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Conseils carrière

Au-delà de la recherche

Voyez où votre doctorat en sciences peut vous conduire

par MARLENE DELANGHE | 07 JAN 08

Vous avez terminé vos études doctorales et vous vous apprêtez maintenant à entreprendre une brillante carrière. Pour certains, cette étape peut sembler plus éprouvante que les études elles-mêmes – on peut très bien osciller entre l’euphorie et la panique. L’obtention du diplôme est loin d’être une mince affaire, mais les décisions que vous devez maintenant prendre au sujet de votre avenir s’annoncent tout aussi difficiles. Et il ne faut pas se leurrer : le marché fourmille de diplômés bourrés de talent, mais les postes universitaires se font rares. Voici comment procéder pour trouver votre place sur l’échiquier.

Quelles possibilités de carrière s’offrent exactement aux diplômés au troisième cycle d’aujourd’hui? Dans son article intitulé Not Your Father’s Postdoc (en anglais seulement), Beryl Lieff Benderly décrit certaines réalités propres au milieu universitaire, dont la hausse de l’âge moyen auquel les chercheurs accèdent à un poste de professeur indépendant. Pour ce qui est de la situation au Canada, les membres d’un club de chercheurs postdoctoraux en sciences médicales à la University of British Columbia faisaient récemment remarquer à titre officieux que 20 pour cent seulement des étudiants au doctorat et au postdoctorat dans leurs domaines respectifs deviendront professeurs titulaires. Ne nous voilons pas la face : cela signifie que les étudiants aux cycles supérieurs et au postdoctorat doivent élargir leurs horizons lorsqu’ils envisagent leur avenir; autrement dit, comme l’explique Ida Chow, cadre dirigeante à la Society of Developmental Biology citée dans l’article de M. Benderly, tout postdoctorant doit réfléchir avant tout à ce qu’il veut faire plus tard. Alors, quelle est votre réponse à cette question?

Prenez le temps de vous demander : « Qu’est-ce que je veux vraiment? »

Par le passé, c’était là une question rhétorique – les jeunes diplômés suivaient un parcours tracé d’avance qui menait des études doctorales à un poste de professeur, en passant par le postdoctorat. Même aujourd’hui, les étudiants aux cycles supérieurs sont tellement occupés par leurs travaux qu’ils en oublient de se fixer des objectifs de carrière précis et, dans certains cas, finissent par ne jamais faire de véritables choix à cet égard. Peut-être avez-vous enchaîné les diplômes sans vous demander ce qui vous attirait réellement, dans le giron de l’université ou ailleurs. Le milieu universitaire encourage et privilégie la poursuite d’une carrière en son sein; certains jugent même  » de mauvais goût  » de discuter des possibilités professionnelles dans un autre cadre que l’université, ou même de les prendre en considération.

Arrêtez-vous un instant pour vous demander :

  • Quelle est ma spécialité?
  • En quoi est-ce que je me démarque?
  • Quel type de personne suis-je?
  • Quel cadre me permettrait d’exploiter mes talents? L’université, l’industrie, une ONG, le milieu des services-conseils, le secteur public?
  • Si l’industrie me paraît intéressante, dans quel secteur aurais-je ma place?
  • Quels sont mes talents et mes compétences les plus remarquables?
  • Quel est le style de vie que je recherche?
  • à quel point l’argent compte-t-il pour moi?

Le fait de répondre à ces questions vous oblige à vous analyser et à définir vos priorités. Pour trouver un travail enrichissant, vous devez donner une réponse honnête à des questions en apparence simples, mais qui exigent en réalité une réflexion approfondie.

Commencez à explorer le monde du travail et les possibilités qu’il offre

Peu importe vers quel domaine vous vous orienterez, il peut s’avérer utile d’examiner d’autres voies que celles auxquelles vous vous croyez « promis ». J’ai travaillé avec des centaines d’étudiants aux cycles supérieurs, et avec un plus grand nombre encore de professionnels, ce qui m’a permis de constater que les humains ont une curiosité pour le monde qui les entoure au-delà de leur champ d’activité spécifique – ne serait ce que momentanément. Laissez-vous porter par cette curiosité. Bien des étudiants aux cycles supérieurs savent tout du milieu universitaire, mais presque rien des possibilités de carrière qui s’offrent dans les autres secteurs.

