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Conseils carrière

Comme ça, vous voulez enseigner les sciences à l’université?

Voici la liste des questions incontournables qui vous permettront de savoir si une carrière scientifique à l'université vous conviendrait

par NICOLE ARBOUR | 10 MAR 08

Le choix le plus difficile que vous aurez à faire après l’obtention de votre diplôme supérieur en sciences sera probablement le suivant : rester à l’université ou choisir une carrière professionnelle en recherche dans des domaines qui vous éloignent de la tour d’ivoire. La réponse dépend peut-être de votre personnalité. Déjà, il n’y a pas grand risque à vous supposer une curiosité insatiable; autrement, vous n’en seriez pas là. Mais, honnêtement, possédez-vous les autres qualités incontournables pour mener à bien une carrière universitaire gratifiante? Jouissez-vous de l’énergie exceptionnelle, de la personnalité extravertie et des compétences de meneur qui vous permettront de servir de guide aux étudiants qui se tourneront vers vous pour les diriger? Si vous avez répondu « oui », poursuivez votre lecture; vous êtes peut-être destiné à une carrière scientifique à l’université.

Une journée dans la vie d’un scientifique universitaire

Une carrière à l’université se compose de trois éléments : la recherche, l’enseignement et l’administration. La direction d’un laboratoire de recherche comprend la gestion de personnel, la formation et l’encadrement d’étudiants, ainsi que la rédaction et l’analyse de demandes de subventions de recherche. Votre tâche d’enseignement peut comprendre des cours au premier cycle aussi bien qu’aux cycles supérieurs. Vous devez aussi vous attendre à consacrer beaucoup de votre temps à la formation et à la direction d’autres étudiants que ceux que vous supervisez directement, à cause des réunions de comités, des examens préliminaires et des soutenances de thèse. Ajoutez à cela les déplacements et les présentations à l’occasion de colloques internationaux, de même que la publication de vos articles et l’évaluation de ceux de vos pairs destinés à des revues spécialisées avec comité de lecture. Et n’oubliez pas, vous devez vous tenir au courant des derniers travaux publiés dans votre domaine!

La passion du scientifique

La carrière de chercheur, d’enseignant et d’administrateur vous emballe, d’accord. Mais quels sont les traits de personnalité nécessaires à la tâche? « Les sciences doivent vous passionner », déclare Vasek Mezl, universitaire en fin de carrière, professeur et ancien directeur des études de deuxième et troisième cycles du département de biochimie de l’Université d’Ottawa. « Vous y pensez constamment, vos travaux vous obsèdent, vous avez un million de choses à écrire sur le sujet », précise-t-il, ajoutant que sa semaine de travail compte « sans aucun doute » plus de 40 heures.

Vous devez être quelqu’un de très entreprenant, qui prend des initiatives. « C’est très semblable au travail autonome : les résultats sont à la mesure des efforts consentis », explique Jackie Vanderliut, qui a réalisé ses travaux postdoctoraux à l’Université d’Ottawa et a été embauchée récemment par la Memorial University. En d’autres mots, ne vous attendez pas à fermer la porte de votre bureau à 17 h et à ne plus penser à votre travail : il vous suivra à la maison, et l’inquiétude au sujet de la prochaine subvention rôdera toujours. Vous jouirez en revanche de la liberté professionnelle et intellectuelle des professeurs, en plus du sentiment gratifiant d’être votre propre patron.

La tour d’ivoire peut par ailleurs se révéler un endroit où la concurrence est féroce : « Il faut être un dur, être prêt à encaisser des coups puis à retourner dans l’arène », indique Steffany Bennett, professeure de biochimie, également à l’Université d’Ottawa. Patience, empathie et indépendance d’esprit sont selon elle les caractéristiques essentielles du futur professeur. Il ne s’agit cependant pas seulement de se battre pour ses idées : « Vous devez avoir la conviction qu’une personne à elle seule peut changer le monde, même si tout tend à prouver le contraire », conclut-elle. Ambition, résistance, idéalisme : vous avez tout? D’accord. Continuez à lire.

