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À mon avis

La fin de PowerPoint?

L’émergence d’animations de qualité à prix abordable pourrait sonner le glas des lourdes présentations PowerPoint.

par DAVID SMITH | 29 OCT 15

Je rentre à peine d’une conférence scientifique, la tête pleine de nouvelles idées pour de futures recherches. Pourtant, le voyage et l’abus de café et de biscuits m’ont épuisé, tout comme mes conversations enthousiastes avec mes collègues. Je vais bien dormir ce soir. En période de décalage horaire, mes rêves ressemblent toujours à un flot sans fin de diapos PowerPoint. Ainsi va la vie pour les universitaires voyageurs.

Au fil des ans, je suis devenu fin connaisseur de PowerPoint. Je connais tous les petits trucs (salles lumineuses = fond blanc + caractères foncés) ainsi que ce qu’il faut faire et éviter (viser la simplicité, bannir les transitions tape-à-l’œil). Pourtant, comme la plupart d’entre nous, une fois sur deux, je n’en tiens pas compte (je suis un utilisateur invétéré des listes à points). Chaque conférence à laquelle j’assiste me rappelle le rôle crucial que joue PowerPoint – et son équivalent Apple, Keynote – dans la communication scientifique. Elle me rappelle à quel point ce logiciel peut être bien – ou mal – utilisé et son grand potentiel, mais également ses nombreuses limites, en tant qu’outil d’enseignement.

Pourtant, ma dernière conférence m’a réservé une surprise. Le deuxième jour, pendant une présentation PowerPoint type menée avec élégance par un conférencier, l’une des diapositives s’est soudainement révélé être une animation scientifique en 3D absolument saisissante. L’auditoire entier a levé le nez de son téléphone ou de sa tablette pour s’émerveiller de la chose.

J’avais jusqu’alors vu bien des gens intégrer des vidéos à leurs présentations, mais il s’agissait pratiquement toujours d’entrevues extraites des actualités, de documentaires, ou encore de vidéos maison réalisées en laboratoire ou sur le terrain. Cette fois, il s’agissait de toute autre chose, d’une animation professionnelle réalisée expressément pour le conférencier, et personnalisée en fonction de l’auditoire et de la nature de l’événement. La vidéo a duré environ cinq minutes. Elle débutait par des images réelles, bien que scénarisées, en laboratoire avant de céder la place à une fascinante animation 3D, consacrée au cycle de vie du parasite du paludisme et mettant en lumière les stades visés par la recherche. Certains passages comportaient des éléments sonores, mais pas tous, les silences permettant au conférencier d’apporter des précisions de vive voix. Au terme de la vidéo, la présentation s’est poursuivie sous forme de diapos PowerPoint standards. J’ai eu l’impression de passer d’une délicieuse boisson pétillante à un thé tiède. La vidéo avait tant éveillé mon attention que j’ai eu du mal à me replonger dans le texte et les images 2D fixes sans attraits.

Heureusement, j’ai vite été à nouveau agréablement surpris. En effet, plus tard dans la matinée, un conférencier a entamé son exposé par une animation numérique personnalisée consacrée aux mécanismes moléculaires qui donnent naissance aux cellules complexes. J’étais si fasciné par la qualité et la richesse des détails que j’ai fini par perdre le fil. Mon esprit scientifique aurait-il été formaté pour ne digérer que les présentations PowerPoint classiques, sans vidéo? Quoi qu’il en soit, cette animation m’est restée en tête bien après la fin de l’exposé.

Plus tard, j’ai discuté avec l’un des deux conférenciers de sa vidéo. J’ai appris qu’elle avait été produite par un ancien chercheur devenu spécialiste de l’animation, avait coûté plusieurs milliers de dollars et exigé un temps considérable ainsi que beaucoup de scénarisation et de montage. Le conférencier estimait malgré tout que, dans l’ensemble, le jeu en valait la chandelle qu’il considérait comme un « bon investissement ». Il pourra réutiliser cette vidéo dans le cadre d’autres conférences et exposés, l’intégrer à son enseignement et à des séminaires départementaux, et l’utiliser à des fins de communication et de promotion de son laboratoire. En réalité, les vidéos de grande qualité sont un ajout parfait aux sites Web des départements et des chercheurs, en plus d’être faciles à envoyer aux collègues, aux étudiants et aux journalistes.

Avouons-le, si les deux chercheurs ont pu présenter de telles vidéos, c’est grâce à des programmes de recherche prestigieux et solidement financés qui rendent possibles ce genre de petits luxes tels que les animations complexes. Les laboratoires modestes, aux budgets serrés, n’ont généralement pas cette chance. Pourtant, les choses pourraient bientôt changer.

Avec l’arrivée de technologies multimédias novatrices et peu chères, un certain nombre d’entreprises commencent à proposer des animations scientifiques et des vidéos promotionnelles de qualité professionnelle à prix abordables. Entrez « services d’animation scientifique » (ou « scientific animation services ») dans Google : vous découvrirez qu’une multitude de jeunes entreprises axées sur les biotechnologies proposent aux chercheurs et aux formateurs des outils de communication novateurs. Tel est le cas de Stroma Studies, un studio d’animation scientifique privé de Seattle, qui affirme pouvoir apporter de l’aide à ses clients à toutes les étapes du processus d’animation, y compris des conseils en matière de contenu, de script, de scénarimage, de modélisation 3D et de composition d’images, le tout dans un cadre conforme à leur budget. Tel est également le cas de XVIVO, qui se présente comme un « fournisseur d’animations 3D de réputation internationale à l’intention d’entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques et de fabricants de dispositifs médicaux, d’agences de publicité, d’organisations éducatives, de musées et de diffuseurs électroniques ». Tant Stroma Studies que XVIVO insistent sur leur passion pour la rigueur scientifique et l’excellence visuelle, ainsi que sur le fait qu’elles comptent parmi leur personnel des scientifiques et des artistes numériques solidement formés.

En plus d’être très intéressant pour les chercheurs, les étudiants et les formateurs, tout cela illustre bien les nouvelles possibilités qui s’offrent aux diplômés en sciences ainsi que les nouvelles manières dont les titulaires de doctorat peuvent mettre à profit leurs compétences.

Est-ce pour autant la fin de PowerPoint? Pas encore. Pourtant, je pense refléter le point de vue de nombreux universitaires en affirmant qu’il est temps pour nous de dire adieu aux thèmes ringards, aux polices banales et aux combinaisons de couleurs douteuses de PowerPoint pour commencer à adopter de nouvelles façons de communiquer les résultats de nos recherches en classe, lors de conférences et à un plus large public.

David Smith est professeur adjoint au département de biologie de l’Université Western.

 

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