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Conseils carrière

Vers l’est, jeunes profs…

De plus en plus d'enseignants font carrière en France

par JENNIFER FURLONG | 07 AOÛT 07

Dans mon travail comme conseillère en carrières à l’Université de Pennsylvanie, j’aide des étudiants qui viennent de partout à trouver un poste en milieu universitaire. La plupart cherchent un travail en Amérique du Nord, mais je remarque que de plus en plus considèrent la possibilité de travailler en Asie ou en Europe. C’est un cliché, mais même le marché du travail académique devient de plus en plus global, surtout quand on pense que les universités nord-américaines ont maintenant beaucoup plus de concurrence au niveau du prestige. Mais trouver un travail à l’étranger n’est pas évident; il est souvent difficile de connaître les usages culturels et les moyens de le faire.

Opportunités pour candidats bilingues

Si vous êtes québécois et bilingue, et préparez un doctorat en sciences sociales ou en sciences humaines, vous avez peut-être considéré la possibilité de travailler en France. Vous vous demandez comment lancer votre recherche d’emploi et si vous serez obligé d’enseigner l’anglais. Vous avez peut-être vu des collègues le faire en un clin d’œil, et vous vous demandez s’il en serait de même pour vous.

Rassurez-vous, il est possible d’intégrer le milieu universitaire français, surtout si vous ne cherchez à rester en France que quelques années. Mieux encore, un candidat bilingue peut trouver un poste où il enseignera son propre sujet. Certaines disciplines sont toutefois plus ouvertes que d’autres aux enseignants et aux chercheurs étrangers. Selon Paul Cohen, historien de la France au 16e-18e siècles et maître de conférence au département d’histoire à l’Université de Toronto, les sciences et les mathématiques sont très ouvertes aux chercheurs internationaux, tandis que les sciences sociales et les sciences humaines le sont moins. La littérature française est la discipline la plus fermée. Il faut préciser aussi que, souvent, ce n’est pas la nationalité qui compte, mais le fait d’avoir un diplôme français, surtout pour des candidats spécialistes en sciences humaines. Comme en Amérique du Nord, la concurrence pour les postes titulaires est forte. La grande difficulté en France aujourd’hui, comme au Canada et aux États-Unis, est simplement qu’il n’y a pas assez de postes qui s’ouvrent.

Postes ouverts aux candidats étudiants

Si vous n’avez pas terminé votre diplôme, mais souhaitez faire carrière en France, ou garder la possibilité ouverte, envisagez à partir en France un an ou deux avant de terminer votre diplôme. Il est souvent plus facile d’intégrer le milieu universitaire français si vous êtes encore étudiant, même si votre diplôme ne sera pas français. Une fois en France, vous pourrez également tisser des liens qui vous aideront dans le futur.

Pour un étudiant bilingue, le plus facile est d’obtenir un poste de lecteur ou de maître de langue dans un département d’anglais. Les postes de lecteur sont plus ou moins réservés aux candidats étrangers titulaires d’une maîtrise. Les postes de maître de langue s’adressent pour leur part aux candidats parfaitement bilingues ayant fait au moins une année d’études doctorales. De là l’importance d’indiquer clairement sur votre curriculum vitae que vous êtes bilingue. Le poste de lecteur n’est renouvelable que pendant deux ans, mais dès que vous obtenez un poste dans une université, vous pouvez vous renseigner pour changer de statut. Plusieurs lecteurs deviennent maîtres de langue pour pouvoir continuer leur travail.

En tant que lecteur, vous serez chargé d’enseigner l’anglais. Les contextes dans lesquels vous effectuerez ce travail et les méthodes utilisées par les lecteurs varient beaucoup. Il est donc fort possible de trouver un travail stimulant même si enseigner l’anglais n’est pas votre aspiration première.

Quand vous réussissez à décrocher un poste, n’hésitez pas à proposer des cours si le département vous semble ouvert aux suggestions des enseignants. Un cours de littérature canadienne ou d’histoire québécoise pourrait être plus divertissant à enseigner et à suivre qu’un cours d’anglais traditionnel.

Comme il y a beaucoup de postes en anglais, il n’est pas très difficile pour un étudiant bilingue d’en trouver un qui lui convienne. Il n’y a toutefois pas de liste officielle de postes vacants pour des lecteurs et des maîtres de langue. Si vous connaissez la ville où vous voulez habitez, ou l’université à laquelle vous désirez travailler, allez directement sur leur site Web pour trouver des postes disponibles – les universités annoncent de plus en plus leurs campagnes de recrutement sur leurs sites Web. Vous pouvez également envoyer votre candidature de façon spontanée. La liste officielle des universités françaises peut vous aider à ce niveau, mais il faut également considérer les écoles d’ingénieurs, les instituts universitaires de technologie (I.U.T.), et les grandes écoles, tous susceptibles d’avoir des besoins en anglais. Les listes de ces établissements sont aussi disponibles sur le site Web du ministère de l’Éducation nationale. Pour multiplier vos chances de dénicher un emploi qui vous convient, entrez en contact avec autant de départements que possible.

