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À mon avis

À la défense de savoirs scientifiques responsables et engagés

La sortie médiatique d’Yves Boisvert contre la chercheuse Manon Bergeron et l’enquête ESSIMU s’appuie sur une vision restreinte de la science.

par FRANCINE DESCARRIES & SANDRINE RICCI | 14 FEV 19

Ce texte est également signé par plus d’une centaine de membres du RéQEF, professeur·e·s, chargé·e·s de cours, étudiant·e·s aux cycles supérieurs, chercheuses, chercheurs des universités et des milieux de pratique (voir liste en fin de document).

À titre de membres du Réseau québécois en études féministes (RéQEF), nous nous réjouissons que le prix de la scientifique de l’année 2018 de Radio-Canada ait été remis à Manon Bergeron, professeure au département de sexologie de l’UQAM et membre du RéQEF. Nous sommes ravies, en particulier, de la reconnaissance accordée à l’Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu universitaire (ESSIMU) sur les violences sexuelles en milieu universitaire, un projet soutenu depuis ses débuts par le RéQEF. Nous ne sommes guère surprises que cette reconnaissance suscite la controverse : les chercheuses féministes, spécialement en sciences humaines et sociales, sont habituées à voir leur travail de production de connaissances questionné, sinon disqualifié à l’aune d’une vision positiviste et unidimensionnelle de la science. À l’instar de la présente polémique sur ce qui constitue ou non de la « science », cette vision nous apparaît désuète et porteuse de contre-vérités, en porte-à-faux avec la nouvelle « Recommandation concernant la science et les chercheurs scientifiques » de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Pour une vision globale de la science

La science a un rôle important à jouer pour penser et transformer le monde; il importe donc de porter un regard critique sur notre conception de ce qu’est la science. La sortie médiatique d’Yves Boisvert contre la lauréate du prix de la scientifique de l’année et l’enquête ESSIMU s’appuie sur une vision restreinte de la science. Le chroniqueur aurait pu considérer la science de manière globale et actualisée, au vu de son développement et de ses diverses réalités. Certes, la recherche féministe ou engagée, comme tous les autres types de recherche, n’est jamais à l’abri de faiblesses ou de biais, mais cette possibilité n’invalide pas d’office la qualité des résultats.

La recherche exploratoire permet justement de découvrir des réalités, de faire apparaître de nouveaux terrains pour la science. En l’occurrence, l’enquête ESSIMU nous permet d’accéder, pour la première fois, à des données québécoises fiables sur les formes, les contextes et les conséquences des violences sexuelles qui traversent nos campus universitaires. Obtenue grâce à un échantillon massif dans six universités différentes (plus de 9 000 répondant·e·s), une telle information s’avère essentielle pour appréhender et contrer le phénomène dans ses diverses manifestations. Elle a d’ailleurs déjà favorisé l’adoption d’une loi et la mise en place de politiques institutionnelles et de programmes de formation partout au Québec, des mesures qui sont un pas vers davantage de prévention.

Un lien science/société à valoriser

La tension entre le registre de la science et le registre de la participation de la communauté scientifique aux affaires de la cité est un thème épistémologique classique, comme le relève notamment Philippe Corcuff dans Le savant et le politique. Dans toutes les disciplines, avec des méthodes quantitatives ou qualitatives, les études féministes produisent des savoirs à forte pertinence scientifique et sociale qui permettent de mieux comprendre les phénomènes sociaux et les rapports humains. Ces travaux ont en commun de ne pas prétendre à la Vérité : ils participent au processus scientifique de comprendre ces réalités et visent, comme le recommande l’UNESCO à propos de la responsabilité de la science, « l’édification de sociétés plus humaines, plus justes et plus inclusives ».

Dans une conjoncture marquée, d’une part, par la crise du capitalisme, des politiques d’austérité racistes et anti-immigration, des inégalités persistantes entre les femmes et les hommes et, d’autre part, des mobilisations sociales qui proposent des alternatives démocratiques, égalitaires et solidaires, l’UNESCO appelle aussi à « une interaction constructive entre la science et la société afin de faire face aux défis planétaires ».

