Pour certaines personnes, la bibliothèque est l’endroit par excellence pour travailler et avancer ses travaux de recherche. La British Library de St Pancras, à Londres, est l’un de mes lieux de prédilection. J’écris cependant ces lignes à l’occasion d’une résidence d’écriture dans ma propre bibliothèque, et c’est tout aussi merveilleux. Si vous travaillez en sciences pures et appliquées, les bibliothèques n’ont pas le même prestige, car vos recherches se déroulent généralement en laboratoire. Mais peu importe votre vision de l’endroit, vous avez peut-être oublié le rôle des bibliothécaires et en quoi consiste leur travail.
Généralement, en sciences humaines ou sociales, on fait mettre à la réserve les documents nécessaires pour nos cours, et on interagit peu avec le personnel de la bibliothèque. Or, les bibliothécaires de formation peuvent grandement nous aider, nous et nos cohortes étudiantes. En matière de travaux de recherche, je vous confirme que des bibliothécaires de talent ont pu dénicher des sources et des archives que je n’aurais tout simplement jamais trouvées. Leur aide nous permet de profiter du prêt entre bibliothèques et d’obtenir un soutien précieux pour nos recherches, même si on a soi-même du talent de ce côté. Vu l’évolution des technologies et des stratégies de recherche, tout le monde peut apprendre des bibliothécaires. Les étudiantes et étudiants ont aussi beaucoup à gagner en les consultant : aide à la recherche et à la rédaction, même pour une thèse.
Si vous enseignez, vous pouvez les impliquer dans vos cours. La culture de l’information et l’intelligence artificielle doivent absolument être abordées et les bibliothécaires sont les personnes tout indiquées pour former nos cohortes. Elles peuvent aussi leur enseigner à utiliser des requêtes sophistiquées, à effectuer des recherches à partir de citations dans des articles, et même à prendre des notes.
Je donne un cours de base en musicologie (obligatoire ou optionnel, selon le profil), qui comprend des travaux qui requièrent une culture de l’information assez poussée et qui se conclut par un travail de recherche. J’ai donc décidé de l’enseigner en collaboration avec mon merveilleux collègue bibliothécaire. Bon, il ne donne quand même pas la moitié du cours, mais j’en avais assez de voir des cohortes achever leur premier cycle sans maîtriser la base des outils de recherche, alors j’ai décidé que tout le monde dans mon programme aurait à acquérir ces compétences dès le premier trimestre. On commence par leur présenter la bibliothèque pendant 20 minutes la première semaine. Puis, deux semaines plus tard, on consacre toute une période en classe à nos outils de recherche de base. Quelques semaines plus tard, le bibliothécaire revient pour une période sur les méthodes de recherche avancées avec les bases de données. En parallèle, j’assigne à mes groupes un travail en deux parties dans lequel ils doivent effectuer des recherches dans un grand éventail de sources sur le sujet de leur travail final.
Le bibliothécaire a aussi organisé un petit atelier (20 minutes) sur la citation des références qui a vraiment aidé mes groupes.
Le tout a eu des résultats phénoménaux. À la fin du trimestre, on m’a remis des travaux bien documentés, avec des notes en bas de pages et des bibliographies rédigées avec soin, ce qui n’aurait tout simplement pas été possible sans l’aide de mon collègue bibliothécaire. Même que les étudiantes et étudiants ont adoré ses visites (il était divertissant à écouter et utilisait des approches d’apprentissage actif, comme des jeux de références); on avait toujours hâte à ces séances, qui auraient pu être vues comme rébarbatives. Ce cours combiné a vraiment tout changé. J’ai même mis la photo du bibliothécaire dans une diapositive de la présentation que je montre au premier cours, et son courriel figure au plan de cours, pour encourager le groupe à lui demander du soutien.
Les bibliothécaires sont d’une aide précieuse et ont, en plus, de l’enthousiasme à revendre. Il leur est d’ailleurs nécessaire, dans leur poste, de démontrer l’impact de leur travail au sein de l’établissement. En les invitant dans vos cours, vous pourriez les aider à progresser dans leur carrière et à obtenir une promotion. Le bibliothécaire avec qui je collabore s’occupe des évaluations en lien avec ses contenus, ce qui m’accorde un peu de répit pendant ce cours chargé. Quand on s’associe à nos comparses bibliothécaires et qu’on les inclut dans nos activités de recherche et d’enseignement, tout le monde y gagne.