Vous avez déniché le chercheur principal idéal; pourtant tout n’est pas joué. Pour tirer le maximum de votre expérience de recherche, il faut faire preuve de vision et de souplesse. Voici quelques conseils pour vous aider à rester sur la voie de la réussite.
1) Établir un plan (et s’y tenir…)
Bien davantage que l’aspirant au doctorat, en tant que chercheur postdoctoral vous êtes le véritable maître de votre destin (même si les apparences sont parfois contraires). Certes, votre chercheur principal peut vous aider à éviter les cahots ou à trouver votre chemin au carrefour de divers travaux en cours dans son laboratoire, mais il n’en tient qu’à vous de tracer votre voie.
Concrètement, le postdoctorat vise un but simple : vous tailler une place sur le marché du travail dans le secteur de votre choix. Il est facile de choisir une destination. Ce qui est difficile c’est d’y parvenir. Qui plus est, l’échéancier de la plupart des programmes de bourses (deux ans ou moins) exige, de votre part, d’établir rapidement des objectifs de court à moyen terme qui vous permettront d’accéder au monde du travail.
Vos objectifs à moyen terme doivent s’articuler autour des « résultats » selon lesquels vous serez évalué pour l’obtention d’un poste de recherche : publications de qualité, communications à l’occasion de conférences et demandes de bourses. Pour chacune de ces catégories, fixez-vous au moins un objectif substantiel, mais réaliste, pour chaque année consacrée à votre projet de recherche postdoctorale, et précisez-en le contexte (revue, conférence ou organisme subventionnaire ciblé) et l’échéancier. Même si un article, une communication et une demande de bourse peuvent paraître bien peu de travail accompli au cours d’une année, c’est probablement plus que ce que le chercheur postdoctoral moyen produit.
Quant à vos tâches quotidiennes, l’application constante d’une démarche structurée et claire peut vous aider à gérer efficacement votre temps. Vos activités quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles devraient facilement s’inscrire dans vos objectifs à moyen terme; si une tâche ou une demande externe ne s’y rapporte pas, il faut l’éliminer ou la reporter.
Il peut être difficile, mais il est essentiel de consacrer suffisamment de temps aux tâches relatives à vos objectifs prioritaires. Les périodes de temps que vous y consacrez doivent être régulières et (idéalement) « sacrées ». Réservez des périodes de travail (journées ou fenêtres) à certains objectifs de recherche. Il ne s’agit pas de prévoir en détail le déroulement de chaque heure passée en laboratoire, mais vous ne pouvez vous permettre une gestion approximative de vos tâches.
2) Prévoir des plans de rechange
Peu importe la clarté des objectifs ou la qualité de la gestion du temps de travail, il n’existe aucune garantie contre l’échec d’une expérience ou l’enlisement d’un projet. Quand les résultats ne mènent nulle part, il faut changer de voie pour maintenir votre motivation et vos orientations de carrière. Avoir en réserve quelques idées de projets bien étoffées ou de collaborations potentielles pourrait vous tirer d’un mauvais pas. Et même si ses projets se déroulent comme prévu, un chercheur a avantage à toujours avoir des solutions de rechange en tête.
Des événements extérieurs, comme une grossesse ou une maladie, peuvent parfois vous obliger à réduire rapidement l’ampleur et la portée de vos objectifs. Posez-vous les questions suivantes : Si je disposais de la moitié du temps et des ressources financières, en quoi mon projet serait-il modifié? Et si je travaillais dans un autre laboratoire? Si je devais m’arrêter pendant un an? Votre plan de recherche doit prévoir des solutions ancrées dans vos aspirations; une pensée du type « Ce sera le prix Nobel ou rien » ne permet pas de s’adapter aux imprévus.
3) Rapports de collaboration : élargir votre réseau au-delà de votre chercheur principal
L’un des principaux changements qui marquent le passage au postdoctorat est le fait de ne plus travailler au service de quelqu’un, mais bien en collaboration avec un laboratoire. Généralement, les collaborations d’un étudiant aux cycles supérieurs sont initiées par son directeur ou les partenaires de recherche de celui-ci. Désormais, et peut être pour la première fois, vous devrez établir de façon autonome des relations de collaboration et de mentorat ainsi que des réseaux solides qui vous appuieront dans vos travaux.
Votre chercheur principal peut être un collaborateur privilégié et un mentor de confiance, mais n’oubliez pas que toute relation de travail efficace se fonde sur des attentes réalistes. Il est légitime de compter sur lui pour des rencontres régulières, un accès suffisant aux ressources du laboratoire et des possibilités de publication et de participation à des conférences liées à vos travaux. Un chercheur principal avisé exprimera clairement ses règles et ses attentes concernant la propriété, la divisibilité et la transférabilité des travaux et des résultats de recherche que vous serez appelé à partager, et ce, probablement avant même votre arrivée. S’il ne le fait pas, il vous incombe d’aborder le sujet. Les différends de cette nature peuvent restreindre ou même interrompre radicalement une collaboration de recherche; vous devez donc veiller à être sur la même longueur d’onde dès le début.
Vos initiatives pour tisser des liens ne doivent pas se limiter à votre chercheur principal. Prenez le temps d’assister à des séminaires donnés par vos collègues de laboratoire ou leurs partenaires de recherche; d’heureux hasards peuvent parfois aboutir à des partenariats fructueux. Même lorsque vos intérêts de recherche ne coïncident pas directement, votre réputation de collègue aimable et intéressé vous ouvrira des portes, et des occasions se présenteront, avantageuses pour vous ou pour vos recherches. Des rapports de ce type peuvent devenir particulièrement précieux si vous poursuivez votre carrière hors du milieu de la recherche universitaire ou si vous choisissez une autre voie où votre domaine d’expertise ne constitue peut-être pas le paramètre fondamental.
4 ) Prévoyez une sortie de secours
Les chercheurs principaux et les chercheurs postdoctoraux nourrissent au départ de grands espoirs. La mésentente n’est jamais souhaitée, mais il arrive que des conflits surgissent, tant sur le plan professionnel que personnel. Bien que vous soyez davantage sur un pied d’égalité avec votre chercheur principal qu’avec un directeur de recherche, en cas de désaccord, il vaut probablement mieux quitter le bateau que monter au créneau. En cas d’impasse, la vraie question à vous poser est la suivante : la poursuite de ma collaboration avec ce laboratoire concourt-elle à la réalisation de mes objectifs? Un peu comme la décision de changer de directeur de recherche, celle d’interrompre une relation postdoctorale prématurément présente de multiples dangers, et c’est une question délicate à aborder.
Cela dit, demeurer par principe dans un laboratoire au climat malsain est peut-être plus néfaste que de le quitter. Vous devez travailler dans un milieu qui vous donne accès à des ressources et qui accueille votre participation, même si vous devez pour cela changer de laboratoire. Mais avant de quitter une équipe, tâchez de produire au moins un résultat concret que vous pourrez inscrire dans votre curriculum vitæ et qui témoignera de votre passage dans ce laboratoire. Ainsi, votre départ symbolisera la fin d’une étape de votre projet, et ne sera pas perçu comme une décision impulsive et soudaine.