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Conseils carrière

L’avenir est vert. Est-ce que vos étudiant.e.s sont prêt.e.s?

Un rapport montre que l’automatisation et la transition vers une économie verte exigent des compétences nouvelles de la main-d’œuvre canadienne.

par HANNAH LIDDLE | 09 MAI 23

Toute personne qui communique avec le gouvernement, assiste à des conférences, réalise des entrevues, mène des travaux de recherche ou consulte un site de nouvelles tombera nécessairement sur le terme « économie verte ». Aussi qualifiée d’économie « propre » ou « zéro émission nette », cette transformation radicale qui délaisse les sources productrices de gaz à effet de serre sera bientôt une réalité – cependant, sa définition reste floue et largement débattue. Chercheurs, chercheuses et économistes des secteurs public et privé travaillent d’arrache-pied pour prédire l’avenir du marché du travail. À quoi ressembleront les nouveaux métiers de l’économie propre? Que deviendront les emplois actuels? Les universités enseignent-elles les compétences nécessaires à l’atteinte de nos cibles climatiques ambitieuses?

Selon un rapport du Conference Board du Canada et du Centre des Compétences futures intitulé Cheminements professionnels verts : passer d’un emploi vulnérable à une profession à croissance rapide (2022), l’économie verte est, à bien des égards, synonyme de transformations technologiques, et donc, indissociable de l’automatisation qui les accompagne souvent. Les chercheurs et chercheuses ont tenté de mettre en relation un problème crucial du Canada – le fait qu’un emploi sur cinq risque de disparaître en raison de l’automatisation – avec le projet d’une économie propre à croissance rapide capable d’absorber la main-d’œuvre déplacée.

Après des discussions avec des organismes canadiens de défense du climat, Tricia Williams, directrice de la recherche au Centre des Compétences futures, a soulevé deux grandes préoccupations. « La première, c’est que bien des transitions sont à prévoir pour les travailleurs et travailleuses durant la mise en œuvre du plan d’action climatique, expose-t-elle, en citant l’exemple des industries de l’automobile et des hydrocarbures. La deuxième concerne la manière dont le Canada atteindra ses objectifs de zéro émission nette. Quelles en seront les répercussions du point de vue des compétences? »

L’analyse du marché effectuée pour le rapport indique que pour les postes vulnérables à l’automatisation – soit 3,5 millions de personnes dans 92 professions comme la construction, la fabrication et le commerce de détail –, il n’existe que peu ou pas d’options de réorientation vers des professions à plus faible risque sans un recyclage intensif. Inversement, dans le secteur de l’économie propre (que les signataires du rapport peinent à circonscrire précisément, mais qui comprend la production d’énergie verte, l’efficacité énergétique et la gestion environnementale), il existe des transitions professionnelles pour presque toutes les professions vulnérables après seulement un an de formation.

À Calgary, le programme EDGE UP relève le défi de front en aidant des professionnel.le.s en recherche d’emploi du secteur des hydrocarbures à se réorienter vers le secteur informatique, comme l’analyse de données, le développement de logiciels, la gestion de réseaux informatiques, la mise en marché de produits numériques et les solutions infonuagiques. Financée par le gouvernement fédéral, l’initiative offre des formations gratuites aux personnes admissibles inscrites dans des établissements postsecondaires de la région comme l’Université de Calgary, l’Institut technologique du sud de l’Alberta et l’Université Mount Royal. En plus de soutenir le recyclage des employé.e.s de l’industrie pétrolière et gazière, le programme illustre le nouvel adage adopté par des spécialistes du marché du travail : aujourd’hui, la technologie n’est plus un secteur, mais un catalyseur transversal. « L’intelligence artificielle ne se limite pas au développement technologique, elle touche tous les domaines », souligne Mme Williams.

Étudiant.e.s et établissements postsecondaires

Si le rapport se concentre principalement sur les travailleurs et travailleuses à haut risque et à faible mobilité, Mme Williams et son collègue Darren Gresch du Conference Board du Canada expliquent que les étudiant.e.s universitaires sont aussi concerné.e.s. Les étudiant.e.s aux cycles supérieurs doivent absolument acquérir des compétences technologiques, mais l’économie change si rapidement que les professionnel.le.s devront se perfectionner tout au long de leur carrière. « L’université nous encourage à devenir des spécialistes dans des domaines très pointus et techniques, remarque-t-elle, mais je pense qu’à l’avenir, nous devrons aussi adopter une perspective interdisciplinaire et voir en quoi nos champs d’expertise rejoignent d’autres sujets d’actualité pour éviter le scénario des mises à pied. »

Selon les auteurs et autrices, les étudiant.e.s doivent s’impliquer et discuter avec leurs départements et conseillers et conseillères en orientation des mesures prises pour que leur programme « demeure à la pointe de la transition écologique » ainsi que de l’intégration potentielle de principes de développement durable ou de compétences pertinentes à la liste de cours. Soulignons que le manque d’information utile et à jour sur les possibilités d’emploi dans le secteur de l’énergie verte a été identifié dans le rapport comme étant un obstacle pour les travailleurs et travailleuses potentiel.le.s. « Il est indispensable que les universités et les travailleurs et travailleuses qui veulent participer à la transition comprennent les options à leur portée et le rôle qui leur revient », ajoute M. Gresch.

Le coût des programmes de recyclage représente un autre obstacle. À son avis, les universités devraient créer des programmes abordables en collaboration avec des associations et des employeurs du secteur. « Elles doivent travailler avec les employeurs pour comprendre leurs besoins et peut-être même développer conjointement des programmes ou des formations qui pourraient être offerts sur les lieux de travail afin de réduire les coûts », conclut-il.

Hannah Liddle est la journaliste Web pour Affaires Universitaires.

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