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En Marge

Le déclin du journalisme scientifique

par LÉO CHARBONNEAU | 07 JAN 09

Les bailleurs de fonds (les gouvernements) exercent de plus en plus de pression sur les universités pour qu’elles diffusent les résultats de leurs activités de recherche, et les organismes subventionnaires ont pour leur part commencé à exiger que les bénéficiaires de subventions communiquent leurs découvertes à la population.

Il est donc plutôt ironique, explique le vétéran rédacteur scientifique Peter Calamai, que le nombre de journalistes scientifiques dans les principaux médias ait diminué de façon aussi importante depuis quelques années. Dans un article d’opinion paru dans le numéro du 23 décembre 2008 de Re$earch Money (abonnement requis), M. Calamai souligne que la CBC-TV, le Toronto Star et La Presse n’ont désormais plus à leur service de journaliste à temps plein pour couvrir les sujets scientifiques. Jusqu’à l’an dernier, et pendant des décennies, ce type de journalistes avait occupé une place importante au sein du personnel de ces organisations, rappelle-t-il. (M. Calamai était lui-même le journaliste scientifique au Toronto Star.)

Il poursuit : « Lorsque l’Association canadienne des rédacteurs scientifiques a été fondée en 1971, une trentaine de journalistes au Canada consacraient entièrement leurs reportages à la science, parfois aussi à la médecine. Ils ne sont plus que six à le faire aujourd’hui. »

Le paradoxe est frappant. D’une part, la stratégie fédérale en matière de sciences et de technologie proclame que l’avenir du Canada repose sur l’économie du savoir et que la population doit s’intéresser à la recherche scientifique, tandis que de plus en plus de postes de « diffuseurs de la recherche » sont créés dans les universités, les hôpitaux de recherche, les entreprises et les établissements à vocation scientifique. D’autre part, les personnes les plus aptes à transmettre le message des communicateurs à l’ensemble de la population, à savoir les journalistes scientifiques, sont en train de disparaître.

La situation ne semble pas aussi désastreuse au Québec que dans le reste du Canada, du moins si on en juge par l’abondante couverture médiatique qui accompagne des événements comme le congrès annuel de l’Acfas. Il n’existe pas d’événement comparable au Canada anglais, à l’exception, peut-être, du Congrès des sciences humaines tenu annuellement. Le Canada anglais n’a pas non plus de publication scientifique d’intérêt général, alors que le Québec en compte deux, Québec Science et Découvrir.

M. Calamai propose que soit créé un Centre canadien des médias scientifiques, qui offrirait de l’aide aux journalistes généralistes lorsqu’ils doivent rédiger des articles à teneur scientifique. Le groupe qui appuie la création d’un tel centre a déjà mis sur pied un site Web et invite les experts en science et les journalistes à y jeter un coup d’œil.

Quelle est votre opinion? Que peut-on faire pour améliorer la situation du journalisme scientifique au Canada? (Vous pouvez envoyer vos commentaires en cliquant sur le lien ci-dessous ou en me faisant parvenir un courriel.)

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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