Loin d’y voir un obstacle à la scientificité de nos travaux de recherche, nous considérons au contraire notre posture de chercheuses engagées comme du « carburant cognitif ». Pour le dire autrement, un cadre d’analyse féministe permet de rendre visibles des phénomènes et des enjeux qui restent trop souvent dans l’ombre. Les sciences sociales en général nous offrent de multiples et précieux outils intellectuels et méthodologiques, autant pour battre en brèche la figure du savant désengagé que pour désarmer « le piège de l’événement. »

Pour en finir avec le mythe de l’objectivité

La critique épistémologique féministe a largement fait la preuve que l’objectivité scientifique, traditionnellement posée comme un principe absolu de la démarche scientifique, est un leurre qui occulte les rapports de pouvoir. Le mythe de l’objectivité des scientifiques prend sa source dans une conception idéaliste de l’activité de recherche qui serait coupée du monde concret et pratiquée – dans une tour d’ivoire – par des expert·e·s désintéressé·e·s. Or, tel que Marie-Josèphe Dhavernas l’écrivait dès 1992 : « La science est tributaire, dans sa réalisation, des mécanismes institutionnels, des objectifs politiques et des représentations des sociétés où elle se pratique, lesquelles sont encore massivement dominées par les hommes. Dès lors la science est à l’image de la société qui la produit, elle est à investir et à transformer au même titre que les autres domaines de cette même société. »

Les féministes ont montré l’importance de mettre au jour la subjectivité des intellectuel·le·s et les limites de ce que Max Weber qualifiait de « neutralité axiologique ». Cette épistémologie du « point zéro », comme la nomme Castro-Gomez, s’est imposée dans la rationalité scientifique et technique de la modernité, devenue le sens commun de nos sociétés. Pourtant, le chercheur ou la chercheuse, quelle que soit sa discipline, quelles que soient ses conditions de production, vient avec ses préjugés, ses hypothèses, ses valeurs, ses ambitions. C’est d’ailleurs précisément à partir de la position et de la parole des femmes que des recherches féministes ont pu éclairer les points aveugles de savoirs scientifiques qui occultent la dimension sexuée des rapports sociaux. Pour paraphraser Micheline Dumont, l’objectivité, c’est la subjectivité des hommes. Ces derniers ont fixé les règles du « jeu » et peinent à problématiser tant le mode de pensée patriarcal que les injustices épistémiques qui en découlent. En conséquence, les connaissances issues de perspectives explicitement situées – féministes et postcoloniales, notamment – sont bien souvent conçues comme particularistes, incompatibles avec l’universalité et reléguées au bas de la pyramide des savoirs.

L’opposition insidieuse entre sciences « dures » et sciences « molles »

Dans toute leur diversité, les études féministes, sur le genre ou sur les femmes ont pour point de convergence, non seulement de remettre en cause le primat de l’objectivité – contribuant ainsi de manière significative à la conversation mondiale qui perdure sur cette question – mais encore de montrer l’arbitraire d’une distinction hiérarchique entre sciences « dures » et sciences « molles ». Les premières sont généralement considérées comme les seules vraies sciences, en raison, notamment, de l’importance accordée au canon de la reproductibilité et de l’illusion d’objectivité qu’elles entretiennent. Cette opposition entre les sciences n’est pas sans refléter une division entre objectivité et subjectivité, entre rationalité et émotivité, entre masculin et féminin.

Un tel dualisme sous-tend la supériorité d’une catégorie sur l’autre et impose cette hiérarchie à l’expérience humaine et à la compréhension qu’on peut en avoir, proposant ainsi l’immatérialité, l’abstraction, l’universel comme mode capable de penser le monde de façon infinie et englobante. Plutôt que de se cantonner dans des oppositions stériles, il nous apparaît nettement plus heuristique de considérer que les sciences « dures » et « molles » se nourrissent les unes des autres; les projets transdisciplinaires en sciences environnementales en font par exemple état.

