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Conseils carrière

Réussir sa sortie

Pour suivre sa voix intérieure et explorer une nouvelle facette de son identité professionnelle, il faut se débarrasser de certaines pensées directives.

par ISABEAU IQBAL | 15 FEV 23

Que fait-on quand on commence à manquer de motivation face à sa profession? Je ne fais pas référence à un désir de prendre sa retraite ou de changer d’emploi, mais à un sentiment qui s’installe où l’on n’a plus envie de poursuivre le même travail que l’on fait depuis des années, voire des décennies.

Pour ma part, la question a commencé à m’habiter en 2017. C’est à ce moment que je me suis mise à ressentir à la fois de l’indifférence et de l’aspiration. Et même de l’ennui. Et comme je m’ennuie rarement, je savais que quelque chose clochait.

J’ai d’abord ignoré mes sentiments. J’avais déjà vécu des périodes de perte de motivation. Je me disais que ça passerait. J’aime mon travail, non? Mon travail est enrichissant, il m’a rendue heureuse, il a été extrêmement stimulant et j’ai encore tant à apprendre. Et en plus, j’y ai consacré une vingtaine d’années de ma vie, en plus d’avoir complété un doctorat.

Même si tout cela était vrai, j’ai dû m’avouer que, malgré les stratégies que j’avais tenté de mettre en place, je n’étais plus aussi stimulée, enthousiaste, intéressée et mobilisée qu’avant. J’avais notamment essayé de me lancer dans de nouvelles initiatives et de nouvelles collaborations et de discuter de mes champs d’intérêt avec mon gestionnaire.

J’ai donc accepté la situation et compris qu’elle n’était pas temporaire. J’ai dû reconnaître que je n’avais aucun plan concret, mais que je devais absolument faire quelque chose.

Réflexion et expérimentation

Ma première action a été de réfléchir à ma vocation. Je me suis débarrassée de mes pensées directives (je dois trouver la passion dans mon travail actuel, je dois rester dans mon domaine, je dois avoir un plan), et je me suis mise à l’écoute de ce qui m’appelait. J’avais envie de découvrir de nouveaux milieux postsecondaires, de nouvelles personnes, de nouvelles sphères d’activités (mais je ne voulais pas quitter mon poste); j’ai donc commencé à donner des services-conseils en éducation dans d’autres établissements postsecondaires.

Autrement dit, ma deuxième action a été d’expérimenter.

J’ai alors constaté que les nouvelles collaborations et les nouveaux lieux me nourrissaient, mais pas le travail. C’est parce que je faisais le même travail depuis 19 ans : seul le lieu avait changé. J’ai donc compris que l’essence de mon travail devait changer.

Par chance, il y avait deux domaines pour lesquels j’avais une certaine connaissance et un intérêt : l’animation et l’accompagnement. Comme conceptrice en éducation, j’ai souvent animé des ateliers et des processus; je connaissais bien ce travail. J’avais aussi reçu des services d’accompagnement personnel et professionnel pendant plus de 20 ans : je connaissais bien ce travail du point de vue de la clientèle. Si ma mémoire est exacte, j’ai brièvement envisagé la médiation et la résolution de conflits (surtout parce que ce domaine exige des compétences que j’admire profondément et que je savais que j’apprendrais beaucoup). Mais j’ai rapidement changé d’idée, car j’ai horreur du conflit et parce que, malgré les perspectives d’apprentissage, je savais que ce n’était pas un bon choix à long terme.

J’ai donc choisi l’accompagnement après avoir fait quelques recherches sur les programmes d’accréditation. Je n’ai pas fait d’énormes recherches ni beaucoup d’entretiens pour m’informer. Si j’ai fait ce choix, c’est que je sentais un appel fort : j’aime aider les gens, j’adore tisser en tête-à-tête, je suis très introvertie et devenir accompagnatrice semblait très réaliste. En plus, l’accompagnement s’était très souvent révélé salvateur pour moi et je savais que les compétences acquises auraient plusieurs utilités.

Vers une nouvelle identité professionnelle

Cinq ans plus tard, je peux affirmer que devenir accompagnatrice certifiée était un très bon choix pour moi. Je me sens privilégiée d’avoir pu suivre ce parcours, lequel a été facilité par le fait que je travaille à temps partiel comme conceptrice en éducation, ma situation financière est stable, je suis en santé et j’ai accès à du soutien et à d’autres ressources.

Voici à quoi ressemble ma réalité d’accompagnatrice professionnelle : je mène ma propre activité d’accompagnement auprès d’une clientèle privée, je suis aussi accompagnatrice pour le programme d’accompagnement organisationnel à l’Université de la Colombie-Britannique, je fournis mes services au programme universitaire de développement du leadership à cette même université et je mets à profit mes compétences dans d’autres contextes non professionnels (famille, consultations, ami.e.s, etc.).

Néanmoins, l’accompagnement n’a pas remplacé mon travail de conceptrice en éducation comme je l’avais d’abord imaginé. « Quitter la profession » (c’était initialement ainsi que j’avais nommé mon projet) est devenu « Adopter une identité professionnelle supplémentaire ». La transition et l’annonce de ma nouvelle identité d’accompagnatrice n’ont pas été qu’un long fleuve tranquille, mais c’est maintenant chose du passé.

Le mot de la fin? Si une petite voix vous parle ou que vous ressentez un appel vers d’autres facettes de votre carrière ou de votre identité, écoutez-les. Quelqu’un sur LinkedIn a récemment employé l’expression « mid-life growth spurt ». Voilà qui décrit exactement ce qui m’est arrivé.

Isabeau Iqbal est accompagnatrice indépendante en gestion et transition de carrière auprès d’adeptes de la perfection et de l’ambition en enseignement supérieur et conceptrice pédagogique principale à temps partiel au Centre d’enseignement, d’apprentissage et de technologie de l’Université de la Colombie-Britannique.

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