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À mon avis

Trouver le juste milieu entre l’enseignement et la recherche dans les universités canadiennes

Les universités canadiennes sont en équilibre précaire.

par DANIEL WOOLF | 04 NOV 11

Cet article est reproduit de La Grand Place, un blogue de l’AUCC.

De nombreux établissements universitaires du pays, coincés entre l’arbre (maintenir abordables les frais de scolarité) et l’écorce (les fonds publics limités), sont aux prises avec des difficultés financières considérables. Ainsi, il peut leur arriver de perdre de vue leur mission première : l’enseignement.

Les budgets d’exploitation déficitaires ont donné lieu à des discussions sur les campus relativement aux rôles respectifs de l’enseignement et de la recherche, ainsi qu’aux ressources consacrées à l’un au détriment de l’autre. Lorsque la qualité d’un établissement se mesure en fonction des subventions de recherche obtenues et lorsque ses professeurs sont évalués principalement en fonction du volume de leurs publications (il est difficile de mesurer la qualité), on se doute bien que moins de temps est consacré à l’enseignement.

Certains d’entre nous avons perdu de vue la raison fondamentale pour laquelle les universités ont été créées : enseigner aux étudiants. C’est la raison pour laquelle les gouvernements accordent des subventions et ce pour quoi les étudiants et leurs familles paient.

Alors que pouvons-nous faire pour offrir un enseignement de qualité à un nombre croissant d’étudiants tout en maintenant l’excellence en recherche et en maximisant les retombées en matière d’innovation scientifique, économique et sociale?

Premièrement, nous devons éliminer, ou du moins réduire, certaines des obligations qui font perdre du temps aux professeurs.

Nous pourrions par exemple :

  • éliminer les activités de nature administrative répétitives ou devenues obsolètes;
  • revoir le temps passé en classe avec les étudiants afin de privilégier la qualité de l’enseignement plutôt que le nombre d’heures;
  • confier de nombreuses tâches administratives à du personnel professionnel non enseignant;
  • élaborer les programmes d’études en fonction d’objectifs soigneusement établis plutôt qu’en fonction de données et de processus.

Deuxièmement, nous devons nous doter de politiques et de systèmes d’interventions – et récompenses – reflétant un équilibre entre l’importance accordée à l’enseignement et l’importance accordée à la recherche. À Queen’s, par exemple, nous avons mis sur pied un programme d’été de bourses de recherche qui s’adresse aux étudiants au premier cycle, et la conférence annuelle Inquiry@Queen’s propose de nouvelles manières d’enseigner permettant d’intégrer le plaisir de la découverte à la salle de classe. Notre processus de planification actuel sera fondé sur l’équilibre à respecter entre l’enseignement et la recherche.

Troisièmement, nous devons porter un regard lucide sur notre manière d’enseigner. Nous vivons dans un monde branché 24 heures par jour et sept jours par semaine; avec un peu d’encadrement, les étudiants pourraient faire bien davantage par eux-mêmes, à l’instar de ce qu’exigera d’eux le marché du travail. Nous devons donc revoir le modèle de transmission du savoir : périodes de trois heures, également échelonnées sur des semestres de 12 ou 13 semaines.

L’avenir du Canada dépend largement de l’activité savante et des découvertes des chercheurs universitaires qui, souvent en collaboration avec l’industrie, commercialisent les inventions ou appliquent le savoir et le transforment en politiques publiques. Toutefois, les inventeurs et les innovateurs, comme la majeure partie de la population instruite qui travaille hors des universités, ne sont pas le produit des presses universitaires, des organismes subventionnaires ni des parcs de recherche. Ils ont été formés en salle de classe.

Il est temps de reconnaître les effets des compressions persistantes sur les ressources et de se pencher sur l’équilibre entre l’enseignement et la recherche. Nous devons aussi prendre les mesures nécessaires pour revoir la mission et la fonction de nos universités, et ce, dans l’intérêt de nos étudiants, car ils sont les premiers intéressés et représentent notre principal héritage.

Daniel Woolf est principal et vice-chancelier de la Queen’s University, ainsi que professeur au département d’histoire.

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