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Conseils carrière

Vous avez un docto-quoi?

Faites valoir vos compétences transférables pour obtenir un emploi hors du milieu universitaire

par JEFF OSWEILER | 10 SEP 07

« Quelqu’un qui en sait énormément sur très peu de choses. » Voilà probablement, de toutes celles que j’ai entendues, la plus juste définition très répandue du doctorant. Mais ceux qui affrontent les vicissitudes du marché du travail hors du cadre universitaire s’y sentent très à l’étroit. Forts de leurs relations de travail et d’une formation directe, la plupart des titulaires de doctorat en sont venus à se définir à juste titre comme des spécialistes invétérés. Le processus de préparation de la dissertation vise essentiellement à générer de nouvelles connaissances, et les pionniers qui s’aventurent sur cette voie armés d’un simple stylo devront délimiter clairement leur contribution à leur domaine. C’est cette spécialisation qui, pour le meilleur ou pour le pire, permettra aux comités d’embauche, aux revues savantes et, surtout, aux candidats eux-mêmes, de circonscrire leur place et leur potentiel dans le milieu universitaire. Mais que se produit-il lorsqu’ils en quittent l’enceinte? Comment survivre dans un milieu qui discute PowerPoint quand on parle surtout pipettes et postmodernisme? Vous y êtes probablement mieux préparé que vous ne le croyez, mais pour vous adapter à ce marché et y faire valoir vos compétences, il vous faut une stratégie active.

Mais qu’est-ce donc qu’une compétence transférable? Difficile à définir, elle tient largement à l’utilité que l’employeur ou le comité d’embauche lui attribue. On dispose toutefois de nombreuses données sur les types de compétences professionnelles généralement appréciées par les employeurs de tous horizons*, et, étonnamment, toutes vont dans le même sens. En voici quelques-unes, qui semblent directement favorisées par le passage aux cycles supérieurs :

Aptitudes exceptionnelles en communication

Voilà des compétences que les candidats formés aux cycles supérieurs ont généralement à revendre, en particulier les aptitudes en rédaction. Bien que le contenu de votre dissertation puisse sembler biscornu, voire ésotérique pour nombre d’employeurs du milieu non universitaire, les études supérieures illustrent très concrètement, par de nombreux aspects cruciaux, la capacité de communiquer de façon efficace et très ciblée. Ce peut être le cas d’un simple examen de la documentation rédigée pour préparer un article ou un exposé en vue d’un séminaire. Même si le sujet visé peut être très solidement arrimé à un domaine de spécialité, il en va tout autrement du processus qui consiste à collecter et à replacer dans son contexte une telle quantité d’information. Il n’est pas donné à tout le monde de savoir présenter rapidement autant de renseignements de façon claire, exhaustive et élégante. Rares sont les nouveaux diplômés du premier cycle qui se sont le moindrement exercés à distiller aussi efficacement une information complexe. Il suffit d’échanger avec les étudiants aux cycles supérieurs – et à leur sujet – pour prendre conscience de l’étendue de leurs compétences transférables en communication, également rendues manifestes dans le cadre de leurs conférences et de leurs mandats à titre d’assistants à l’enseignement. Dans le contexte d’un cours, vous êtes en mesure d’adapter rapidement un contenu complexe à votre auditoire, tant en vous préparant qu’en répondant aux questions et aux regards interrogateurs. Dans votre bureau, vous le faites encore en répondant aux questions des étudiants et en les conseillant de vive voix ou, comme cela se fait de plus en plus, par courriel ou tout autre moyen de communication virtuel. Bref, faites en sorte d’échapper au stéréotype de l’universitaire asocial qui ne s’exprime qu’en jargon. Un étudiant au troisième cycle doit pouvoir communiquer efficacement avec un très large éventail d’interlocuteurs, comme à peu près tout professionnel hors du milieu. En un seul après-midi, l’universitaire peut être appelé à s’adresser à des centaines de personnes, à s’asseoir devant une vedette de son domaine à l’occasion d’un séminaire et à accueillir dans son bureau un étudiant qui a besoin d’aide.

Compétences en recherche et en analyse

Peut-être pensez-vous que, comme étudiant au doctorat, vos capacités de recherche et d’analyse sont manifestes. Bien qu’on associe généralement ces compétences aux études supérieures, vous devez absolument les présenter de façon à faire ressortir leur pertinence pour l’employeur visé. Le processus de recherche et de rédaction d’une dissertation n’est ni bien connu ni apprécié à sa juste valeur hors du milieu universitaire, et votre tâche consiste en partie à éduquer avec amabilité les non-initiés. Certes, la connaissance du logiciel SPSS+ et la capacité d’appliquer habilement la méthode du transfert Western n’intéressent peut-être pas directement tous les employeurs (quoique certains en seront emballés), mais le processus de recherche est en soi très utile et constitue une expérience professionnelle entièrement transférable. Poursuivre des recherches poussées requiert de la patience et de puissantes capacités intellectuelles. Le marché du travail regorge de personnes qualifiées pour mener à bien des recherches sur des questions ou des sujets qui leur sont confiés, mais les employés capables d’articuler eux-mêmes leur projet sont beaucoup plus rares. Votre capacité de poser les bonnes questions et d’analyser les enjeux pertinents est au coeur de votre expérience doctorale. Lorsque vous vous adressez à un employeur qui n’appartient pas au milieu universitaire, veillez à faire ressortir, dans votre curriculum vitæ et votre lettre de présentation et au moment de l’entrevue, votre capacité de traiter et de distiller une grande quantité d’information complexe, de tenir compte de points de vue divergents et de faire preuve d’un sens critique constructif pour traiter des données sous toutes leurs formes.

