Cette année, la Conférence nationale de l’Association des registraires des universités et collèges du Canada (ARUCC) était organisée par l’Association des retraités de l’Université de Waterloo (UWRA), du 22 au 24 mai 2024. Sous le thème « S’épanouir à la retraite », l’événement a attiré une centaine de personnes retraitées venues de partout au Canada pour écouter les conférencières et conférenciers, participer à des séances en petits groupes et assister à des tables rondes Le premier orateur, Howard Armitage, professeur émérite de l’Université de Waterloo, a présenté un exposé intitulé « Designing Your Retirement: Thriving in Life’s Next Chapter » (Dessiner sa retraite : s’épanouir dans ce nouveau chapitre de la vie). Voici un résumé de cette inspirante présentation.
Depuis quelques années, le concept de « s’épanouir à la retraite » gagne en popularité. Cela s’explique en partie par le nombre croissant de personnes retraitées au pays. Selon Statistique Canada, 20 % de notre population est maintenant âgée de plus de 65 ans, un chiffre qui augmente rapidement. D’ici 2030, cinq millions de Canadiennes et Canadiens supplémentaires atteindront l’âge de 65 ans. Toujours selon Statistique Canada, le pays compte aujourd’hui 13 500 centenaires, soit une augmentation de 43 % par rapport à 2018. Cet intérêt accru pour la longévité est reflété dans la recherche universitaire, avec plus d’articles publiés sur ce sujet depuis 2010 qu’au cours des 150 années précédentes.
Cependant, il ne s’agit pas seulement de vivre plus longtemps, mais de vieillir en bonne santé. Bien souvent, une longévité accrue est synonyme d’un plus grand nombre de maladies, ce qui soulève la question suivante : souhaitons-nous vraiment vivre plus longtemps si nos dernières années sont marquées par une mauvaise santé? Les personnes retraitées des universités et des collèges ne sont pas seulement préoccupées par la longévité, mais aussi par la façon de s’épanouir en vieillissant.
Avec l’augmentation de l’espérance de vie et l’amélioration des soins de santé, le modèle traditionnel de la retraite est en pleine transformation. De plus en plus, la retraite est considérée comme un nouveau chapitre de la vie, une occasion d’exploration et de croissance. Cette évolution ajoute aux préoccupations essentiellement financières de la retraite ,une préparation émotionnelle, accompagnée de plans et d’objectifs pour faciliter la transition entre la carrière principale et une nouvelle étape de la vie En tant que société, nous embrassons la conviction que la santé est notre plus grande richesse. Définissons donc la notion de « s’épanouir à la retraite » comme suit :
S’épanouir à la retraite est un concept holistique qui englobe la santé physique, le bien-être émotionnel, les relations enrichissantes, le perfectionnement personnel continu et une approche positive à l’égard des changements et des défis de la vie. Il s’agit de façonner activement l’après-carrière pour mener une vie utile et épanouissante.
Vers une retraite épanouissante
Les livres, les articles, les balados, les infolettres et les sites Web consacrés à la longévité et au maintien de la santé sont légion. Les plus grands noms dans le domaine sont Peter Attia (auteur d’Outlive [en anglais seulement]), Dan Buettner (auteur de Les zones bleues), ainsi que des centres de recherche universitaires comme le Network for Aging Research (en anglais seulement) de l’Université de Waterloo et le Portail sur le vieillissement optimal de McMaster. Les groupes de promotion d’intérêts, comme RTOERO, NIA et CARP (tous en anglais seulement) apportent également des données précieuses. Malgré la diversité des sources, un consensus se dégage sur plusieurs stratégies pour vivre mieux et plus longtemps. Concentrons-nous sur les trois piliers : l’exercice, les liens sociaux et l’alimentation.
Le rôle de l’exercice
L’exercice est souvent en tête de liste des stratégies déterminantes en matière de longévité et de maintien de la santé. Stuart Phillips, directeur du Centre d’excellence sur l’activité physique (en anglais seulement) de l’Université McMaster et du Centre de recherche sur la nutrition, l’exercice et la santé, souligne les avantages de l’exercice physique :
« Imaginez une pilule qui réduirait le risque et améliorerait le pronostic de toutes les maladies chroniques connues; elle serait efficace, quels que soient le risque actuel, l’origine ethnique, le genre ou l’âge. Nous n’avons pas besoin de tester cette pilule, car de nombreuses données démontrent son efficacité. Les autres effets secondaires bénéfiques comprennent la réduction de l’anxiété et de la dépression et l’amélioration du sommeil. Ce serait le médicament le plus prescrit au monde. Hélas, cette pilule n’existe pas. En revanche, tous ces bienfaits découlent d’une participation accrue à l’activité physique et à l’exercice. »
Il est prouvé que l’exercice physique, même à petite dose, procure des avantages considérables en matière de longévité et de maintien d’une bonne santé globale. Si vous avez besoin de motivation, Dan Buettner suggère de commencer par des « collations d’exercice ». Commencez doucement, trouvez une activité qui vous plaît, essayez d’augmenter votre niveau d’activité à raison de dix minutes par sortie. Les minutes supplémentaires comptent, alors trouvez des groupes ou des cours pour accroître votre temps d’activité, marchez chaque fois que vous le pouvez, prenez les escaliers quand c’est possible, envisagez d’utiliser des poids légers… Comme l’a souligné André Picard dans un récent article du Globe and Mail, « C’est la forme physique qui compte, pas l’âge. »
L’importance des liens sociaux
Les liens sociaux sont essentiels pour une retraite épanouie. Selon Peter Attia « Il est inutile d’aspirer au maintien d’une bonne santé physique et à l’atteinte de la longévité si nous ignorons notre santé émotionnelle ». Les interactions sociales, le bénévolat et le sentiment d’inclusion aident les personnes retraitées à rester en bonne santé, impliquées et productives. Cependant, l’isolement social et la solitude sont des problèmes qui touchent une personne retraitée sur quatre au Canada. L’isolement social augmente le risque de trouble neurocognitif, de maladie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. Les stratégies de lutte contre l’isolement consistent notamment à cultiver les amitiés, à participer à des activités communautaires, à garder le contact avec les proches, à faire du bénévolat et à éviter la négativité.
