Inciter les universités à faire participer activement leurs retraité.e.s à leurs activités est l’un des 10 principes du mouvement des universités amies des aîné.e.s (AFU). Si d’autres principes touchent plutôt à l’amélioration de l’accessibilité pour les aîné.e.s, le premier mentionné s’harmonise parfaitement aux intérêts de la quarantaine d’associations des retraité.e.s des universités du pays.
Qu’est-ce qu’une AFU?
Les programmes de formation des universités sont traditionnellement pensés pour les jeunes, sans trop se préoccuper des autres groupes d’âge, tels que les aîné.e.s. Toutefois, certaines universités ont récemment commencé à adhérer aux principes des AFU, qui encouragent la participation du troisième âge à plusieurs de leurs activités et de leurs programmes.
L’idée des AFU a pris forme à l’Université de Dublin en 2012. Le premier établissement d’enseignement supérieur canadien à rejoindre les rangs du réseau mondial des AFU a été l’Université du Manitoba en 2016. Depuis, sept autres universités canadiennes se sont jointes au mouvement. Les projets sur le campus en lien avec le mouvement sont pilotés par le Centre sur le vieillissement de l’Université du Manitoba en collaboration avec un comité décisionnel auquel participent des membres de l’Association des retraité.e.s de l’Université (UMRA). L’initiative a comme objectif général d’assurer l’adhésion de l’Université aux 10 principes d’une AFU et de réfléchir aux possibilités qui en découlent. Le passage à la retraite du personnel de l’Université et la participation d’universitaires aîné.e.s, de professeur.e.s émérites et d’autres membres du personnel retraité.e.s à la vie de l’établissement sont des questions abordées dans le cadre de l’initiative.
Les effets des AFU sur les retraité.e.s
Si l’ensemble des principes d’une AFU ont une incidence sur les retraité.e.s, plusieurs d’entre eux ont un effet encore plus direct, qui va au-delà de la participation des aîné.e.s aux activités universitaires. Il y a notamment le principe qui encourage la participation de la communauté à toutes les activités principales de l’université, comme les programmes d’enseignement et de recherche, celui qui fait la promotion de l’apprentissage intergénérationnel et favorise la transmission du savoir entre personnes de tous âges et celui qui prône un accès accru pour cette communauté aux programmes de santé et de bien-être de même qu’aux activités artistiques et culturelles.
Les chamboulements qu’apporte la retraite peuvent pousser certaines personnes à poursuivre leurs études, commencer une nouvelle formation ou continuer à enseigner. Ainsi, le fait d’offrir des occasions en ce sens et de faciliter l’accès à l’université peut favoriser leur participation. Les activités de recherche peuvent être une autre avenue intéressante pour les retraité.e.s, soit à titre de sujets, surtout que l’on constate une augmentation des projets portant sur les aîné.e.s et le vieillissement, soit à titre de chercheurs et chercheuses, pour les personnes souhaitant continuer à s’adonner à la recherche. L’idée de l’apprentissage intergénérationnel pourrait aussi être séduisante pour certain.e.s retraité.e.s qui veulent mentorer de jeunes étudiant.e.s, que ce soit de façon informelle ou dans le cadre d’un programme de mentorat. Dans la variété de possibilités qu’offrent les universités, les programmes artistiques, culturels, de santé et de bien-être sont particulièrement attrayants pour les personnes retraitées. Il est donc possible d’en faire la promotion en ciblant individuellement les gens ou en établissant des partenariats avec les associations de personnes retraitées.
Les initiatives de l’Université du Manitoba à titre d’AFU
L’adhésion de l’Université du Manitoba au mouvement a donné lieu à divers projets qui soutiennent les aîné.e.s et les retraité.e.s et les encouragent à participer à une grande variété d’activités et de programmes. En 2021, certains de ces projets ont permis de rendre le campus davantage accessible, de transmettre des connaissances technologiques (au moyen de formations en ligne), de favoriser les interactions intergénérationnelles (p. ex., grâce à une série d’ateliers pour les artistes de toutes les générations) ou de former les professeur.e.s et les personnes-ressources qui travaillent avec des aîné.e.s. L’une des premières initiatives à voir le jour avait pour but de documenter les particularités des universités du mouvement des AFU comparativement à celles qui n’y adhèrent pas. Pour ce faire, 10 scientifiques citoyen.ne.s aîné.e.s ont mené les activités de recherche. De plus, le groupe responsable des initiatives AFU sur le campus a milité pour placer l’âge au cœur des formations sur l’équité, la diversité et l’inclusion ainsi que des discussions portant sur la gestion des ressources humaines et les infrastructures de transport actif du campus. En tant que membre du mouvement AFU, l’Université a récemment commencé à réfléchir aux moyens de soutenir davantage les universitaires aîné.e.s, les professeur.e.s émérites et les membres du personnel retraité.e.s et de favoriser davantage leur participation à la vie de l’établissement.
Le mouvement des AFU donne aux universités l’élan nécessaire pour favoriser l’inclusion des personnes aînées et rendre leur milieu ouvert et accessible. L’adhésion d’une université au mouvement entraîne des effets bénéfiques directs sur les retraité.e.s de sa communauté.
Bill Kops est professeur émérite à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université du Manitoba et s’intéresse depuis longtemps à l’éducation des aîné.e.s. Michelle Porter dirige le Centre sur le vieillissement de l’Université du Manitoba et est une importante figure du mouvement des universités amies des aîné.e.s.