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Conseils carrière

Cinq stratégies pour lancer votre enseignement dans le cyberespace

Un coordonnateur des technologies d'apprentissage nous explique comment stimuler la concentration des étudiants et les inciter à participer en contexte de cyberapprentissage

par BOBBI KERLIN | 05 NOV 07

Au fil des millénaires, nos civilisations ont mis au point des outils de plus en plus sophistiqués pour faciliter les communications humaines et accroître nos connaissances et notre sagesse. Ces inventions ont considérablement influé sur nos façons de travailler, de penser et de nous divertir, et les nouvelles technologies électroniques utilisées pour explorer nos espaces physiques, sociaux et intellectuels ne font pas exception. Le célèbre philosophe canadien Marshall McLuhan estimait que la forme adoptée par les technologies a un effet encore plus marqué que le contenu même du message.

Pour nos étudiants, la technologie est omniprésente : selon George Siemens, de la University of Manitoba, la génération du Net « maîtrise la technologie numérique, est constamment branchée, engagée socialement et motivée par les méthodes visuelles ».

Comment instaurer un cadre d’apprentissage stimulant et susceptible de transmettre les compétences intellectuelles essentielles dont auront besoin nos étudiants, qui devront évoluer dans un monde que nous pouvons à peine imaginer? Les questions sont nombreuses, et les possibilités, infinies. Voici cinq stratégies qui pourront vous aider à aborder le cyberenseignement.

1. Prenez le virage technologique

La plupart des universités canadiennes offrent des systèmes de gestion de l’apprentissage pouvant être utilisés en classe ou permettant d’offrir des cours complets en ligne.

La plupart des enseignants utilisent d’abord ces systèmes pour simplifier les tâches administratives liées à l’enseignement. Ce n’est qu’en acquérant de l’expérience qu’ils font de nouvelles trouvailles et se montrent créatifs dans l’utilisation de ces technologies afin d’accroître la qualité de l’apprentissage des étudiants (Morgan, 2003). Pour éviter de se trouver submergé par la technologie, mieux vaut commencer par un objectif modeste :

  • Choisissez une fonction administrative pour laquelle le concours de la technologie se révèlerait profitable. Il peut s’agir d’afficher sur Internet de l’information concernant vos cours, par exemple un plan de cours, le calendrier des séances ou les documents à lire. Vous pourriez également apprendre à saisir les notes des étudiants à l’ordinateur et à les distribuer électroniquement.
  • Cernez un objectif d’enseignement que vous aimeriez atteindre grâce à la technologie et concevez une activité appropriée, par exemple une étude de cas, un débat en ligne, une revue, un exposé ou un projet. Consultez ensuite le spécialiste des technologies d’apprentissage de votre établissement; il vous aidera à déterminer l’outil approprié à votre stratégie d’enseignement.

2. Soyez ouvert au changement de paradigme

Passer de la classe au Web requiert une adaptation considérable sur le plan de la pensée et de la pratique; si considérable qu’elle est parfois perçue comme un changement de paradigme. Contrairement à la classe réelle, la classe virtuelle est très interactive : le multitâche est courant, les communications fusent de toutes parts, et souvent plusieurs conversations se déroulent simultanément. Certains enseignants vivent ce changement comme un transfert du pouvoir ou une perte de contrôle, mais la salle de classe virtuelle vise en fait à favoriser un mode d’apprentissage plus interactif et plus centré sur l’étudiant.

Dans cet environnement virtuel, vous aurez plusieurs rôles à jouer : guider les étudiants sur le plan intellectuel, respecter les exigences du cours pour ce qui est de l’administration, des procédures et de l’organisation, fournir de l’orientation et du soutien ainsi qu’assurer la cohésion du groupe, ce qui sera peut-être votre rôle le plus important. En centrant les travaux et les activités sur les étudiants, vous créerez des conditions qui encourageront ces derniers à prendre davantage en charge leur apprentissage.

La constante : dans la classe virtuelle, vous demeurez l’enseignant, et c’est vers cette figure d’autorité que les étudiants se tourneront pour obtenir des conseils.

3. Susciter la participation de vos étudiants grâce à des activités d’apprentissage dynamiques

La classe virtuelle est un espace collectif qui permet aux étudiants de vivre de réelles expériences d’apprentissage collaboratif. Les résultats des études sont sans équivoque : c’est lorsque les étudiants rédigent, discutent et participent activement à résoudre des problèmes qu’ils apprennent le mieux.

Voici trois points à prendre en considération dans la conception des travaux et des activités d’apprentissage en ligne pour votre cours :

  • établissez un climat d’interdépendance positive en élaborant des travaux de groupes dans lesquels chaque étudiant est responsable d’activités d’apprentissage individuelles et qui feront l’objet d’évaluations individuelles et collectives. En d’autres termes, faites en sorte que vos étudiants se sentent tous concernés.
  • Faites-les participer à la conception des travaux en leur fournissant un cadre dans lequel ils doivent préciser les objectifs, les méthodes, les tâches individuelles, les échéances et les résultats attendus de leur projet. Pour veiller à ce que les travaux correspondent à vos objectifs d’enseignement, demandez leur de vous soumettre leurs propositions dans le cadre de leur projet. Vous pourrez ainsi les conseiller et les guider avant qu’ils ne commencent.
  • Certaines études tendent à montrer que les étudiants s’efforcent d’adapter leurs textes s’ils doivent les présenter à un vrai public. Pour qu’ils s’investissent activement dans leur apprentissage, il est important de cerner un public cible approprié pour chaque présentation. Pour élargir le public cible, demandez-leur de faire bénéficier leurs collègues du fruit de leur travail, et invitez ces derniers à formuler des commentaires.

