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Conseils carrière

Devrait-on raccourcir les délais d’obtention du diplôme aux cycles supérieurs?

Selon Nicola Koper, réduire la durée des programmes d’études n’est pas toujours dans l’intérêt des étudiants

par NICOLA KOPER | 22 MAI 13

De nombreuses universités canadiennes tentent de réduire la durée des études aux cycles supérieurs. C’est le cas de ma propre université qui a modifié certaines politiques dans le but, justement, de raccourcir les délais d’obtention du diplôme. Quoique les programmes de maîtrise soient habituellement définis comme d’une durée d’un an ou deux, et les doctorats d’une durée de trois à quatre ans, il faut en moyenne beaucoup plus de temps aux étudiants pour terminer ces programmes. Je sais que j’ai contribué à allonger les moyennes lorsque j’étais étudiante, et je soupçonne plusieurs lecteurs de ce blogue d’en avoir fait autant. Quoi qu’il en soit, faut-il vraiment raccourcir les délais d’obtention du diplôme? Je répondrai que, souvent, ce n’est pas dans le meilleur intérêt des étudiants et que les politiques ne sont pas non plus très efficaces à cet égard.

Ma propre expérience témoigne de certains avantages de la prolongation des études et des raisons sous-jacentes. Il m’a fallu plusieurs mois de plus que prévu pour terminer mon programme de maîtrise parce que je collaborais à plusieurs projets et j’en supervisais d’autres qui n’étaient qu’indirectement liés à mon sujet. J’ai donc mis plus de temps pour terminer mon programme, mais j’ai aussi acquis une expérience essentielle à ma formation et à mon employabilité comme universitaire dans les domaines de la rédaction, de l’analyse, de la collaboration et des publications. Ainsi, les quelques mois de plus qu’il m’a fallu pour effectuer ma recherche sont un petit prix à payer pour l’expérience acquise.

Mon programme de doctorat, lui, a été prolongé pour deux raisons. D’abord parce que j’ai dû passer de longs mois à me familiariser avec les techniques statistiques (qui allaient plus tard me servir énormément et que j’allais même enseigner des centaines de fois). Il ne fait toutefois aucun doute que cet apprentissage a été essentiel pour la suite de ma carrière.

La deuxième raison pour laquelle j’ai mis du temps à terminer mon doctorat, c’est la naissance de mon bébé; un adorable et magnifique petit être souffrant de coliques, qui est venu au monde au beau milieu de mes études supérieures! Ces raisons sont sans doute les plus fréquentes pour expliquer le prolongement des études aux cycles supérieurs : les étudiants prennent des contrats, commencent une carrière, se marient et ont des enfants. Les retards causés par ces motifs ne sont pas négatifs à long terme, et ils ne sont pas non plus à éviter à tout prix. Comme il est tout à fait normal de passer plus d’une dizaine d’années aux études pour se tailler une carrière d’universitaire, il serait déraisonnable de s’attendre à ce que les étudiants renoncent à tous les autres aspects de leur vie pendant la durée de leurs études.

Je crois donc que les principales raisons pour lesquelles les études aux cycles supérieures durent plus longtemps que prévu n’ont rien à voir avec les politiques universitaires, non plus qu’avec les initiatives des superviseurs des étudiants. C’est peut-être tout aussi bien que les politiques qui tendent à abréger la durée des études ne soient pas très efficaces. Acquérir de l’expérience lorsque l’occasion se présente de publier, d’obtenir du travail et des contrats ou de collaborer à de la recherche contribue à la réussite future des étudiants, alors que consacrer du temps à la famille et à des activités personnelles contribue au bien-être des étudiants. Attardons-nous davantage à la qualité de programmes d’études plutôt qu’au temps qu’il faut pour les terminer.

Nicola Koper a obtenu un doctorat en biologie de conservation à l’Université de l’Alberta en 2004 et s’est jointe au corps professoral de l’Institut des ressources naturelles (IRN) de l’Université du Manitoba en 2005. Elle est maintenant professeure agrégée à l’IRN, où elle effectue de la recherche sur la conservation des oiseaux des plaines et des milieux humides. Le présent article a d’abord été publié en anglais sur le blogue Careers Café.

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