Des savoirs qui dérangent

Dans la polémique entourant l’enquête ESSIMU et, plus largement, à propos des études féministes, est-ce la méthode, la perspective ou l’objet d’étude qui dérange, finalement? Au Québec comme ailleurs, des recherches ont largement démontré que les divers types d’attaques dont les femmes sont statistiquement si nombreuses à faire l’objet constituent l’un des signes les plus évidents de rapports hommes-femmes inégalitaires, sans compter les autres formes de domination qui traversent ceux-ci. En dépit de sa relative institutionnalisation au Québec et ailleurs, le regard féministe systémique sur la violence appelle souvent le déni et la disqualification, comme le montre notamment la réception parfois hostile des résultats de l’enquête ESSIMU. Les discours détracteurs remettent en cause un mouvement social et des études féministes dont différents observateurs et observatrices amplement médiatisé·e·s suggèrent régulièrement qu’ils vont trop loin.

La négation de la violence masculine envers les femmes est l’un des piliers de l’antiféminisme. Les réactions s’avèrent d’autant plus exaspérées, affirmant, par exemple que les études gonflent les chiffres de la victimisation des femmes ou adoptent des définitions par trop extensives de la violence commise à leur encontre, que ces dernières placent la loupe sur des formes indirectes de violence. Ainsi, il semble difficile d’admettre que la violence, incluant dans ses formes sexualisées, s’exerce bien souvent sans impliquer de recours à la brutalité physique, au-delà même de l’intentionnalité ou de la responsabilité des individus. Comme le souligne Kimberlé Williams Crenshaw à propos des femmes victimes de violence masculine : « Dans la plupart des cas, l’agression physique (…) n’est que la manifestation la plus immédiate de la subordination dans laquelle elles vivent. »

N’en déplaise aux partisans du statu quo, on doit aux savoirs scientifiques responsables et engagés un dépassement du sens commun comme des conceptions traditionnalistes de la science, en route vers une meilleure connaissance de réalités sociales qui doivent changer. C’est pourquoi l’on peut se féliciter de la reconnaissance accordée à Manon Bergeron et à l’enquête ESSIMU sur les violences sexuelles en milieu universitaire, une problématique sociale et scientifique qui mérite toute notre attention.

Francine Descarries est professeure de sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directrice du Réseau québécois en études féministes (RéQEF). Sandrine Ricci est candidate au doctorat en sociologie à l’UQAM, cochercheure de l’Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu universitaire (ESSIMU) et coordonnatrice du RéQEF.

Appuyé par :

