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Conseils carrière

La course contre la montre

Gestion du temps et permanence

par HELEN KNOLL | 12 FEV 07

Démarrer une carrière de professeur exige beaucoup de temps. Il y a tant à faire : préparer les cours, établir un programme de recherche, tisser un réseau de collègues et déterminer sa contribution aux tâches administratives et aux activités dans la collectivité. Le temps est l’une des principales ressources d’un professeur, mais il faut faire attention de ne pas le gaspiller. Une étude menée par le Centre for Higher Education and Developement (CHED) a révélé que les nouveaux professeurs travaillent plus de 62 heures par semaine. Cette donnée montre à quel point il est important de planifier et de dépenser intelligemment son temps durant les premières années d’une carrière menant à la permanence et à des promotions.

Équilibrer sa charge de travail

Le stress lié à la gestion du temps n’a pas manqué d’intéresser les administrateurs de certains grands établissements de recherche. Les professeurs Jacques Barrette (qui est également directeur du Centre de leadership scolaire) et Merridee Bujaki de l’Université d’Ottawa par exemple, ont créé et animent plusieurs fois par année l’atelier « Gérer sa carrière universitaire », destiné à aider les nouveaux professeurs à partir du bon pied. Un volet important de l’atelier est consacré à la gestion du temps et sert à rappeler l’importance de planifier son horaire en fonction de la répartition de la charge de travail à l’université. Comme chaque établissement est différent, les nouveaux professeurs doivent s’informer de la répartition du travail au sein de leur université. Le travail peut également être réparti différemment d’une faculté à l’autre. La répartition est parfois indiquée dans la convention collective, mais il arrive aussi que ce soit la tradition qui dicte le partage du temps entre l’enseignement, la recherche et le service à la collectivité. La capacité à maintenir un juste équilibre entre ces trois volets sera déterminante pour l’obtention de la permanence ou d’une promotion.

À l’Université d’Ottawa, la tradition veut que les professeurs de la majorité des facultés consacrent 40 pour cent de leur temps à l’enseignement, 40 pour cent à la recherche, et 20 pour cent à des tâches administratives. Il est facile, pour les nouveaux professeurs, de s’enliser en tentant de parfaire leur méthode d’enseignement, au détriment de leur mandat de recherche. M. Barrette et Mme Bujaki leur conseillent de ne pas viser la perfection pendant leurs premières années, mais plutôt de chercher à améliorer leur enseignement au fil du temps. Ils leur proposent de consulter les divers services de perfectionnement offerts par leur université, comme les services d’enseignement et d’apprentissage, d’échanger avec leurs collègues et de discuter avec les vice-doyens et le doyen. Ils les incitent également à ne pas adopter une approche défensive dans la salle de classe, c’est à dire à ne pas chercher à tout prix à obtenir des évaluations positives des étudiants. En plus de gruger un temps précieux, cette attitude ne donne pas toujours les résultats escomptés. M. Barrette et Mme Bujaki invitent plutôt les nouveaux professeurs à demander de prendre en charge plusieurs sections d’un même cours, ou de donner le même cours année après année. En plus d’améliorer la gestion du temps de préparation, cela permet de parfaire peu à peu le contenu du cours.

Selon M. Barrette et Mme Bujaki, il existe de nombreux autres outils à la disposition des nouveaux professeurs pour les aider à gérer leur temps de préparation tout en offrant des classes dynamiques. Les nouveaux professeurs peuvent, par exemple, inviter des conférenciers qu’ils jugent intéressants à faire un exposé sur un sujet pertinent. Mme Bujaki rappelle cependant qu’il faut parfois beaucoup de temps pour dénicher le bon conférencier, et qu’il n’est pas toujours possible d’orienter le contenu de l’exposé qu’il préparera. Mais si les choses sont bien faites, la présence d’un conférencier invité peut être rafraîchissante et exposer les étudiants à de nouvelles idées et expériences, sans compter que le nouveau professeur peut profiter de ce temps libre pour améliorer un autre cours. Il peut également être intéressant d’intégrer d’autres activités en classe ou de l’apprentissage actif en présentant un film, une étude de cas ou en proposant des exercices pratiques.

Les deux experts conseillent également aux jeunes professeurs de concevoir leurs cours en collaboration avec des collègues, de partager la préparation des examens et de créer conjointement des présentations PowerPoint et du matériel didactique. La collaboration entre professeurs permet également aux nouveaux arrivés d’élargir leur réseau et de briser l’isolement.

Être disponible, sans négliger la recherche

Même s’il est toujours agréable de passer du temps avec collègues et étudiants à l’extérieur du cadre scolaire, ces activités doivent également être gérées. Le conseil de Mme Bujaki : bien choisir ses heures de bureau. En réservant une plage horaire le lundi ou le vendredi matin, il y a peu de chances que vous soyez dérangé par des visites impromptues, que ce soit d’étudiants ou de collègues. Ce sont plutôt les étudiants qui ont réellement besoin d’aide qui se présenteront. M. Barrette propose quant à lui de planifier des rendez-vous consécutifs de façon à éviter que les rencontres se prolongent indéfiniment.

M. Barrette et Mme Bujaki encouragent les jeunes membres du corps professoral à consacrer le plus de temps possible à l’établissement de leur programme de recherche. Un programme de qualité les aidera à s’imposer et ouvrira la voie à une carrière universitaire fertile. Comme le temps consacré à la recherche n’est pas fixe comme l’est celui d’un cours magistral, il est facilement grugé par d’autres activités. Il est donc nécessaire de réserver quotidiennement une période de temps pour la recherche, comme s’il s’agissait d’une classe, d’heures de disponibilité et d’autres activités à durée fixe. Par ailleurs, les nouveaux professeurs qui se voient accorder une importante subvention de recherche ont tout intérêt à demander une réduction de leur charge d’enseignement à leur doyen.

Le métier de professeur d’université est l’un des plus beaux du monde, car il offre une grande latitude et permet d’étudier des questions qui nous passionnent avec les collègues de notre choix. M. Barrette et Mme Bujaki sont convaincus que la réussite d’une carrière universitaire passe essentiellement par une bonne gestion du temps, le respect des lignes directrices touchant la charge de travail, l’accès aux outils d’enseignement adéquats et des plages horaires déterminées et régulières consacrées à la recherche.

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