La monnaie de votre pièce

D’après l’étude de Statistique Canada, Traitements et échelles de traitement du personnel enseignant à temps plein dans les universités canadiennes, 2006-2007 : rapport préliminaire, le plus bas salaire à l’embauche pour un professeur adjoint est de 42 234 $, à l’Université Sainte-Anne, alors que le salaire à l’embauche le plus élevé parmi ceux mentionnés dans cette étude est de 103 000 $, à la Ryerson University (mais ne comptez pas là-dessus à la faculté des sciences). L’immense majorité des établissements au pays offrent aux nouveaux professeurs adjoints un salaire de 50 000 $ à 70 000 $. Les professeurs agrégés gagnent entre 60 000 $ et 90 000 $, tandis que la titularisation s’accompagne dans la plupart des universités d’un salaire qui varie de 80 000 $ à 120 000 $.

Si vous êtes attiré par une carrière universitaire à l’étranger, consultez le rapport intitulé The Status of Higher Education Teaching Personnel in Australia, Canada, New Zealand, the United Kingdom, and the United States, préparé pour l’Internationale de l’Éducation par David Robinson, directeur général associé de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université. Ce document, paru en 2006, analyse en détail les salaires, les conditions de travail et les droits des enseignants universitaires dans ces pays. Puisque vous vous mettrez bientôt en quête d’un poste, sachez que vos qualifications vous permettent de postuler aux États-Unis et ailleurs à l’étranger.

Gravir les échelons

En dehors des étapes classiques qui mènent du statut de professeur adjoint à celui de professeur agrégé, puis à la titularisation, il existe des possibilités de digressions fort stimulantes pour les scientifiques ambitieux. Vous pourriez par exemple devenir rédacteur en chef d’une revue prestigieuse, comme Nature, Science ou Cell, souligne MmeVanderliut. Vous pourriez vous associer à des organismes à but non lucratif comme l’Association canadienne des neurosciences, le Réseau canadien contre les accidents vasculaires cérébraux ou le Réseau de cellules souches, ou siéger à leur conseil d’administration. Vous pourriez même devenir directeur d’un institut de recherche. Le parcours administratif vous offre également des possibilités : de la direction de département à divers postes de vice-doyen, vous pourriez arriver au poste de recteur d’une université! Mais plus encore, comme l’explique Mme Bennett, vous devez travailler sans relâche pour asseoir votre réputation, localement et internationalement, afin d’obtenir des subventions, de publier des articles et d’attirer auprès de vous les étudiants les plus brillants.

Vous me suivez toujours? Parfait. Il ne vous reste plus qu’à obtenir le poste. Pour savoir comment, poursuivez votre lecture.

Mettre un pied dans la porte

Trouver une place à l’université est un douloureux processus de conquête de soi. Sortez votre endurance, vous en aurez besoin. Vous voudrez peut-être demander à votre superviseur, à votre mentor ou à un professeur dont vous respectez l’opinion s’ils croient que vous avez le talent et la personnalité nécessaires à l’emploi. Ne le prenez pas mal, mais… êtes-vous « assez bon » pour vaincre la concurrence? Si vous avez le cran de poser cette question, laissez votre interlocuteur y répondre franchement. D’un autre côté, ne craignez pas d’ignorer son conseil si vous êtes convaincu du contraire. Il suffit parfois de se faire dire qu’on ne réussira pas pour trouver la motivation qui nous poussera vers la réussite.

Après votre première (et peut-être votre deuxième) crise existentielle, vous devrez commencer à gonfler votre CV. Avant même de commencer à répondre à des offres d’emploi, vous devez avoir à votre actif un ou deux travaux postdoctoraux, selon votre dossier de publications ou le fait que vous ayez bifurqué vers un autre domaine depuis vos recherches doctorales. Ensuite seulement vous pourrez commencer à répondre aux offres d’emploi, que vous trouverez en grand nombre dans Science et dans Nature, ou pour des emplois dans les établissements canadiens, sur le site des offres d’emploi en ligne d’Affaires universitaires.

Voici quelques trucs pour mousser votre candidature et vous assurer, avec un peu de chance, que votre CV se retrouve en haut de la pile – le meilleur moyen de décrocher une entrevue.

  • Pendant votre doctorat et votre postdoctorat, participez à un grand nombre de colloques et faites-vous des contacts.
  • Collaborez aux travaux de votre superviseur, afin de créer votre propre réseau et que votre nom apparaisse dans la liste des auteurs.
  • Pour votre thèse, visez trois articles dont vous serez le premier auteur. Vous serez ainsi très en vue sur le marché.

Si vous êtes rendu ici dans votre lecture, vous avez sans doute ce qu’il faut pour enseigner les sciences à l’université. Félicitations, et bonne chance dans votre recherche d’emploi!

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