4. Intégrez du contenu créé par vos étudiants

Alvin Toffler a affirmé que : « Les illettrés du XXIe siècle ne seront pas ceux qui ne sauront ni lire ni écrire, mais ceux qui ne sauront pas apprendre, désapprendre et réapprendre ». Au départ, l’utilisation d’Internet se résumait à naviguer et à consulter des pages d’accueil et à utiliser le langage HTML. Au XXIe siècle, le Web est une affaire de bouche à oreille, de paternité du matériel en ligne, de participation, d’étiquetage et de création de contenu par l’utilisateur. « L’attention est tournée vers le public, qui ne se contente plus simplement de recevoir. » (Horizon Report, 2007). Pour les baby-boomers, une étiquette est une chose concrète qui sert par exemple à identifier un objet, mais les plus jeunes savent que ce terme désigne aussi un élément virtuel qu’ils peuvent associer à un contenu à diffuser auprès d’une communauté en ligne comme Flickr ou YouTube. Grâce aux technologies du Web 2.0, chacun peut être auteur ou cinéaste. Les apprenants du nouveau millénaire préfèrent collaborer et créer du contenu que simplement réagir au matériel fourni par l’enseignant.

Les études consacrées aux techniques pédagogiques efficaces sont également favorables à la création de contenu par les étudiants : l’apprentissage dynamique compte parmi les sept principes de bonnes pratiques en enseignement au premier cycle selon Chickering et Gamson (1987). Selon la Commission Boyer (1998), l’apprentissage par la recherche devrait devenir la norme. Le National Survey of Student Engagement révèle que l’apprentissage dynamique et collaboratif compte parmi les cinq indicateurs de l’efficacité d’une pratique pédagogique. Enfin, le Horizon Report (2007) précise que la création de contenu par l’utilisateur est l’un des six éléments qui « exerceront une influence considérable sur les campus des collèges et des universités au cours des prochaines cinq années ».

La création de contenu sous toutes ses formes par les étudiants (études de cas, apprentissage dynamique, travail sur le terrain, apprentissage par les pairs, apprentissage par le service, recherches, apprentissage par résolution de problèmes) est une démarche intellectuelle sérieuse qui commence par l’observation et le fait de poser les bonnes questions. Elle permet aux étudiants de participer activement à l’édification de leur savoir.

5. Proposez des évaluations qui suscitent la réflexion

Qui dit évaluation dit généralement indicateurs de réussite : les étudiants passent un examen et se voient attribuer une note. Il est bon de varier les types d’évaluation.

  • Formulez des commentaires. Voilà un exemple d’évaluation formative particulièrement pertinente en contexte d’apprentissage interactif où les étudiants communiquent et collaborent. Cela peut produire de meilleurs résultats qu’une simple note. L’enseignant, mais aussi les pairs et les collègues peuvent soumettre des observations, parfois par suite d’une activité de réflexion. Les commentaires peuvent même être formulés dans le cadre d’une discussion.
  • Nourrissez les échanges en posant des questions stimulantes. Ce faisant, vous incitez vos étudiants à approfondir leur réflexion et à demeurer concentrés. émettez des hypothèses et demandez aux étudiants des exemples ou des preuves étayant leurs arguments. Une question peut aussi amener les étudiants à résumer un propos. Sur le site de Tomorrow’s Professor Mailing List, vous trouverez de précieuses ressources sur la formulation de bonnes questions.
  • Rehaussez la qualité des échanges en ligne par des rubriques. De nombreux systèmes de gestion de l’apprentissage proposent des outils pour attribuer des notes, mais des études récentes révèlent que cette pratique n’est pas efficace. Créez plutôt des rubriques auxquelles sont associés des critères adaptés à votre discipline. Si votre classe compte peu d’étudiants, définissez-les avec eux. Si vous avez beaucoup d’étudiants, ces derniers peuvent s’autoévaluer en fonction de ces critères en vue de l’attribution d’une note basée sur la participation.

Le mot de la fin

à l’examen du progrès réalisé en classe par deux groupes, l’un d’entre eux communiquant par conférence informatique, Roxanne Hiltz, sociologue, concluait : « J’ai deux mauvaises nouvelles en ce qui concerne le cours de rédaction anglaise donné par conférence informatique. D’abord, les compétences des participants du groupe pilote ne se sont pas améliorées au cours du semestre. Ensuite, aucun progrès n’a non plus été observé au sein du groupe témoin, qui a reçu un enseignement traditionnel. »

Depuis, nous avons constaté qu’au départ, nous ne nous posions pas la bonne question. Il ne s’agit pas de savoir si telle ou telle technologie aide les étudiants à apprendre ni s’ils apprennent mieux en classe ou en ligne. Ce qui importe ce sont les stratégies pédagogiques utilisées dans l’application de la technologie.

Bobbi Kerlin is a learning technology coordinator at Queen’s University.

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