Comme beaucoup de Canadiens, je suis très préoccupée par la tragédie du vol 752 de la Ukrainian Airlines, qui a explosé et s’est écrasé en quittant Téhéran le 8 janvier dernier, après avoir été atteint par des missiles iraniens de provenance russe. Les 176 passagers et membres d’équipage qui se trouvaient à bord ont tous péri. Comme il en a été abondamment question, plusieurs des victimes avaient des liens avec le milieu universitaire canadien.
Tout est interrelié dans la nature. Notre monde et notre univers même sont une immense toile constituée d’éléments interdépendants. Rien n’est tout à fait noir ni tout à fait blanc. Tout n’est que nuances de gris. Pris dans son ensemble, le monde est terriblement chaotique. Alors pour être en mesure de l’assimiler, de l’étudier et de le comprendre, nous le morcelons. Nous créons des divisions tribales artificielles et gérables entre nous, les humains, pour nous sentir en rapport avec les autres. Nous aimons les personnes qui font les mêmes choses que nous et qui les font de la même manière; cela nous rassure et nous réconforte.
La notion de communauté exclut dans les faits ceux et celles qui n’en font pas partie. Et c’est l’essence même de l’exclusion qui rend l’inclusion si désirable et qui nous fait nous sentir importants. La peur et le stress intensifient les tendances à regrouper et à exclure.
Il ne faut surtout pas oublier que ce sont nos propres limites, comme êtres humains, qui nous poussent à envisager et à créer un monde divisé. Il faut aussi bien comprendre que nous morcelons le monde par besoin individuel de nous sentir rassurés et soutenus. Nous devons préserver cette compréhension des choses afin de faire preuve d’humilité et ne pas présumer que les petites vérités que nous découvrons en cours de route sont les seules vérités… de ne pas présumer qu’il n’existe qu’une façon de faire les choses.
Nous devons préserver cette compréhension des choses afin de ne pas commettre l’erreur de présumer que ce qui nous convient comme individu ou groupe dicte ce qui est juste ou correct à plus grande échelle. Comme individus et comme sociétés, dans tout ce que nous faisons, nous devons nous efforcer de créer des liens, de relier les éléments du savoir acquis grâce à la recherche, de relier nos groupes sociaux, de relier nos collectivités, de relier nos pays.
La technologie est une arme à double tranchant qui à la fois exacerbe notre condition et l’améliore. C’est en effet la technologie qui, quelques heures à peine après l’écrasement du vol 752, bombardait le monde d’information, de fausses nouvelles, d’images, de sons, d’opinions et de commentaires. À cet égard, la technologie accroît notre impression de chaos et notre sentiment que notre monde s’écroule. Elle nous rapproche d’événements qui, autrefois, nous auraient semblé lointains ou étrangers.
Mais la technologie nous relie entre nous et offre de nombreuses sources d’information. C’est la technologie qui a permis aux étudiants en Iran d’afficher des vidéos de leurs manifestations dénonçant l’attaque de missile contre le vol 752 sur Twitter et YouTube bien avant que les grands médias n’abordent le sujet, nous permettant ainsi de faire la distinction entre l’État et les gens, et de créer des liens sur le plan humain. La technologie est aussi à la source du financement participatif qui permet aux personnes touchées par un événement de faire une contribution directe. Utilisée à bon escient, la technologie offre d’innombrables possibilités de connexion, de collaboration et de compréhension.
Au cours de la semaine qui a suivi la tragédie, l’Université Ontario Tech a tenu une vigile à la mémoire de Razgar Rahimi, ancien doctorant et chargé de cours à cet établissement. M. Rahimi a péri avec sa femme et leur enfant dans l’écrasement du vol 752. Une grande tristesse accompagnée de consternation régnait à la vigile face à cette catastrophe qui aurait pu être évitée. Cette vigile était l’une parmi tant d’autres qui se sont tenues un peu partout sur les campus du pays. Les universités ont été touchées de façon disproportionnée par la tragédie parce qu’un grand nombre de professeurs et d’étudiants canadiens ont des liens avec l’Iran.
Au Canada, environ 12 pour cent de la population étudiante de niveau postsecondaire est composée d’étudiants étrangers. En outre, les enfants d’immigrants sont plus enclins à suivre une formation postsecondaire que ceux des familles canadiennes établies depuis des générations.
Pourquoi est-ce si important? À la suite d’une tragédie, nous tentons de donner un sens à ce qui est insensé. Nous sommes poussés à trouver une signification et à chercher le réconfort. Je pense que tous les membres du milieu universitaire devraient se sentir réconfortés et trouver un sens renouvelé au fait que les universités sont d’indispensables instruments de connexion culturelle, intellectuelle et sociale.
Même si le Canada a rompu toute relation diplomatique avec l’Iran en septembre 2012, notre pays et ses universités ont continué d’accueillir des étudiants et des universitaires originaires de l’Iran et d’un peu partout dans le monde. Universités Canada rapporte que 40 pour cent des professeurs canadiens ont été formés à l’étranger dans le cadre d’au moins un de leurs programmes menant à un grade. La collaboration, la consultation et les relations sont des piliers de la culture universitaire, et en renouvelant leur engagement à l’égard de la collaboration interdisciplinaire, les universités s’engagent à créer du savoir et à trouver des solutions qui nous permettent à tous de progresser.
Les universités sont essentielles pour aider nos sociétés à créer, à mettre en œuvre et à utiliser des technologies pour servir le bien commun, sans causer de tort. Rendons hommage aux victimes du vol 752 en renouvelant notre engagement à agir comme vecteurs de connexion et d’intégration. Continuons d’accueillir des professeurs et des étudiants du monde entier. Faisons la promotion d’un usage responsable de la technologie comme outil de connexion. C’est aujourd’hui plus important que jamais.
Cheryl Foy est secrétaire universitaire et avocate générale de l’Université Ontario Tech. Elle est aussi auteure de la chronique Légalement parlant dans Affaires universitaires.
Les Artistes pour la Paix sont consternés de la réaction du gouvernement canadien à cette tragédie aérienne en organisant à Londres avec le ministre Champagne une solidarité des familles NON-IRANIENNES et en mettant de la pression uniquement sur le gouvernement iranien. Oui, ce sont des missiles iraniens qui sont responsables directement, mais l’assassinat du général Soleimani et le discours de Trump visant 52 sites iraniens, dont plusieurs du patrimoine de l’UNESCO, ont été AUSSI une cause de pression terrible sur les Iraniens, donc de l’accident. Le discours sur les 52 sites a d’ailleurs été dénoncé à bon droit par Angela Merkell qui l’a reproché DIRECTEMENT au président des États-Unis. Pourquoi Trudeau n’a pas ce courage nécessaire pour contenir l’agressivité du militarisme américain? Pourquoi le Canada tourne le dos à l’ONU pour des dépenses militaires exigées par l’OTAN? Cet argent serait mieux investi dans nos universités.