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Conseils carrière

Bloguer ou ne pas bloguer?

Bienvenue dans la blogosphère universitaire.

par MELONIE FULLICK | 11 OCT 11

Le blogage, cette pratique consistant à publier sur un site Web personnel des messages ou de courts articles sous forme de nouvelles ou de commentaires, gagne en popularité dans le milieu universitaire. Étudiants, professeurs, bibliothécaires et autres membres du personnel universitaire peuplent depuis toujours la « blogosphère », mais ils sont de plus en plus nombreux à relier leur blogue à leurs activités professionnelles et à associer présence en ligne et avancement de carrière.

Par définition, les blogues universitaires portent généralement sur des sujets plus professionnels que personnels et font ressortir un lien explicite entre leur contenu, les projets de recherche et la vie universitaire. Tenus par des personnes ou par des organisations, ils couvrent un large éventail de domaines d’études.

Tous ne voient cependant pas cette pratique d’un bon œil au sein du milieu universitaire, et des échanges tenus récemment en ligne – entre autres sur les sites Web de The Guardian UK et de la London School of Economics – témoignent de la position controversée du blogage dans le cadre du nouveau débat s’articulant autour du libre accès à la recherche, de l’activité savante publique et des connaissances spécialisées.

Les articles évalués par les pairs demeurent la référence en matière de professionnalisation dans le milieu universitaire, et certains étudiants aux cycles supérieurs et jeunes universitaires jugent que la tenue d’un blogue constitue une perte de temps puisque ce temps précieux pourrait être consacré à des publications « légitimes ». Comme ils sont une forme d’autopublication qui n’est pas évaluée par les pairs, les articles de blogue ne sont généralement pas perçus comme une activité savante valable. Comme l’explique Chris Parsons, étudiant au doctorat en science politique à l’Université de Victoria et auteur du blogue Technology, Thoughts, and Trinkets, « j’ai vu mes travaux rejetés parce qu’ils sont publiés en ligne [et] essuyé des critiques disant qu’ils ne sont pas assez bons pour être publiés ailleurs ». Le blogage est même parfois perçu comme un mode trop libre de diffusion des idées. Dans un domaine d’études où règne la concurrence, des idées de projets de recherche pourraient être « piquées » dans un blogue, tandis que des revues bien établies pourraient refuser de publier des travaux déjà accessibles sur Internet.

Pourtant, les avantages du blogage surpassent les inconvénients pour un nombre croissant d’universitaires. Les blogueurs – y compris moi-même – constatent des retombées positives, comme le réseautage et la collaboration, l’accès à de nouveaux lecteurs et à de nouvelles occasions, la diffusion à grande échelle des résultats de recherche et l’établissement d’une réputation. Loin de diluer la réussite des universitaires, les blogues seraient un excellent outil pour s’exercer à l’activité savante.

Selon David Phipps, directeur du bureau des services de recherche à l’Université York et coauteur du blogue ResearchImpact, « le blogue ne remplace pas l’activité savante traditionnelle. Il a plutôt pour effet d’amplifier la portée, et donc l’effet, des messages découlant de nos travaux de recherche. » Les universitaires peuvent tenir un blogue parallèlement à leurs activités de recherche officielles afin d’établir des réseaux de collaboration et de diffuser les résultats de leurs travaux à différents groupes d’intérêt.

Par exemple, Marie Claire Shanahan, professeure à l’Université de l’Alberta, utilise son blogue Boundary Vision « principalement pour atteindre divers auditoires. Je travaille en sciences de l’éducation, et de nombreuses personnes – des scientifiques, des rédacteurs scientifiques, du personnel de musée et des parents – s’intéressent à ce domaine, en particulier dans les écoles. » La nature publique et axée sur la collaboration des blogues permet à leurs auteurs de tisser des liens avec des étudiants, des pairs et d’autres personnes et d’établir des partenariats interdisciplinaires.

Autre avantage du blogage, l’exposition à différents auditoires permet d’élargir la réputation des universitaires et de leur ouvrir de nouvelles avenues professionnelles. Le blogage peut mener à des contrats, à du travail de consultant, à des exposés publics, à des entrevues ainsi qu’à des invitations à écrire dans des publications universitaires. « Ce type d’exposition est important pour les étudiants aux cycles supérieurs, puisque la plupart d’entre eux n’ont pas suffisamment de publications à leur actif », souligne M. Parsons.

La plupart des départements ne reconnaissent pas encore officiellement le blogage, mais la situation peut être appelée à changer. Alfred Hermida, professeur nouvellement titularisé à l’école de journalisme de l’Université de la Colombie-Britannique, a reçu le prix du Meilleur blogue de 2010 pour son blogue Reportr.net lors du concours des Canadian Online Publishing Awards. Vu la réussite du blogue et le lien étroit qui existe entre ses travaux de recherche, ses cours et ses travaux en ligne, M. Hermida a inclus du contenu issu de médias sociaux (comme des statistiques de son blogue et de Twitter) dans son dossier de titularisation.

Le blogage gagnera sans doute ses lettres de noblesse lorsque les administrateurs universitaires et les universitaires réputés prendront au sérieux l’importance de montrer à divers publics en quoi consiste le travail des universitaires. Cette transparence aidera à contrer certaines idées reçues qui circulent dans les médias et à montrer que le savoir est un bien public qui ne devrait pas être confiné à l’université.

Melonie Fullick est étudiante au doctorat à l’Université York. Ses travaux portent sur la politique d’éducation postsecondaire au Canada et ses effets sur le cadre institutionnel des universités. Vous pouvez lire son blogue au Speculative Diction.

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