Alimentation et nutrition
L’alimentation est le troisième pilier d’une retraite épanouie. Il n’existe pas de recette unique, mais il est prouvé que les régimes riches en légumes, fruits, noix, poissons, polyphénols et céréales complètes, et faibles en sucre, aliments transformés et viandes animales, sont associés à la longévité et au maintien de la santé. Le régime méditerranéen est souvent cité en exemple. Peter Attia conclut plusieurs années de recherches approfondies par des conseils simples et directs : mangez moins, éliminez la malbouffe, consommez davantage de protéines et buvez moins d’alcool.
Saurons-nous entendre le message?
Comme l’a dit Abraham Lincoln, « À la fin, ce ne sont pas les années qui comptent dans votre vie, mais la vie dans vos années ». Rares sont les personnes retraitées qui n’aspirent pas à la longévité et au maintien de la santé. Nous voulons éviter, ou du moins réduire l’incidence de ce que Peter Attia appelle les « Quatre Cavaliers » : les maladies cardiaques, le cancer, les maladies neurodégénératives et le diabète de type 2 (et les dysmétabolies connexes). Chaque personne doit un jour ou l’autre franchir le cap de la fin de vie, mais l’adoption de stratégies de maintien de la santé peut nous offrir des années supplémentaires et, plus important encore, nous permettre de nous épanouir en vieillissant. L’objectif devrait être de profiter d’années, voire de décennies « en prime », plutôt que de se contenter de vivre plus longtemps en mauvaise santé.
Faire de l’exercice modéré, entretenir des liens sociaux, améliorer son alimentation, éviter de fumer et réduire sa consommation d’alcool ne sont pas des objectifs si difficiles à atteindre. Cependant, malgré les études qui démontrent que ces stratégies peuvent conduire à des vies plus longues et plus épanouissantes, les humains sont réticents à changer leurs habitudes bien ancrées.. Dans son article phare, « Change or Die » (en anglais seulement), Alan Deutschman pose la question suivante :
Changer ou mourir? Et si vous aviez le choix? Vraiment. Il s’agit d’une question de vie ou de mort. De votre propre vie ou de votre mort. Si une autorité bien informée et digne de confiance vous disait que vous deviez apporter des changements difficiles et durables à vos pensées et vos comportements? Si vous ne le faites pas, votre dernière heure arrivera bientôt, bien plus tôt que prévu. Pouvez-vous changer quand cela compte vraiment? Au moment le plus important? Oui, dites-vous? Essayez encore une fois. Oui? Vous vous bercez probablement d’illusions. Vous ne changeriez pas. Vous ne me croyez pas? Vous voulez connaître vos chances? Les voici : scientifiquement, les probabilités étudiées sont de neuf contre un. C’est neuf contre un, contre vous. Et puis, aimez-vous vos chances?
Relever le défi
Dans votre quête d’une retraite épanouie, êtes-vous prête ou prêt à réfléchir aux objectifs que vous souhaitez atteindre et à prendre les mesures nécessaires pour les réaliser? Si c’est le cas, il semble possible de s’opposer à la conclusion de M. Deutschman et d’accroître la probabilité d’un changement positif. Grâce à son livre Tout se joue avant 8:00, Hal Elrod a aidé des millions de personnes à changer leur vie en visualisant le processus leur permettant d’atteindre leurs objectifs. Il affirme que « plus vous voyez clairement ce que vous voulez, plus vous augmentez vos chances de réussite ».
Il n’y a peut-être pas de solution miracle pour garantir la longévité et le maintien de la santé, mais vous pouvez suivre les étapes qui vous mèneront dans cette direction.
Howard Armitage, un octogénaire récemment retraité de l’Université de Waterloo, s’épanouit en tant que formateur, athlète et mentor. Il encourage de jeunes entreprises, accompagne des personnes étudiantes et fait du bénévolat dans la collectivité.