  • Stéphanie Demers, professeure, Département des sciences de l’éducation, UQO
  • Anouk Bélanger, professeure, Département de communication sociale et publique, UQAM
  • Hélène Lee-Gosselin, professeure, Département de management, Université Laval
  • Eve-Marie Lampron, professeure associée à l’IREF (UQAM)
  • Lyne Kurtzman, professionnelle, UQAM
  • Mélissa Blais, professeure associée, Institut de recherches et d’études féministes, UQAM
  • Diane Lamoureux, professeure associée, Département de science politique, Université Laval
  • Véronica Gomes, candidate au doctorat (sociologie, UQAM)
  • Stéphanie Tremblay, Regroupement québécois des CALACS
  • Anne-Marie Veillette, étudiante au doctorat, Centre urbanisation culture et société, INRS
  • Anne-Sophie Gobeil, chargée de cours et doctorante en Communication publique, Université Laval
  • Geneviève Pagé, professeure, Département de science politique, UQAM
  • Isabelle Boisclair, professeure, Département des lettres et communications, Université de Sherbrooke
  • Dinaïg Stall, professeure, École supérieure de théâtre, UQAM
  • Michèle Frenette, étudiante au doctorat en service social, Université d’Ottawa
  • Stéphanie Mayer, chargée de cours en science politique, UQAM
  • Diane Gagné, professeure en relations industrielles, UQTR
  • Geneviève Rail, professeure, Institut Simone-De Beauvoir, Université Concordia
  • Sylvie Lévesque, professeure, Département de sexologie, UQAM
  • Odile Boisclair, cocoordonnatrice, L’R des centres de femmes du Québec
  • Estelle Lebel, professeure associée, Département d’information et de communication
, Université Laval
  • Kharoll-Ann Souffrant, T.S et candidate à la maîtrise en service social, Université McGill.
  • Alexie Labelle, doctorante en science politique et chargée de cours, Université de Montréal
  • Dominique Bourque, professeure, Institut d’études féministes et de genre, Université d’Ottawa
  • Leila Celis, professeure, Département de Sociologie, UQAM
  • Pascale Dufour, professeure, Département de science politique, Université de Montréal
  • Patrick Snyder, professeur, Département d’histoire, Université de Sherbrooke
  • Isabel Côté, professeure, département du travail social, UQO
  • Simon Lapierre, professeur, École de service social, Université d’Ottawa
  • Anne Renée Gravel, professeure, École des sciences de l’administration, Université TÉLUQ
  • Jade St-Georges, candidate au doctorat, Département de Management, Université Laval
  • Louise Boivin, professeure, Département de relations industrielles, UQO
  • Marise Bachand, professeure, Département des sciences humaines, UQTR
  • Marie-France Goyer, candidate au doctorat et chargée de cours, Département de sexologie, UQAM
  • Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique, UQAM
  • Louise Langevin, professeure, Faculté de droit, Université Laval
  • Marie-Claude Garneau, doctorante, Département de français, Université d’Ottawa
  • Hélène Belleau, professeure, Institut National de la Recherche Scientifique
  • Élisabeth Mercier, professeure, Département de sociologie, Université Laval
  • Manon Bergeron, professeure, Département de sexologie, UQAM
  • Marie-Hélène Deshaies, chargée de cours, Département de psychosociologie et travail social, UQAR
  • Anouk M.Renaud, étudiante à la maîtrise en sociologie, UQAM
  • Catherine Rousseau, étudiante à la maîtrise en sexologie, UQAM
  • Isabelle Marchand, professeure en travail social, UQO, campus St-Jérôme
  • Sarah Beauchemin-Roy, professionnelle de recherche, UQO et UdeM
  • Valérie Morin, M.A. Sexologie, Université du Québec à Montréal
  • Rachel Chagnon, professeure, Département des sciences juridiques, UQAM
  • Carole Boulebsol, étudiante au doctorat, Sciences humaines appliquées, Université de Montréal
  • Anastasia Berwald, étudiante au doctorat, Faculté de droit, Université d’Ottawa
  • Martine Delvaux, professeure, Département d’études littéraires, UQAM
  • Sarah Thibault, étudiante à la maîtrise en science politique, UQAM
  • Émilie Biland-Curinier, professeure associée, Département de science politique, Université Laval
  • Isabelle Auclair, professeure, Département de management, Université Laval
  • Héloïse Michaud, doctorante, Département de science politique, UQAM
  • Dominique Damant, professeure honoraire, École de travail social, Université de Montréal
