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Conseils carrière

La publication de la thèse : survol

Attendez-vous à d’importantes modifications, préviennent les maisons d’édition savante

par NICK TAYLOR-VAISEY | 15 DÉC 08

Saviez-vous qu’environ le quart des publications des Presses universitaires McGill-Queen’s et que de 20 à 30 pour cent de celles de la University of Toronto Press proviennent d’anciennes thèses?

La publication de la thèse n’est qu’une des avenues que peuvent emprunter les nouveaux diplômés qui, après avoir travaillé à satisfaire leurs superviseurs et avoir défendu leur thèse avec succès, veulent communiquer avec un public élargi.

La modification de la forme peut cependant se révéler longue et ardue, selon des habitués du processus.

« Certains envisagent dès le départ leur projet comme un futur livre », explique Nick Mount, professeur d’anglais renommé de la University of Toronto et auteur du livre When Canadian Literature Moved to New York, fondé sur sa thèse de doctorat.

Cependant, poursuit-t-il, « les thèses ne sont pas toutes destinées à être publiées et les auteurs doivent y apporter des modifications plus ou moins nombreuses, selon leur style d’écriture et leur façon d’aborder le lecteur ».

Selon M. Mount, une thèse de doctorat n’est jamais écrite pour être publiée; il faut la transformer pour en faire un livre, l’adapter pour le public et en ajuster le ton et le langage. Les doctorants rédigent leur thèse en fonction d’un seul objectif : satisfaire leur comité consultatif.

Les étudiants consacrent l’introduction tout entière à prouver qu’ils ont quelque chose à dire parce qu’ils ont lu tous les autres textes pertinents. En conséquence, d’importantes parties de leur thèse ne servent qu’à satisfaire ceux qui auront la responsabilité d’approuver leurs travaux.

M. Mount compare l’examen de la documentation qui sert d’introduction ainsi que les notes en bas de page et les renvois qui parsèment le texte à ce que les autres universitaires voient comme des accessoires.

« Beaucoup du travail de révision que j’ai effectué pour changer ma thèse en livre a consisté à enlever ces accessoires », admet-il simplement.

Siobhan McMenemy, éditrice à la University of Toronto Press, soutient que pratiquement toutes les thèses requièrent d’importantes modifications.

« Dans certaines disciplines, on tente de plus en plus de faire en sorte que les étudiants aux cycles supérieurs rédigent des travaux conçus pour la publication, dit-elle. Mais même les projets préparés soi-disant pour être publiés tels quels sont rarement prêts à être présentés à un public élargi. »

Bien qu’avides de communiquer leur message, ils doivent d’abord comprendre leur nouveau public, explique Mme McMenemy.

« Soudainement, vous n’avez plus besoin de vous justifier, ajoute-t-elle. Le public vous considère comme un expert. Vous faites autorité, vous êtes l’auteur, et on présume que vous savez de quoi vous parlez. »

Philip Cercone, directeur général et éditeur principal aux Presses universitaires McGill-Queen’s, croit que la révision est nécessaire, car les étudiants omettent parfois volontairement, dans leur thèse, de l’information qui peut refaire surface dans un livre.

« Il est maintenant fréquent de remarquer que ce qui était bon dans la thèse a été conservé, mais que l’auteur va au-delà dans sa nouvelle version, dit-il. Il ajoute souvent de nouvelles conclusions et, parfois, de nouveaux chapitres. »

M. Cercone souligne également que, pour les maisons d’édition, les thèses révisées sont plus attrayantes que les versions originales, qui sont disponibles dans les bibliothèques de recherche universitaire ou même en ligne.

« Parfois, les étudiants sont placés dans une situation désavantageuse, car [leur thèse] aurait pu être publiée – non seulement en ligne, mais aussi sous forme de livre », explique M. Cercone.

Dans ce cas, ajoute-t-il, « leur propriété intellectuelle est reproduite et ils ne reçoivent ni rémunération ni mérite ».

Lynn Fisher, vice-présidente, publications scientifiques, à la University of Toronto Press, révèle que, pour les diplômés, l’accessibilité des thèses en ligne n’est pas un facteur important dans la décision de publier ou non leur thèse.

« De plus en plus de thèses sont accessibles en ligne, mais elles n’ont pas été soumises à un processus d’évaluation par les pairs, explique-t-elle. Comme de nombreuses modifications sont apportées à l’étape de la révision, le livre donne un résultat totalement différent. »

M. Mount offre la mise en garde suivante aux doctorants qui ne croient toujours pas que leur thèse devra subir des modifications importantes :

« À l’université, on demande une édition savante, nécessairement technique et hors de la portée d’à peu près tous ceux qui ne font pas partie de la discipline. Je pense que ce type de connaissances est fondamentalement inutile, à moins qu’il ne soit adapté pour un public élargi. »

COMMENTAIRES
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  1. Amina El Balkar / 21 février 2021 à 09:30

    Je suis d’accord avec les informations que vous révélez et qui trouvent un échos dans ma façon de penser cette conversion de thèse de doctorat en livre. Pendant la rédaction de ma thèse, il y avait plusieurs idées que je faisais taire pour rester dans le moule académique. Et c’est peut-être cette situation un peu ambivalente qui a grandi ma volonté de commencer une version livre. Je viens aujourd’hui de lire ces bons commentaires qui confirment ce que je pensais.

    Je remercie ces gens émérites pour avoir livré ces commentaires ou plutôt conseils de haut niveau qui répondent à plusieurs de mes interrogations.

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