Être stressé n’équivaut pas à avoir un horaire chargé ou à travailler d’arrache-pied. C’est plutôt l’absence de contrôle qui constitue le premier facteur de stress lié au travail. Avoir beaucoup de travail peut bien sûr être un facteur de stress, mais si on est convaincu d’avoir le temps et les capacités pour effectuer toutes ses tâches, on ne ressent que peu de stress.
Le haut degré d’autonomie dont jouissent les professeurs permanents devrait donc rendre leur travail moins stressant que d’autres types d’emploi. Par contre, puisque la précarité d’emploi est une source de stress considérable, le niveau de stress risque d’être important chez les chargés de cours, qui ont beaucoup moins de marge de manœuvre que les professeurs permanents.
Les symptômes de stress peuvent être cognitifs (difficultés de concentration, trous de mémoire), affectifs (agitation, humeur maussade), physiques (problèmes digestifs, rhumes fréquents) ou comportementaux (sommeil prolongé ou écourté, modification des habitudes alimentaires). Le stress se manifeste également par la tendance à ne voir que le mauvais côté des choses, une inquiétude constante, un manque de jugement et un sentiment d’isolement.
La gestion du stress chez les universitaires fluctue grandement selon leur statut, qu’ils soient professeurs permanents, en voie d’obtenir la permanence, chargés de cours, étudiants aux cycles supérieurs ou encore postdoctorants.
Peu importe votre situation, les principes de la gestion du stress sont universels. Les premières lignes de la prière de la sérénité de Reinhold Niebuhr les résument bien : accepter les choses qu’on ne peut changer, avoir le courage de changer ce qu’on peut, et savoir distinguer les deux.
Cerner ce qu’on peut contrôler
Les choses qu’on peut contrôler comprennent toutes les décisions qu’on peut prendre et les gestes qu’on peut faire de manière autonome ainsi que tout ce qu’on peut demander à quelqu’un d’autre de changer, notamment par des processus officiels au sein de son établissement.
Il importe de vous constituer un réseau de soutien formé de collègues, d’amis et de mentors, à l’intérieur comme à l’extérieur de votre département ou de votre établissement. Ces personnes pourront vous aider à mettre les choses en perspective et vous guider dans un univers souvent complexe. Certaines unités administratives de votre université de même que votre association ou votre syndicat peuvent également vous offrir des renseignements et du soutien. En connaissant les règles qui régissent votre travail, vous serez mieux en mesure de changer ce que vous pouvez changer.
Quiconque accentue votre niveau de stress et votre sentiment d’impuissance ne vous aide en rien. Évitez les pessimistes et méfiez-vous de ceux qui propagent des rumeurs et cherchent à vous intimider. Essayez d’évaluer l’information qu’on vous donne, tout comme vous le faites dans le cadre de vos recherches et de votre enseignement :
- Comment la personne sait-elle ce qu’elle affirme savoir?
- Si elle se réclame de son expérience, peut-elle donner des exemples précis de ce qu’elle avance?
- A-t-elle déjà été en position de prendre les décisions dont elle vous parle (embauche, permanence, promotions)?
- Son point de vue est-il le seul possible?
Dresser une liste
En dressant une liste de tout ce que vous devez accomplir, vous pourrez mieux établir vos priorités. Vous pourrez prendre des décisions en fonction du contexte – par exemple, en évaluant le temps et les ressources à déployer pour améliorer le cours que vous allez donner, au lieu de vous consacrer à régler un autre point de la liste. Une longue liste peut sembler en elle-même une source de stress, mais en fait, ne pas dresser de liste est un facteur de stress plus puissant. En ne consignant rien par écrit, on consacre beaucoup d’énergie à ne rien oublier d’important, ce qui génère de l’anxiété et des difficultés de concentration.
Passer à l’action
Une fois que vous aurez déterminé ce que vous pouvez contrôler, vous devez passer à l’action pour modifier votre manière d’aborder la réalité. Votre liste complète en main, vous pourrez établir les tâches prioritaires et vous y consacrer. Vous pouvez par exemple renégocier certains engagements au besoin. En sachant si vous avez le temps d’effectuer de nouvelles tâches, vous pouvez les accepter ou les refuser en toute connaissance de cause. Vous pouvez également réserver certaines plages horaires à des tâches particulières.
Lorsque vous acceptez une tâche, prenez une décision éclairée. Demandez-vous si la tâche cadre avec les priorités que vous avez établies. Disposez-vous des ressources nécessaires (temps, énergie) pour l’accomplir avec succès? Contribue-t-elle à l’atteinte de vos objectifs? Si vous savez à quoi vous souhaitez vous consacrer, vous pourrez plus facilement dire non aux demandes qui augmentent votre niveau de stress (même si dire non n’est jamais facile), et mieux concilier les exigences élevées que vous vous imposez.
Assurez-vous que votre liste ne contient pas que des tâches liées au travail. Si vous prenez soin de votre bien-être physique, spirituel et affectif, vous pourrez travailler plus efficacement et mieux gérer votre stress.
L’un des grands défis qui se posent aux universitaires qui cherchent à diminuer leur niveau de stress est leur propre réticence à mener une vie moins stressante. Accordez toute votre attention à ce qui est important pour vous, puis arrêtez-vous, reposez-vous, faites le plein d’énergie.
Rien de tout cela n’est facile ni ne se produira du jour au lendemain. Mais vous pouvez y arriver.
Jo VanEvery, formatrice privée en matière de carrière, est titulaire d’un doctorat en sociologie de la University of Essex. Elle a également été agente de programmes au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Visitez son blogue personnel (en anglais seulement) :
http://www.jovanevery.ca/