D’un bout à l’autre du Canada, des débats persistent sur l’avenir du système d’éducation postsecondaire et l’idée controversée du déficit de compétences. Jusqu’à présent, les francophones et les peuples autochtones n’ont pas été suffisamment représentés dans ces débats. Afin de réaliser un système d’éducation postsecondaire de calibre mondial qui reflète en même temps le caractère multinational et bilingue du pays, il faut que les francophones et les peuples autochtones y collaborent et y participent davantage.
En vue d’assurer une vision inclusive et progressiste, qui répondrait à nos besoins socioéconomiques, il peut être utile de fusionner les priorités cernées par des organisations influentes comme le Conseil canadien des chefs d’entreprises (CCCE), le Conference Board du Canada (CBdC), l’Association canadienne pour les études supérieures (ACES), et la Société Royale du Canada (SRC) lors de leurs récentes conférences. Ces organisations présentent chacune un projet de renouvellement ambitieux, mais encore incomplet.
Lors du colloque annuel de la SRC sur la justice sociale au XXIe siècle (tenu le 14 novembre, à Banff, Alberta), l’importance de l’éducation postsecondaire dans la promotion de la justice sociale a été mise en évidence. Dans son discours d’ouverture, Shawn A-in-chut Atleo, chef national de l’Assemblée des Premières Nations, a décrit l’éducation postsecondaire à juste titre comme le « nouveau bison », ou, en d’autres termes, la meilleure voie vers une nouvelle prospérité durable pour les Premières Nations. Ce colloque a également insisté sur l’endettement croissant des étudiants et la nécessité de garantir un système d’éducation postsecondaire dont l’accès serait déterminé par le mérite scolaire et l’éthique du travail plutôt que par les moyens financiers. Un projet de réforme pancanadien devrait inclure l’éducation des peuples autochtones et l’accessibilité reposant principalement sur la réussite en tant qu’éléments moteurs. Bien que centrales pendant les dialogues de la SRC, l’éducation des Autochtones et les questions d’accessibilité étaient souvent reléguées au second plan aux colloques du CBdC et de l’ACES, où d’autres éléments essentiels de réforme ont été abordés.
Réunissant des doyens et des leaders étudiants, le dernier congrès de l’ACES (tenu du 3 au 5 novembre à Montréal) a mis l’accent sur le développement des compétences professionnelles des étudiants aux cycles supérieurs. La majorité des étudiants à la maîtrise et au doctorat cherche désormais du travail hors du milieu universitaire. Bien qu’il ait été largement convenu que les universités devraient consacrer plus de ressources au développement des compétences professionnelles, davantage de coordination entre les doyens et les leaders étudiants au sein de l’ACES permettrait à l’organisation de faire pression de manière adéquate dans les débats nationaux sur la réforme de l’éducation postsecondaire. À l’Université de l’Alberta et dans d’autres établissements, les doyens des études supérieures et les leaders étudiants collaborent déjà étroitement pour atteindre entre autres cet objectif, mais il faut désormais agir à l’échelle nationale.
De leur côté, le CCCE et le CBdC insistent tous deux sur la nécessité de résoudre le déficit de compétences, à savoir la disparité entre les besoins des employeurs et la formation et les compétences de la main-d’œuvre. Plus concrètement, l’écart présumé de compétences correspond à une perception d’incapacité de nos cadres règlementaires, législatifs, et éducationnels à satisfaire l’ensemble de nos besoins socioéconomiques. Ces cadres comprennent entre autres les établissements d’éducation postsecondaires, les modèles d’apprentissages, les programmes d’immigration, et le domaine de la reconnaissance des titres de compétences.
Le CBdC mérite d’être félicité pour avoir réuni des dirigeants d’entreprises et des leaders universitaires et gouvernementaux dans un projet de réforme de cinq ans. Malheureusement, l’absence de traduction simultanée et la faible participation francophone et autochtone ont créé une ambiance plutôt anglocentrique lors du sommet de Toronto (tenu les 5 et 6 novembre). Toutefois, le projet du CBdC ne fait que commencer. Ses antécédents de travail en collaboration avec un grand nombre de partenaires nous laissent croire que le CBdC atteindra prochainement un plus grand nombre d’organisations francophones et autochtones en vue d’élaborer une vision réellement pancanadienne.
Quelles sont les prochaines étapes? Une stratégie de réforme prometteuse devrait tirer des leçons de chacun des récents colloques mettant en cause des intervenants de premier plan (gouvernements provinciaux, chefs d’entreprises, établissements postsecondaires, associations et syndicats d’étudiants et personnel universitaire, représentants des nouveaux arrivants, ainsi que leaders des peuples autochtones et des communautés francophones). Malgré le fait que l’éducation soit de compétence provinciale, le gouvernement fédéral a de toute évidence un rôle de leadership à jouer pour regrouper ces intervenants clés. Un système d’éducation postsecondaire qui comble le déficit de compétences et offre les mêmes possibilités à tous reste à portée de main. En gardant à l’esprit les risques d’échec et la complexité de la tâche qui attend le Canada dans ce projet de réforme, soyons ambitieux, visionnaires, et surtout inclusifs.
Brent Epperson, boursier CRSH en sciences politiques, est président de l’Association des étudiants diplômés de l’Université de l’Alberta.
Kwé, je suis Métisse, francophone/autochtone, auteur, artiste et pédagogue. Je suis presque sans emploi, sauf une charge de cours à l’UdM à tous les 2 ans mais j’ai beaucoup d’expériences dans l’enseignement. Je suis tout à fait disposée à travailler à la mise sur pied de ce programme de réforme post-secondaire. En tant qu’éducatrice, Je désire fortement m’impliquer dans les stratégies d’apprentissage et de transmission des connaissances académiques ainsi que des savoirs et savoir-faire ancestraux, en particulier pour les personnes qui vivent certaines difficultés. J’offre des ateliers dans des milieux communautaires et groupes socio-environnementaux. Je suis donc à l’affût de ce qui se passe présentement sur tous les plans économiques, psychologiques, etc. Cependant, le succès des étudiants si nous désirons mieux les intégrer au marché du travail, dans ce type de programme, doit aussi reposer sur un travail de transformation spirituelle pour passer à travers les aléas de la vie. J’en sais quelque chose pour avoir eu à traverser tant d’épreuves dans les différents milieux sociaux et scolaires afin de me rendre jusqu’à l’université et de devoir défricher mon chemin et créer une avenue possible pour subvenir aux besoins de ma famille. Il faut développer des qualités spirituelles telles que le Courage, la Confiance, l’Estime, etc. Migwetch, de m’avoir permis de m’exprimer, Dolorès