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À mon avis

Les universités peuvent aider à atténuer les répercussions de la pandémie sur la future main-d’œuvre en STGM

Une doyenne en génie suggère d’aplanir les disparités au moyen de tutorat gratuit en mathématiques et en sciences pour les élèves du secondaire.

par MARY WELLS | 18 JUIN 21

La pandémie de COVID-19 et les confinements généralisés et partiels qu’elle a entraînés au Canada et dans le monde ont eu des répercussions sans précédent sur l’éducation. De nombreuses écoles secondaires canadiennes ont adopté un système quadrimestriel et un mode d’enseignement alterné en personne et en ligne. Les élèves ont dû apprendre des notions complexes de mathématiques et de sciences à un rythme accéléré, en semi-isolement et sans le soutien de leurs pairs et de leurs enseignants.

Jusqu’à quel point ces jeunes peuvent-ils apprendre efficacement dans cette situation et avoir confiance dans leurs compétences en mathématiques, en physique et en chimie au terme du processus?

Ce sont des préoccupations importantes pour les finissants du secondaire dans la mesure où le calcul infinitésimal, les vecteurs ainsi que la physique et la chimie de 12e année sont des prérequis pour l’admission à bon nombre de programmes universitaires en sciences, technologies, génie et mathématiques (STGM).

Les effets de la crise n’ont pas été les mêmes pour tous les élèves.

Cette disparité peut avoir plusieurs causes : la pauvreté et l’accès limité à la technologie ou à un espace privé pour étudier, le fait de vivre dans une zone rurale et éloignée où la connexion Internet est inadéquate, et le stress et l’anxiété accrus pour les élèves racisés et noirs dont les familles sont plus à risque de contracter la COVID-19, entre autres. Les femmes ont également été disproportionnellement touchées par la crise.

La pandémie a contraint beaucoup d’élèves féminines à assumer des responsabilités familiales et domestiques supplémentaires et à réduire par conséquent le temps consacré à leurs études. Ce constat est d’autant plus préoccupant que les femmes sont déjà largement sous-représentées dans les domaines des STGM, particulièrement en génie et en physique.

Il est essentiel d’attirer davantage de femmes dans ces domaines pour maximiser l’innovation, la créativité et la compétitivité au Canada. Depuis toujours, les cours de physique de niveau secondaire sont le point critique où de nombreuses élèves abandonnent l’idée d’une carrière en génie ou en physique.

En Ontario, seulement 15 pour cent des filles qui ont terminé le cours de science obligatoire de 10e année s’inscriront au cours de physique de 12e année, contre 30 pour cent pour leurs camarades masculins. Ce taux, qui correspond à une participation féminine de seulement 34 pour cent au cours de physique, est devenu une tendance dans la dernière décennie. Il est essentiel de tenir compte des inégalités dues à la pandémie pour les jeunes femmes au secondaire et de leur incidence sur la future main-d’œuvre dans le domaine des STGM, y compris sur sa diversité.

Comment pouvons-nous aplanir ces disparités et faire en sorte que tous les élèves qui le souhaitent, en particulier les femmes, aient l’occasion de faire des études universitaires en STGM?

Une solution consiste à offrir des services de tutorat gratuits en mathématiques et en sciences aux élèves du secondaire pour les aider à réussir leurs cours à distance durant la pandémie de COVID-19. C’est précisément ce que la Faculté de génie de l’Université de Waterloo propose grâce à l’initiative Hive Mind. Le programme s’adresse aux élèves ontariens de 10e, 11e et 12e années qui éprouvent des difficultés avec les fonctions avancées, le calcul infinitésimal, la chimie et la physique, qui sont des prérequis aux programmes de génie de niveau postsecondaire.

Le programme Hive Mind a été lancé en février pour répondre à un besoin criant. L’accueil a été extrêmement favorable : à ce jour, 120 élèves se sont inscrits et 350 séances de tutorat ont été données, et ces chiffres ne cessent d’augmenter. Bien qu’il soit offert à tous les élèves, Hive Mind s’inscrit dans le cadre du programme Women in Engineering (WiE) de l’Université de Waterloo. Il a été créé en réponse à la sous-représentation des femmes en génie et aux effets négatifs et disproportionnés de la pandémie sur les élèves féminines, qui ont moins de temps que leurs camarades masculins à consacrer à leurs études.

Par souci d’équité, plusieurs des quelque 300 écoles invitées à participer au programme sont situées en région rurale, où les ressources d’apprentissage sont généralement moins nombreuses que dans les grandes villes.

Nous vivons une période préoccupante. Malgré l’optimisme suscité par la campagne de vaccination et la perspective d’un retour en classe normal cet automne, la menace de nouveaux confinements plane toujours en raison des nouveaux variants. Le Canada a besoin de plus d’étudiants prêts à s’inscrire en génie, à l’image des diverses collectivités servies par les ingénieurs – et particulièrement de femmes –, pour que les sciences et le génie demeurent des disciplines solides, florissantes et novatrices.

Offrir un soutien de façon proactive est un pas dans la bonne direction.

La manière dont nous réagissons à la pandémie et soutenons nos étudiants, qu’elle soit rapide et efficace ou lente et cynique, aura des répercussions considérables et durables sur notre avenir. Favorisons l’adoption de politiques intelligentes visant à attirer et à retenir de jeunes étudiants talentueux et diversifiés qui formeront la main-d’œuvre de demain en STGM.

Mary Wells est doyenne de la Faculté de génie à l’Université de Waterloo.

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