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Conseils carrière

Critique de livres

The Academic's Handbook

par FRED DONNELLY | 10 SEP 07

Pour amorcer l’année en beauté, jetons un coup d’œil sur la dernière édition d’un guide précieux sur la vie en milieu universitaire. Voici un ouvrage pouvant être utile à tout universitaire, particulièrement à celui qui se trouve en début de carrière. The Academic’s Handbook, dont la troisième édition est revue et augmentée, est né d’un colloque tenu il y a quelque 20 ans à la Duke University.

Les directeurs de cette nouvelle édition sont A. Leigh Deneef, professeur d’anglais, et Craufurd D. Goodwin, professeur d’économie. Tous deux possèdent une longue expérience à titre de doyens aux cycles supérieurs de l’établissement, entre autres postes administratifs.

L’anthologie comprend 31 articles groupés en sept thèmes. Les 34 auteurs qui ont signé l’ouvrage constituent un groupe représentatif du milieu universitaire : chercheurs de diverses disciplines fréquemment publiés, enseignants reconnus du milieu postsecondaire, rédacteurs en chef de revues savantes en poste depuis longtemps et administrateurs universitaires chevronnés. Même la chroniqueuse du Chronicle of Higher Education de Washington, connue sous le nom de « Ms. Mentor », y a contribué. Un large éventail de sujets sont couverts, du marché du travail dans le monde universitaire à l’administration d’un établissement universitaire, en passant par l’enseignement et la supervision, le financement de la recherche et les publications savantes.

Certains auteurs ont revu des articles écrits au milieu des années 1980, offrant ainsi une rétrospective intéressante des changements survenus depuis. Huit textes sont nouveaux et visent à cerner la réalité universitaire à l’aube du nouveau millénaire. Tous sont axés sur la situation aux états-Unis, qui peut être utilement comparée avec celle du Canada. Il va sans dire qu’ils sont particulièrement intéressants pour quiconque souhaite intégrer le milieu universitaire américain.

À la lecture de l’ouvrage, on comprend rapidement le contexte juridique particulier dans lequel fonctionnent nos collègues américains, comme le révèlent les articles sur le harcèlement et la liberté universitaire. Ce sont des particularités qu’on s’attendait à trouver, tout comme d’autres, plus spécifiques (p. ex. la période de recrutement intensif des associations d’étudiants connues sous le nom de « Greek-letter society »), qui donnent un aperçu d’aspects plus singuliers de la vie de certains universitaires américains.

D’autres questions d’ordre plus général sont traitées, entre autres la place des femmes et des minorités, sur lesquelles portent d’excellents articles : statut de professeur, contexte au sein des collèges de petite taille, rôle des départements et conduite responsable dans la recherche. De la premières à la dernière page, on sent la volonté des auteurs de dépeindre la diversité du système américain, qui comprend quelque 3 900 établissements d’enseignement supérieur où travaillent 900 000 professeurs. En ce qui concerne la situation des femmes qui enseignent à l’université, plusieurs auteurs concluent que certains problèmes demeurent, malgré d’importantes améliorations survenues au cours des 20 dernières années.

D’autres textes visent à fournir des conseils pratiques aux nouveaux venus : comment donner un cours magistral et bien conseiller les étudiants, comment faire bonne figure au moment d’une entrevue, comment obtenir un poste permanent et comment faire publier ses articles, et ce, tant dans le domaine scientifique que dans celui des sciences humaines. Je recommande la lecture des deux chapitres consacrés à ce sujet. Comme d’autres spécialistes en sciences humaines, je suis constamment stupéfié des raisons invoquées par mes collègues du monde scientifique pour attribuer la paternité de certains articles savants à des personnes qui n’ont jamais rien écrit.

Deux collègues de la Duke University (le rédacteur en chef d’une revue universitaire et le directeur des presses de l’Université) signent un excellent chapitre sur la publication d’ouvrages savants. Ils soulignent les étapes de la publication, du manuscrit à la parution du livre, et expliquent brièvement les divers types d’éditeurs. L’auteur en devenir doit connaître la différence entre éditeur d’ouvrages savants, presses professionnelles, presses universitaires et maisons d’édition privées publiant dans le domaine universitaire. La démarche de publication varie selon le type d’éditeur, et l’universitaire doit s’y adapter.

