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Doubler le nombre de lauréats canadiens de prix internationaux

C’est l’objectif d’une nouvelle initiative du gouverneur général du Canada.

par LÉO CHARBONNEAU | 17 OCT 14

La saison des prix Nobel vient de se terminer et le Canada a fait chou blanc – bien qu’un diplômé de l’Université McGill, le chercheur d’origine américaine John O’Keefe, ait été nommé colauréat du prix de physiologie et de médecine. Certains croyaient aux chances du Canadien Stephen Scherer dans cette catégorie, mais l’hypothèse ne s’est pas avérée – pas cette fois-ci, du moins.

Au même moment, un petit groupe de dirigeants universitaires et de chefs de file du milieu de la recherche tente d‘améliorer les résultats du Canada aux concours internationaux. La plupart des Canadiens ignorent sans doute tout de cette initiative, qui n’a été que brièvement mentionnée par la rectrice de l’Université de l’Alberta, Indira Samarasekera, dans un article d’opinion publié dans le Globe and Mail au début septembre.

D’entrée de jeu, Mme Samarasekera faisait remarquer que depuis 20 ans, aucun scientifique travaillant au Canada n’avait reçu de prix Nobel en science (Bertram Brockhouse a reçu le Nobel de physique en 1994, Michael Smith et John Polanyi celui de chimie, en 1993 et en 1986 respectivement). Dans cette optique, des représentants des trois grands organismes subventionnaires de recherche, de la Société royale du Canada, de l’Association des universités et collèges du Canada et de groupes intéressés ont uni leurs efforts pour que les « réalisations remarquables sur le plan de la recherche » au pays soient reconnues à leur juste valeur sur la scène internationale. Cet effort concerté est dirigé par Son Excellence le gouverneur général du Canada, David Johnston, et par Howard Alper, président du Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation (CSTI).

Dans un article publié dans le Globe and Mail en février 2013, MM. Johnston et Alper déclaraient qu’il fallait « proposer la candidature d’un plus grand nombre de nos érudits et scientifiques éminents pour des bourses et prix prestigieux, tout en repensant notre manière de promouvoir leurs découvertes ». Leur objectif ambitieux est de doubler le nombre de lauréats canadiens de prix internationaux de recherche d’ici 2017.

Lors d’une récente entrevue, M. Alper m’a expliqué l’origine de l’initiative. Le CSTI s’entretient avec le gouverneur général au moins une fois par an. À sa première rencontre avec le Conseil, il y a quelques années, M. Johnston a mentionné le rapport L’état des lieux du CSTI qui concluait que pour les prix les plus prestigieux du monde (les prix Nobel, les prix Wolf et la médaille Fields, entre autres), le Canada est éclipsé non seulement par les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, grandes puissances sur le plan de la recherche, mais également par l’Australie, un pays comparable (de 1941 à 2008, les Canadiens ont reçu 19 des grands prix internationaux en science, par rapport à 42 pour les Australiens).

À la suite d’une « discussion en profondeur de la question », explique M. Alper, le gouverneur général a été proposé comme étant la personne tout indiquée pour mener l’initiative. « C’est un projet apolitique qui peut fortement rehausser la fierté et le moral au pays. C’était là l’essentiel du message. » Le comité, visant à renforcer l’excellence canadienne en matière de recherche à l’échelle internationale, présidé par le gouverneur général, a donc été constitué.

Le comité a dressé la liste des prix de recherche internationaux et de leurs mécanismes de sélection. Certains processus de mise en candidature sont ouverts, comme ceux de quelques prix Nobel, tandis que d’autres se limitent aux candidats proposés par les anciens lauréats ou les professeurs titulaires, par exemple.

Selon M. Alper, le comité offre également d’aider les organisations partenaires à constituer des « dossiers de mise en candidature convaincants » en offrant une révision externe des candidatures afin de les positionner de façon à « maximiser leurs chances de succès ». Le secrétariat « fera un examen critique des dossiers, les étoffera, puis déterminera comment les diffuser dans les réseaux des divers forums internationaux ».

L’initiative comporte un deuxième volet : un comité distinct qui joue un rôle de chasseur de têtes, qui trouve les candidats qui devraient être proposés pour des prix par divers intervenants. À titre de président de ce comité de prospection, M. Alper visite les campus universitaires pour rencontrer les chefs d’établissements et promouvoir l’initiative. « Si les recteurs n’en font pas une priorité et ne prennent pas les devants, le projet n’aboutira pas. Ils jouent un rôle essentiel à la réussite de notre initiative, et au succès de leur établissement et de leurs chercheurs. »

Après un départ plutôt lent, l’initiative s’accélère. Soulignant que la campagne s’échelonnera sur plusieurs années, M. Alper est clair : « Le parcours qui mène un chercheur postdoctoral remarquable au prix Nobel n’est certes pas direct, mais réalisable. Il nous faut déployer des efforts soutenus pendant une longue période pour propulser les candidats canadiens de manière à ce que leurs réalisations exceptionnelles soient reconnues. » Il indique que les premiers succès notables ont eu lieu cette année, lorsque Nahum Sonenberg de l’Université McGill a remporté le prix Wolf de médecine, en janvier, et qu’Ian Hacking de l’Université de Toronto s’est vu décerner le prix Balzan de philosophie, le mois dernier.

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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