Possibilités d’emploi pour titulaires de doctorat

Pour ceux qui ont déjà obtenu leur doctorat et qui ont au moins deux ans d’expérience en tant qu’enseignant, il est possible de devenir attaché temporaire en enseignement et recherche (ATER). Des postes d’ATER sont offerts dans des départements de langue, mais aussi dans des départements d’histoire, d’anthropologie, de sciences économiques, et dans d’autres domaines. Dès qu’un candidat obtient un poste d’ATER dans un département offrant des cours dans son domaine d’expertise, il sera aussi chargé d’enseigner ce genre de cours. Les responsabilités d’un ATER sont pareilles à celles d’un maître de conférence.

Le recrutement des ATER commence normalement en avril. Pour tous les renseignements sur le recrutement, consultez le site Web du Ministère, à http://www.education.gouv.fr/cid1217/les-attaches-temporaires.html. Comme pour les postes de lecteur, il faut envoyer des lettres de motivation et des curriculum vitae aux départements qui vous intéressent. Quand un professeur titulaire part en année sabbatique, en congé de maternité ou en congé de maladie, il est souvent remplacé par un ATER. Ces postes s’ouvrent souvent hors du calendrier normal du recrutement des ATER. Des annonces pour des postes d’ATER sont parfois affichées sur le site Web des universités. La durée de contrat d’un ATER varie entre un et trois ans, avec une année de renouvellement possible. Un ancien lecteur ou maître de langue ne peut devenir ATER que si sa fonction a réellement changé, et non simplement pour prolonger un contrat. Devenir ATER est un bon moyen de vous familiariser avec le système éducatif français tout en enseignant des cours dans votre domaine d’expertise.

Quant aux postes titulaires, le recrutement se fait deux fois par an : au mois de mars et du mois de septembre au mois de novembre. Lorsque vous effectuez votre recherche, consultez la rubrique « enseignants-chercheurs » et repérez les postes de maître de conférence (MCF). La plus grande difficulté pour ceux qui n’ont pas un diplôme français est la qualification. Tout candidat doit d’abord passer par une qualification auprès du Conseil national des universités (CNU), qui reconnaît rarement les diplômes étrangers, même ceux d’universités hautement reconnues. Cette période de qualification n’est ouverte que du mois de septembre au mois de févier. Elle est donc déjà fermée pour l’année 2007. Une fois qualifié, un candidat est admissible aux postes affichés sur le répertoire en ligne, qu’on appelle ANTARES/ANTEE.

Encore une fois, il ne faut pas oublier de consulter les sites Web de chaque université.

Il est clair que le processus de recrutement d’enseignants-chercheurs risque d’être un peu complexe pour ceux qui ne sont pas familiers avec le système éducatif français. Le site Web du Guide des Doctorants (GDD) pourrait s’avérer très utile pour ceux qui espèrent trouver un poste titulaire en France. Bien qu’on retrouve les mêmes renseignements sur le site Web du Ministère, le site Web de la GDD explique le processus de recrutement plus clairement et dans un langage beaucoup moins bureaucratique. C’est aussi une perspective plus « interne ».

Plusieurs enseignants-chercheurs avec qui j’ai parlé ont souligné qu’il est beaucoup plus facile de trouver un poste en France quand on est déjà « dans la maison ». Ceci n’est pas surprenant – n’importe quelle recherche d’emploi est beaucoup plus facile lorsqu’on pratique déjà le métier, ou lorsqu’on travaille dans un organisme semblable à celui où on souhaite travailler. L’un des maîtres de conférence avec qui j’ai parlé dans le cadre de cet article suggère aux candidats d’envoyer des dossiers bien avant le délai marqué « cachet de poste faisant foi », comme les comités risquent de se réunir avant cette date.

Il est possible de trouver des postes universitaires en France, surtout si vous ne souhaitez y vivre qu’un certain temps. Si vous désirez y vivre de façon permanente, il est préférable d’y aller le plus tôt possible, même d’y faire votre diplôme.

Les candidats n’ayant pas terminé leur thèse sont admissibles à des postes temporaires de lecteur et de maître de langue. Des postes d’ATER sont disponibles aux titulaires de doctorat ayant quelques années d’expérience.

Comme au Canada et aux É-U., faire carrière académique en France demande de la ténacité. Mais, si vous souhaitez partir en France, pourquoi ne pas tenter votre chance?

Jennifer Furlong est conseillère en carrières à l’Université de Pennsylvanie.

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