Le milieu universitaire devient de plus en plus complexe, et les exigences à l’égard des professeurs, nouveaux comme chevronnés, ne cessent d’augmenter. Pour un nouveau professeur, l’un des meilleurs moyens d’apprendre à gérer les complexités d’une carrière universitaire consiste à faire appel à un mentor. De nombreux écrits indiquent que les professeurs supervisés par un mentor sont plus satisfaits, sont mieux rémunérés, obtiennent davantage de promotions, arrivent mieux à concilier le travail et la vie personnelle et changent moins souvent d’organisation (Janasz et Sullivan, 2004). Trouver le bon mentor et veiller à ce que la relation soit positive et efficace demande certains efforts, mais le jeu en vaut largement la chandelle.
Certaines universités offrent des programmes pour aider à établir et à entretenir des partenariats de mentorat entre de nouveaux professeurs aspirant à la titularisation et des professeurs titulaires chevronnés et reconnus.
Comment choisir un mentor?
Il ne suffit pas d’apprécier une personne pour en faire son mentor. Vous devez tenir compte de ses compétences techniques, de ses aptitudes sociales, de son équilibre émotionnel et de ses qualités personnelles. Chacun de ces critères comprend de nombreux facteurs. Par exemple, les compétences techniques supposent une expérience de travail au sein de votre université ou du domaine dans lequel vous souhaitez vous perfectionner (p. ex. au sein d’un institut de recherche). Cette personne doit également avoir des attentes élevées en matière d’excellence, être pleine de ressources et créative. Les aptitudes sociales constituent également un atout très important chez un mentor. Pour contrer l’isolement que vit tout nouveau professeur, choisissez un mentor en mesure de vous aider à élargir votre réseau tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’université. [L’encadré auquel mène le lien ci-contre présente le profil d’un bon mentor. Il est peu probable qu’une même personne présente toutes ces qualités, mais tentez de choisir un mentor qui en compte le plus possible.]
Comment demander à une personne d’être son mentor?
Il peut être fort difficile de demander à une personne de devenir son mentor. C’est une demande très personnelle, et un refus est toujours possible. Pire, la personne peut accepter sans vraiment en avoir envie. Faites votre demande en personne plutôt que par courriel ou par téléphone. Cela permettra à votre interlocuteur de vous poser des questions, et vous pourrez vous expliquer clairement.
J’ai établi des dizaines de relations de mentorat, et je suis toujours surprise de constater le nombre de professeurs qui, heureux d’avoir été sollicités, acceptent avec enthousiasme d’entrer dans le jeu.
Formulez votre demande de façon structurée. D’abord, vu l’horaire très chargé des professeurs, précisez la durée prévue du mentorat. Nous recommandons une période de neuf mois, à raison d’une rencontre mensuelle d’au moins une heure et demie.
Ensuite, énoncez vos attentes. Puisque votre interlocuteur a la générosité de vous consacrer du temps, il vous incombe de vous présenter préparé aux rencontres. Ayez en main une liste de questions, des sujets sur lesquels vous aimeriez recevoir des commentaires ainsi que des observations que vous souhaitez formuler à l’intention de votre mentor. Ce dernier n’est pas responsable de structurer ni de préparer vos rencontres. Faites-lui bien comprendre que vous souhaitez qu’il vous communique son expérience ainsi que des suggestions et conseils. Rassurez-le en lui précisant également que si vous décidez de suivre ses conseils, mais que vous n’obtenez pas les résultats escomptés, vous ne l’en tiendrez pas responsable.
Offrez à la personne de prendre le temps de réfléchir à votre demande et communiquez de nouveau avec elle quelques jours plus tard. Montrez-vous ouvert et honnête et exprimez-vous de façon aussi claire que possible; vous aurez ainsi plus de chances de recevoir une réponse positive et, dans ce cas, de voir la relation commencer du bon pied. Enfin, il se peut que la relation ne fonctionne pas. Préparez-vous à cette éventualité. Proposez de fixer un moment pour faire le bilan de la relation, par exemple après trois ou six mois.
Si, pour une raison ou une autre, la personne à qui vous vous êtes adressé ne souhaite pas devenir mentor, ne vous découragez pas. Il est très peu probable que sa décision soit due à votre personnalité; il s’agit sans doute plutôt de questions d’horaire, de charge de travail ou de toute autre raison liée à ses exigences professionnelles. Si la personne accepte, remerciez-la et fixez les premiers rendez-vous.
Qu’est-ce qui peut faire échouer la relation?
Par le passé, j’ai vu très peu de relations de mentorat donner de piètres résultats. Dans un ou deux cas, la relation n’a pas fonctionné pour des raisons de logistique. Par exemple, les participants, extrêmement occupés, travaillaient sur deux campus différents et très éloignés. En général, les échecs sont attribuables à une mauvaise communication et à un manque de clarté au sujet des intentions et des attentes de chacun. Pour que l’entreprise soit couronnée de succès, vous devez absolument formuler vos attentes et échanger des commentaires avec votre mentor.