  • Sophie-Anne Morency, étudiante, Département de science politique, UQAM
  • Mélanie Ederer, étudiante, École de travail social, UQAM
  • Anouk Bélanger, professeure, Département de communication sociale et publique, UQAM
  • Diane Gagné, professeure, Département de la gestion des ressources humaines, École de Gestion, UQTR
  • Chantal Maillé, professeure, Institut Simone de Beauvoir, Université Concordia
  • Marie-Dominik Langlois, doctorante en études sociologiques et anthropologiques, Université d’Ottawa
  • Ryoa Chung, professeure, Département de philosophie, Université de Montréal
  • Ève-Laurence Hébert, doctorante, Département de science politique, Université de Montréal
  • Sirma Bilge, professeure, Département de sociologie, Université de Montréal
  • Julie Lavigne, professeure, Département de sexologie, UQAM
  • Diane Matte, organisatrice communautaire, Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle
  • Manon Monastesse, directrice générale, Fédération des maisons d’hébergement pour femmes
  • Isabelle Courcy, professeure associée, Département de sociologie, UQAM
  • Louise Lafortune, coordonnatrice intervention/problématique, RMFVVC
  • Anne-Sophie Gobeil, doctorante, Département d’information et de communication, Université Laval
  • Isabelle Côté, professeure, École de service social, Université Laurentienne
  • Marie-Neige Laperrière, professeure, Droit, Département des sciences administratives, UQO
  • Marie Soleil Chrétien, étudiante à la maîtrise, Département de science politique, UQAM
  • Alanna Thain, directrice, Institut de genre, sexualité et féminisme, Université McGill
  • Camille Robert, doctorante et chargée de cours, Département d’histoire, UQAM
  • Josette Brun, professeure, Département d’information et de communication, Université Laval
  • Mélissa Thériault, professeure, Département de philosophie et des arts, UQTR
  • Adèle Clapperton-Richard, candidate à la maîtrise en histoire, Département d’histoire, UQAM
  • Aline Charles, professeure, Département des sciences historiques, Université Laval
  • Caterine Bourassa-Dansereau, professeure, département de communication sociale et publique, UQAM
  • Nicole Côté, professeure, Département des lettres et communications, Université de Sherbrooke
  • Chiara Piazzesi, professeure, Département de sociologie, UQAM
  • Priscyll Anctil Avoine, étudiante au doctorat en science politique et études féministes, UQAM
  • Louise Cossette, professeure, Département de psychologie, UQAM
  • Marie-Andrée Roy, professeure, UQAM
  • Jessica Riel, professeure, Département de relations industrielles, UQO
  • Louise Dupré, professeure retraitée, Département d’études littéraires, UQAM
  • Johanne Daigle, professeure, Département des sciences historiques, Université Laval
  • Marilyne Brisebois, doctorante, Département des sciences historiques, Université Laval
  • Anne Quéniart, professeure, Département de sociologie, UQAM
  • Sophie Bissonnette, réalisatrice
  • Véronique Pronovost, doctorante, Département de science politique, UQAM
  • Mylène de Repentigny-Corbeil, candidate à la maitrise en communication sociale et publique, UQAM
  • Huguette Dagenais, professeure associée, Département d’anthropologie, Université Laval
  • Anne-Julie Beaudin, étudiante à la maîtrise, Département d’histoire de l’art, UQAM
  • Olga Navarro-Flores, professeure, Département de management et technologie, UQAM
  • Anne Létourneau, professeure adjointe, Institut d’études religieuses, Université de Montréal
  • Guylaine Demers, titulaire de la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés, Université Laval
  • Anne Martine Parent, professeure, Département des arts et lettres, UQAC
  • Marie-Hélène Verville, étudiante à la maîtrise en relations industrielles, UQO
  • Naomie Léonard, candidate à la maîtrise en science politique, UQAM
  • Julie Ravary-Pilon, stagiaire postdoctorale IREF, UQAM
  • Elena Waldispuehl, candidate au doctorat en science politique, Université de Montréal
  • Sylvie Morel, professeure, Département des relations industrielles, Université Laval
  • Verushka Lieutenant-Duval, chargée de cours, UQAM, et doctorante en communication, Université d’Ottawa
COMMENTAIRES
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  1. Marie-Hélène Brunet / 14 février 2019 à 11:23

