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Conseils carrière

Pause grossesse

Conjuguer maternité et permanence.

par LIZ KOBLYK | 19 SEP 12

Lorraine York, professeure à l’Université McMaster, préparait son dossier de permanence lorsqu’elle est devenue enceinte. Deux jours après l’accouchement, elle s’est vue offrir la permanence. Heureusement, sa grossesse n’a eu que peu d’impact sur l’obtention de sa permanence; elle avait un bon dossier de publications.

Comme d’autres femmes qui accouchent au moment d’entamer une carrière universitaire, elle a toutefois senti la pression qu’exerçait le fait de devoir équilibrer ses responsabilités de mère et de chercheuse. Bien que certains obstacles propres au système ne peuvent être surmontés par la seule action individuelle, le présent article propose les conseils de femmes comme Mme York qui, tout en poursuivant une carrière universitaire, ont planifié la naissance d’un enfant.

Depuis qu’elle a eu son enfant, il y a 21 ans, Mme York a participé à de nombreux comités d’embauche. Lorsqu’on lui demande si les candidates devraient ouvertement parler de maternité dans leur CV, elle répond un oui catégorique, même si, au Canada, un employeur ne peut légalement demander à un candidat s’il a des enfants. Afin d’aborder la question du ralentissement des activités de publications qui accompagne inévitablement les responsabilités parentales, Mme York conseille aux candidates de le mentionner sans s’en excuser : « Entre telle date et telle date, j’avais la responsabilité des soins d’un enfant ». Formulée ainsi, l’explication peut même rassurer le comité d’embauche sur votre productivité potentielle en matière de recherche, qui ne peut que s’améliorer.

Au cours de la grossesse et des premières années de vie de l’enfant, Mme York conseille de choisir stratégiquement ses projets de recherche et d’oublier les critiques de livres. Quoi que faciles à gérer du point de vue du temps et du niveau d’analyse requis, elles risquent d’avoir peu de poids auprès des comités d’embauche. Elle conseille aussi de reporter tout nouveau projet et de préparer plutôt des exposés pour des conférences. Les projets de recherche concertée sont utiles, mais il faut d’abord s’assurer que le département leur accorde du mérite.

Une chargée de cours, qui souhaite garder l’anonymat, raconte que son premier enfant était âgé de trois ans lorsqu’on lui a offert un poste permanent. Elle l’a alors refusé en raison de la difficulté que représentait « la gestion simultanée de deux occupations aussi exigeantes », celles d’universitaire et de parent.

Une simple entrevue universitaire peut présenter un sérieux défi pour une mère, explique cette chargée de cours. Lors de sa première entrevue, elle avait décidé de parler de son statut de mère : elle avait demandé – et obtenu – des pauses tout au long de la journée, afin de pouvoir allaiter.

Mme York propose que, avant la tenue d’une entrevue universitaire, une personne désignée par le département ou l’université revoie les pratiques d’embauche équitables avec les membres du comité afin de les informer des questions qu’ils sont en droit de poser et leur rappeler que le nombre de publications à lui seul n’est pas garant du potentiel d’un candidat sur le plan de la recherche.

Une autre mère universitaire, préférant aussi garder l’anonymat, insiste plutôt sur les changements institutionnels qui s’imposent. Elle déplore le manque de places dans les garderies universitaires et insiste sur la nécessité d’offrir systématiquement des services de garde dans le cadre de toutes les conférences universitaires. Elle a personnellement dû attendre deux ans avant d’obtenir une place à la garderie de l’université; des années au cours desquelles elle aurait pu être plus productive sur le plan de la recherche.

Cette mère propose même de façon radicale que les universités assouplissent les exigences des postes permanents et qu’il soit possible, par exemple, pour les nouveaux parents de travailler à temps et à salaire réduits pendant quelques années, le temps d’élever leurs enfants.

Si le département où vous travaillez n’est pas d’un grand soutien, Mme York propose de trouver « la personne qui est la mieux disposée à vous aider, il peut s’agir d’une adjointe à l’administration, et de s’adresser à elle pour obtenir ce dont vous avez besoin », même pour de menus services comme afficher une annulation de cours sur la porte de la classe lorsque vous êtes clouée à la maison avec un enfant malade.

Quelle que soit la manière que vous choisissiez pour planifier devenir parent, et aussi favorable à la vie de famille que soit votre département, Mme York prévient : « Préparez-vous à vous sentir coupable. Ne vous imaginez pas que vous saurez, comme par magie, faire en sorte que tout soit facile. ».

La vie universitaire et la vie familiale apportent toutes deux beaucoup de satisfaction et d’exigences à la fois. Conjuguées, elles exigent de la planification, de la détermination et du soutien de la part des amis et de la famille, sinon de l’établissement.

Elizabeth Koblyk est directrice adjointe du Centre de planification de carrière à l’Université de Waterloo.

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