ces œuvres d’art sont le travail de M. James qui les fait à la main dans son propre atelier.

En 2007, après avoir travaillé comme technicien dans divers laboratoires de la UBC, il a pris une année sabbatique pour étudier le travail des métaux à l’École d’art Kootenay du Collège Selkirk à Nelson, C.-B. Depuis, il combine amour de l’art et passion pour la biologie. « Après ma journée au laboratoire, j’ai le goût de rentrer chez moi et de recréer l’univers microbien au marteau, à la torche et à la soudeuse », explique-t-il.

Le récit continue sous le diaporama. Cliquez sur l’image pour commencer.

Photos des microbes                             Photo 1 de 6



Il a récemment fait l’objet d’un reportage dans la revue scientifique Journal of Eukaryotic Microbiology, à la fois comme artiste et comme scientifique. L’un de ses plus récents articles porte sur le Trichonympha, un microbe qui se loge dans l’intestin du termite, et dont une image détaillée fait la page couverture de la revue dans laquelle l’article paraît. L’image semble prise avec un puissant microscope, mais « il s’agit en réalité de la photo haute définition d’une sculpture de métal que j’ai réalisée », confie M. James.

Son art ne touche pas que la classe universitaire. Il y a quelques années, on lui a commandé une sculpture de métal pour un pont piéton à Burnaby, C.-B. C’est ainsi qu’est né Rasmus, un troll géant fait de barres, de pignons et de roues dentelées soudés ensemble. Placé sur un petit sentier sous le pont, Rasmus est vite devenu un repère, un point de rassemblement pour cyclistes, coureurs et randonneurs du quartier. Les enfants grimpaient sur son corps de métal noueux et les parents cachaient les œufs de Pâques dans sa bouche béante. Un soir, en 2010, Rasmus a disparu. Volé probablement. Dans le quartier, on ne s’en est pas remis.

À l’instar de Rasmus, M. James est reconnu comme un artiste au sein de sa collectivité, chez lui comme sur le campus, mais il ne prévoit pas quitter son travail au laboratoire de sitôt. Son milieu de travail à l’université lui procure la stabilité et l’engagement intellectuel dont il a besoin pour nourrir son art. « Le milieu des arts peut parfois être chaotique et très critique, dit-il. Le fait d’être entouré de scientifiques me permet de trouver un équilibre et de me familiariser avec les débats et la critique franche. »

Il y a quelque temps, M. James a fait partie des finalistes pour un important contrat artistique dans le cadre d’un projet de construction à Burnaby. Les finalistes devaient préparer un exposé de 30 minutes pour présenter leur œuvre, dans le cas de M. James, une série d’oiseaux en origami faits de feuilles de métal. Après des semaines de préparation, il a présenté son exposé devant le personnel du laboratoire et a eu droit aux commentaires et aux suggestions de tout un chacun sur la manière d’améliorer le contenu et la présentation. Il a révisé son exposé, l’a présenté une semaine plus tard devant le comité de sélection, et a obtenu le contrat. Pendant les jours qui ont précédé, tout le personnel du labo était sur le qui-vive en attendant les résultats. Quand la réponse est enfin arrivée, on pouvait entendre les cris de joie sur l’étage au complet.

David Smith est professeur adjoint au département de biologie de l’Université Western et a été chercheur postdoctoral au laboratoire Keeling.

Rédigé par
David Smith
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