Comment les dénicher, donc, ces possibilités? Après une phase d’exploration, commencez à établir des contacts professionnels dans divers secteurs. Nombreux sont les titulaires de doctorat qui possèdent des compétences inouïes en recherche et qui consacrent une énergie prodigieuse à l’obtention de résultats; le secteur public, l’industrie et le secteur des organismes à but non lucratif emploient des chercheurs de tous les domaines. Les postes de recherche dans ces secteurs ressemblent, à certains égards, aux postes offerts dans le milieu universitaire, mais il importe de préciser ce qui les distingue. Dans le domaine biomédical, par exemple, les chercheurs remplissent des fonctions semblables à celles qu’assument les chercheurs universitaires, mais les similitudes et les différences varient en fonction de l’âge et de la taille de l’organisation, de même qu’en fonction du degré de financement fourni par l’organisation.

Des rôles moins classiques existent également. On engage des spécialistes pour répondre à divers besoins propres à l’entreprise : analystes des politiques, rédacteurs, porte-parole, agents de brevets, experts-conseils – tous des postes nécessitant des connaissances spécialisées.

Diverses compétences extra-universitaires sont requises pour remplir un poste en dehors du milieu universitaire. Certaines entreprises cherchent chez les candidats le sens du leadership; d’autres, la capacité de réviser des documents complexes; d’autres encore, la maîtrise de l’art de s’exprimer en public. Réfléchissez à la façon dont vous pourriez acquérir ces compétences – et vous verrez que les occasions ne manquent pas – avant de vous lancer dans la recherche d’un emploi. Pour qui les possède, ces compétences demeureront toujours un précieux atout au moment d’une entrevue.

Pour montrer le sérieux de votre démarche, il est également essentiel de bien comprendre la raison d’être de l’organisation pour laquelle vous souhaitez travailler. Renseignez-vous sur l’histoire, le mandat, les réussites et les objectifs de l’entreprise en question. Si le terme « profit » suffit à vous faire blêmir, vous seriez probablement davantage dans votre élément au sein d’une organisation à but non lucratif ou d’un organisme gouvernemental. Si la haute finance vous fascine, visez le secteur privé. N’oubliez pas non plus que la taille importe : si vous êtes séduit par l’idée de compter vos collègues par centaines, choisissez de grandes entreprises; si vous préférez une équipe de moins de dix personnes, privilégiez les petites entreprises.

Dans certains domaines, la frontière entre le milieu universitaire et l’industrie commence à devenir floue. On a vu des titulaires de doctorat naviguer librement entre l’université et l’industrie, surtout en génie, en sciences infirmières, en commerce, en économie et en mathématiques. Des passerelles s’établissent depuis peu entre les deux milieux. à la Simon Fraser University, un groupe de brillants mathématiciens, autobaptisé Mathematics of Information Technology and Complex Systems (mathématiques des technologies de l’information et des systèmes complexes), s’est formé. L’industrie fait appel aux connaissances spécialisées des membres de ce groupe dans les domaines de pointe.

Il est normal pour un diplômé aux cycles supérieurs, partagé entre la conception traditionnelle d’une carrière universitaire et les promesses du marché du travail, de se sentir déboussolé. La gestion de carrière nécessite conseils et encadrement, mais le choix de l’orientation professionnelle doit venir de soi. Votre principale mission est de trouver l’environnement le plus propice à votre épanouissement. Si vous prenez l’initiative et adoptez une démarche stratégique, votre carrière au sein de l’économie du savoir – dans le milieu universitaire ou ailleurs – pourra prendre des formes jusque-là insoupçonnées.

Marlene Delanghe est conseillère d’orientation auprès des étudiants aux cycles supérieurs à la University of British Columbia.

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