Dans l’ensemble, ces chapitres sont utiles, mais les jeunes universitaires ont selon moi besoin de conseils qui ciblent plus précisément leurs disciplines au moment d’amorcer leur carrière universitaire. Cette critique concerne particulièrement les sections qui traitent des salaires et des avantages sociaux et qui fournissent des suggestions pour obtenir du financement de recherche.

Deux professeurs de la University of Michigan abordent, au chapitre 13, un sujet plus général : la situation réelle du marché du travail en milieu universitaire. Que faire quand sa seule offre d’emploi provient d’un collège de petite taille et comporte une lourde tâche d’enseignement? Et si le poste obtenu ne mène pas à la permanence? Si on ne trouve que du travail à temps partiel? Il me paraît problématique de traiter de ce sujet d’un point de vue général puisque, selon mon expérience, la réalité du marché du travail sur la scène universitaire varie considérablement selon la discipline. Par exemple, les perspectives pour les professeurs de comptabilité peuvent être extrêmement bonnes, tandis que le domaine des études médiévales peut quant à lui être plutôt fermé.

En ce qui a trait aux tâches administratives, la difficile situation des professeurs qui débutent ou n’ont pas encore obtenu leur permanence est un sujet récurrent. En début de carrière, comment faire sa part de tâches administratives sans se laisser submerger et sans négliger ses projets de recherche, si cruciaux à cette étape? La réponse à ces questions réfère à l’attitude appropriée à adopter à l’égard de ses collègues, en général, une préoccupation qui, semble-t-il, est parfois écartée dans le monde de l’enseignement supérieur.

Bien que cette troisième édition de The Academic’s Handbook, un ouvrage de 394 pages, couvre de nombreux sujets, je me demande si d’autres thèmes n’auraient pas dû être abordés, vu le contexte actuel. Il y a un bon article sur les nouvelles technologies dans les salles de classe, mais ne faudrait-il pas examiner plus à fond les possibles aspects négatifs de l’intégration de l’électronique au sein des établissements, entre autres le harcèlement électronique entre étudiants, l’émergence de nouvelles formes de plagiat ou encore la diffusion de propos diffamatoires en ligne sur les professeurs? Au Canada, ce dernier problème semble se limiter aux écarts de conduite des élèves du secondaire. Un autre problème, plus sérieux, est passé sous silence : il s’agit de l’utilisation par les étudiants, de sites de référence dont le contenu peut être teinté d’intérêts politiques, comme Wikipédia. Devrait-on interdire l’utilisation de ces sources et nous confiner au rôle de censeurs ou certains compromis sont-ils possibles?

Qu’en est-il de la participation aux conférences internationales, sur le plan de la sécurité, dans le contexte de l’après-11 septembre? La liberté universitaire est-elle en jeu? Plus effrayant encore, qu’en est-il de la sécurité au sein des établissements américains, quand on sait que les armes à feu peuvent être facilement accessibles et que des établissements d’enseignement ont été le théâtre de multiples homicides perpétrés de façon gratuite?

En conclusion, il s’agit d’un ouvrage de référence très solide, dont de nombreux articles sont rédigés par des professeurs reconnus qui aiment manifestement leur travail. Il offre de très bons conseils à l’égard des difficultés que comporte la vie universitaire. Il est remarquable que ces auteurs s’efforcent de transmettre la sagesse acquise au cours de leur carrière et d’encourager la nouvelle génération d’universitaires, de professeurs et de chercheurs.



The Academic’s Handbook

Leigh Deneef and Craufurd D. Goodwin (dir.)
(Duke University Press, 2007, troisième édition révisée et augmentée, 394 pages)

Fred Donnelly est professeur d’histoire à la University of New Brunswick, à Saint John. Il a déjà été directeur de département et vice-doyen aux études supérieures.

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