Autonomie et dynamisme

Invariablement, les étudiants au troisième cycle sont relativement isolés de par la nature du travail à effectuer, surtout en sciences humaines. C’est assurément l’élément des études doctorales que les étudiants eux-mêmes trouvent le plus frustrant, sinon paralysant. Si pénible soit-il de se trouver coupé de la réalité pendant la rédaction de la dissertation, les doctorants en retirent généralement un sens accru de l’initiative et une capacité hors du commun de gérer un calendrier de façon autonome. C’est aussi un acte de foi inspirant envers la tâche entreprise. Dans la grande majorité des cas, le directeur est loin d’imposer les modalités et le rythme du travail quotidien de préparation d’une thèse. Il revient à l’étudiant d’établir un bon calendrier, de dresser la liste des ressources financières et des sources d’information requises, et surtout, de rassembler la motivation qu’il faut pour persévérer et mener le projet à terme. En guise d’encouragements et d’appuis, les étudiants doivent se contenter de peu, sans parler de rémunération. Bref, décrocher son doctorat est une énorme entreprise de gestion de projet, et ceux qui s’en sortent ont assurément ce qu’il faut pour assumer d’autres mandats de portée aussi vaste et comportant des considérations aussi variées.

Ce n’est pas tout!

Voici quelques autres exemples de compétences transférables que vous pourriez avoir intérêt à inscrire dans votre curriculum vitæ ou dans votre prochaine lettre de présentation :

  • Leadership : Vous pouvez citer le leadership dont vous avez dû faire preuve à titre d’enseignant au premier cycle, dans vos échanges avec des collègues de votre département ou dans le cadre d’activités d’organisations de votre domaine.
  • Créativité et ressources intérieures : Vous avez mené à bien un projet d’envergure, malgré les imprévus et la rareté des ressources mises à votre disposition. Votre capacité à trouver des moyens pour aller de l’avant prouve que vous êtes en mesure de trouver des solutions à d’autres difficultés.
  • Travail d’équipe et collaboration : Si, aux cycles supérieurs, la majeure partie du travail s’effectue dans un isolement relatif, il existe d’importantes exceptions à cette règle. L’envergure et le type de travail effectué en collaboration, que ce soit au sein d’une équipe de recherche ou à titre de coauteur d’un article, constituent un témoin important de votre grande capacité de travailler avec autrui.
  • Curiosité : Qu’on l’appelle enthousiasme intellectuel ou soif d’apprendre, la passion avérée qui vous pousse à apprendre par vous-même constitue une qualité très recherchée et réellement utile pour un vaste éventail d’employeurs potentiels.

La seule chose qui fait généralement défaut…

Si nombreuses soient les compétences que peut faire valoir le titulaire d’un doctorat, le sentiment d’accomplissement, appelons-le ainsi faute d’un meilleur terme, n’en fait généralement pas partie. Chez les milliers d’étudiants au doctorat et au postdoctorat que j’ai rencontrés lors de séances d’orientation professionnelle et d’ateliers sur le campus, le principal obstacle à l’accès au marché de l’emploi élargi ne concerne ni leurs aptitudes ni leur intelligence, mais plutôt leur capacité à imaginer et à énoncer comment ces aptitudes pourraient s’appliquer hors du cadre universitaire. Ils croient que seul le contenu de leur recherche détermine leur compétence et sous-estiment les forces qu’ils peuvent avoir retirées du processus de recherche et de rédaction de thèse, qu’ils jugent négligeables ou trop terre-à-terre. Pour percer sur le marché du travail non universitaire, les candidats doivent d’abord être convaincus de détenir des compétences applicables hors de leur discipline. Selon moi, leur vécu aux cycles supérieurs abonde en exemples qui devraient suffire à les en convaincre (et idéalement à convaincre d’éventuels employeurs). En savez-vous vraiment « trop sur trop peu de choses »? En un sens, oui. Mais en approfondissant à ce point vos connaissances et en vous spécialisant de la sorte, il vous a fallu acquérir un formidable éventail de compétences générales que vous pouvez amener tout employeur à reconnaître, si ce n’est déjà fait.

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