    Bravo et merci pour ce texte. J’appuie.
    Marie-Hélène Brunet, Professeure, Faculté d’éducation, Université d’Ottawa

  2. Nadine Jammal / 22 février 2019 à 18:15

    Bravo à mes amis Facebook pour avoir partagé cette nouvelle!

  3. Georges-André Tessier, M.Ps / 28 février 2019 à 10:25

    Le fait de reconnaitre que l’objectivité parfaite est impossible à atteindre ne doit pas devenir un alibi pour abandonner les efforts dans la recherche de l’objectivité. C’est ça le projet de LA science. Le contraire, c’est de la contre-science et fut elle pratiqué par la plus honorable des militante féministe que ça resteras de la contre-science.

    Désolé!

  4. Michel Belley / 2 mars 2019 à 13:05

    Il peut y avoir un problème avec le savoir scientifique lorsqu’il est utilisé par et pour défendre des idéologies. La science en elle-même est neutre à ce sujet. Par contre, lorsque mal utilisée, elle peut servir à défendre l’eugénisme et le racisme.

    Dans le cas présent, ce qui a été critiqué dans les journaux, c’est d’abord et avant tout la méthodologie utilisée dans le rapport ESSIMU sur les violences sexuelles, ainsi que l’inclusion d’incivilités et d’agressions non violentes dans les « violences sexuelles », ceci dans le but de gonfler des statistiques pour les rendre beaucoup plus alarmantes. Ceci n’est pas de la science, mais plutôt de la politique basée sur des demi-vérités. Le texte présenté ici, par FRANCINE DESCARRIES & SANDRINE RICCI, ne répond malheureusement pas à ces critiques. J’inviterais les signataires de cet article à lire le questionnaire ESSIMU (l’annexe 2) ainsi que mon article dans La Presse. http://mi.lapresse.ca/screens/7e0fc153-ee39-414d-b330-fa3847c08858__7C___0.html

    L’autre problème associé spécifiquement aux études féministes, ce sont les définitions élargies des termes comme agression, harcèlement et violence. Quand ces définitions dépassent largement les acceptations acceptées dans les dictionnaires, par la société et dans les lois civiles, et qu’on médiatise des résultats basés sur ces nouvelles définitions sans les expliquer, on finit par mélanger tout le monde et parler dans le vide. On sort carrément du domaine de la science lorsqu’on utilise des concepts flous, mal définis ou trop larges. On entre ainsi dans la politique, la pseudoscience et la mystification. De plus, quand on accuse et culpabilise de grands pans de la société, on peut aussi s’attendre à un backlash, et pas seulement de la part des hommes avec le féminisme victimaire. Par exemple, voir l’article de Lysiane Gagnon dans La Presse. https://www.lapresse.ca/debats/chroniques/lysiane-gagnon/201610/31/01-5036208-la-culture-du-viol-vraiment-.php

    Finalement, la véritable science n’est pas sexiste. Elle ne se développe pas en vase clos ni par une élite sélectionnée selon son sexe ou son idéologie. Il serait temps que les études scientifiques féministes se fassent aussi avec des collègues masculins pour éviter certaines dérives idéologiques. Dans les autres domaines de la science, cela fait déjà un certain temps que les femmes y sont présentes, et cela n’a pas changé la démarche scientifique.

    Quant aux savoirs, il faut faire très attention de ne pas mélanger la pseudoscience avec la science, cette dernière étant basée sur la démarche scientifique. Les savoirs musulmans, par exemple, considérés par eux comme une science et basés sur l’interprétation des textes sacrés ne font pas partie de la science. Quant à l’interprétation du monde que ces savoirs proposent, ils sont très discutables…

    Depuis longtemps, les mouvements scientifiques sceptiques s’opposent aux pseudosciences, aux sciences dites alternatives, aux idéologies dérivées de certaines interprétations des théories scientifiques et aux autres croyances ou « savoirs » non fondés sur des faits. Nous critiquons aussi les rapports de pouvoir et l’enrichissement qui y sont associés. Ces gens prétendent généralement que l’approche scientifique n’est pas bonne pour étudier les phénomènes liés à leurs croyances, parce qu’elle est trop limitée ou trop réductrice. Le rapport ESSIMU s’en rapproche beaucoup trop au goût de ceux qui l’ont lu et qui le critiquent. Peut-être devrais-je moi aussi écrire une lettre à ce sujet, signée par une centaine de scientifiques, hommes comme femmes, pour contrer une supposée « science » sexiste.

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