Passer au contenu principal
Conseils carrière

Sur un pied d’égalité

Mystère, exclusion et collusion au sein des comités dans les universités.

par CARLA GUNN | 08 FEV 10

Une professeure dans un collège au Canada s’est récemment retrouvée dans une réunion d’équipe de travail où, de toute évidence, un point vaguement décrit à l’ordre du jour portait en fait sur un des cours qu’elle donnait. Au cours de la discussion elle s’est vite rendu compte que ce sujet avait fait l’objet de discussions préalables entre certains membres de l’équipe.

« C’était déloyal, je me sentais prise au piège et incroyablement déçue par ce qui se passait », explique Hannah Wall (nom fictif).

Comme Mme Wall en a fait l’expérience, le mystère et l’exclusion qui règnent au sein d’un comité relèvent souvent d’un petit groupe d’individus qui se réunissent en privé pour discuter de questions litigieuses. La plupart des participants n’y voient rien de mal et, malgré le fait que les raisons d’avoir recours à l’exclusion soient très variées – la perception qu’un membre du groupe puisse être un fauteurs de troubles, un concurrent ou tout simplement quelqu’un dont la contribution n’est pas appréciée ou avec qui on ne veut pas « perdre son temps » –, les conséquences qui en découlent pour les relations interpersonnelles sont les mêmes : conflits, méfiance, et un stress et une détresse psychologiques considérables. Un climat insupportable, à vrai dire.

Kenneth Westhues, professeur de sociologie à l’Université de Waterloo, connaît bien les cliques universitaires et a pu constater à maintes reprises l’incroyable stress que vivent les personnes, comme Mme Wall, qui en sont victimes. « Le pire problème à mes yeux, » explique M. Westhues, « c’est la formation de factions au sein d’un groupe – les anciens, les féministes, les jeunes loups, les gens de couleur, la vieille garde – qui votent en bloc sur presque tous les sujets, incitant ainsi les autres membres à se regrouper aussi en factions. »

Malgré le fait que ce que décrivent Mme Wall et M. Westhues peut ne pas sembler aussi brutal que des cris, des menaces ou l’utilisation d’un langage dégradant, il s’agit bel et bien d’intimidation. Marilyn Noble, chercheuse dans le domaine de l’intimidation en milieu de travail à l’Université du Nouveau-Brunswick, affirme que dans de tels cas, « la personne ciblée se sent diminuée, importune, invisible, sans valeur, écartée, incompétente, honteuse et, de manière générale, minable. »

Pour éviter cette forme d’intimidation, le groupe doit discuter formellement de la manière dont il entend mener ses activités, et aller même jusqu’à élaborer un code de conduite personnelle, stipulant clairement les principes de franchise, de transparence et d’inclusivité ainsi que le respect et l’ouverture qui doivent encadrer les débats et les discussions. Mme Noble ajoute que « l’objectif consiste à faire en sorte qu’il soit possible de dire librement tout ce qui doit être dit devant le groupe. Autrement, il est certain que les discussions se fraieront un chemin dans les couloirs, les toilettes, les stationnements, ou même à l’extérieur du milieu, là où le groupe n’a plus aucune emprise. Toutefois, s’exprimer librement ne signifie pas nécessairement la même chose pour tous; il ne faut pas oublier que, dans les universités, tout le monde n’est pas sur un pied d’égalité.

Bien que, en raison des liens qui existent entre les membres d’un groupe, il ne soit pas réaliste de souhaiter que soit respectée une règle stricte ne permettant d’aborder certains sujet que pendant les réunions prévues auxquelles tous les membres assistent, M. Westhues préconise la franchise au sujet des discussions ayant eu au préalable. « Si Pierre et Marie ont discuté d’un point à l’ordre du jour avant la tenue de la réunion, dit-il, ils ne devraient pas s’en cacher; ils devraient plutôt mettre les autres membres du groupe au courant de leurs discussions. »

Mme Noble est du même avis et invite à réfléchir à la raison pour laquelle certains membres discutent ensemble hors des rencontres officielles. « Lorsque vous baratinez vos collègues à portes closes, que voulez-vous accomplir exactement? Tentez-vous honnêtement de les consulter, et d’obtenir leur avis sur la manière de résoudre un problème, ou tentez-vous plutôt de les rallier à votre point de vue? Il existe une différence énorme entre les deux. »

Mme Wall croit qu’une discussion portant sur la manière de régler les questions potentiellement litigieuses aurait pu éviter ce qui s’est produit dans son département. « J’aurais dû avoir droit à la franchise, à la transparence et au respect auxquels on s’attend de la part de ses collègues, mais je n’y ai pas eu droit. Maintenant, il règne une forte tension au sein du groupe et les professeurs sont divisés. »

Il faut peut-être un peu de prévoyance, de planification et d’efforts, mais pour éviter le pire, il suffit parfois de traiter tout le monde sur un pied d’égalité.

COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Click to fill out a quick survey