Passer au contenu principal
En Marge

Le rêve de Champlain très prisé des recteurs

La biographie de Samuel de Champlain signée David Hackett Fischer remporte les faveurs des chefs d’établissement.

par LÉO CHARBONNEAU | 09 JAN 12

Un ouvrage historique consacré à la vie et à l’époque de l’explorateur français Samuel de Champlain, père de Nouvelle-France, a su se hisser parmi les coups de cœur de nombreux recteurs canadiens. Il circule même en ce moment dans les bureaux de l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC).

Intitulé Champlain’s Dream, l’ouvrage de l’historien universitaire David Hackett Fischer, déjà lauréat d’un prix Pullitzer, est d’abord paru en anglais en 2008. Il est disponible en français depuis avril 2011, dans une traduction française de Daniel Poliquin intitulée Le rêve de Champlain. J’ai eu la chance d’en emprunter un exemplaire à un collègue avant les Fêtes… et l’ai dévoré en quelques jours, captivé! Évidemment, en tant que descendant de colons français établis au Québec vers le milieu du xviie siècle, je ne pouvais qu’être fasciné par cet ouvrage consacré à la vie de mes ancêtres au cœur même du territoire que les Canadiens-Français considèrent comme leur depuis près de quatre siècles.

Je suis néanmoins convaincu que cet ouvrage interpellera tous les Canadiens qui s’intéressent à l’histoire du Canada et aux débuts de la colonisation en Amérique du Nord. Je souscris pleinement à la critique du National Post, reprise au dos de l’édition canadienne, qui parle d’un « livre que chaque Canadien devrait avoir dans sa bibliothèque ». D’autres critiques ont même parlé de « chef-d’œuvre », d’« ouvrage fascinant » ou de « biographie de référence de Champlain ».

L’existence de cet ouvrage, pressenti pour le Prix Cundill en 2009, a d’abord été portée à ma connaissance par le président-directeur général de l’AUCC, Paul Davidson, à qui en avait  parlé le recteur de l’Université de la Sasktachewan et ancien président du conseil d’administration de l’AUCC, Peter MacKinnon. M. Davidson a tant apprécié le livre qu’il en a offert un exemplaire à Michel Belley, recteur de l’Université du Québec à Chicoutimi, lorsqu’il est devenu président du conseil d’administration de l’AUCC. M. Davidson a également fait parvenir une note à David Johnston, alors recteur de l’Université de Waterloo, pour lui en recommander la lecture. M. Johnston a été à ce point captivé par celle-ci que, le jour de sa désignation à titre de 28e gouverneur général du Canada, il s’est présenté à la tribune avec un exemplaire de Champlain’s Dream, qu’il a même évoqué dans son discours. Il a également fait allusion à la biographie de Champlain lors de sa prise de fonction officielle, et à maintes autres reprises depuis.

M. Davidson a offert un nouvel exemplaire de l’ouvrage de David Hackett Fischer, cette fois en français, à M. Belley lorsqu’a pris fin son mandat de président du conseil d’administration de l’AUCC à l’automne dernier. Cet exemplaire portait la dédicace de l’auteur, que M. Davidson a rencontré en 2011 à Fredericton dans le cadre du Congrès des sciences humaines.

Né vers 1570, Samuel de Champlain est mort à Québec le jour de Noël 1635. Il fut un auteur prolifique, un pionnier de l’ethnographie, un célèbre explorateur et un marin hors pair. Sans lui, le Canada français n’aurait peut-être jamais vu le jour. Cela dit, comme l’écrit clairement Hackett Fischer, Champlain était aussi un rêveur, un visionnaire et un humaniste. Je me permets de citer la traduction de Daniel Poliquin :

« Ne serait-ce que par sa résilience exemplaire, sa vie connaît peu d’égales. Mais il ne s’agissait pas que de cela. Champlain […] était un homme de vision, et comme chez tout visionnaire, ses rêves étaient multiples. Plusieurs spécialistes ont disserté sur le rêve qu’il avait de découvrir le passage conduisant à la Chine. D’autres ont fait état de son rêve de colonisation de la Nouvelle-France. Mais toutes ces visions s’inscrivaient dans un rêve plus large qui n’a encore fait l’objet d’aucune étude. Ce soldat las des guerres rêvait d’humanité et de paix dans un monde de cruauté et de violence. Il entrevoyait un monde nouveau où des gens de cultures différentes pourraient vivre ensemble dans l’amitié et la concorde. C’est ce qui devint son grand dessein en Amérique du Nord. »

Le cahier Sunday Book Review du New York Times a pour sa part commenté en ces termes l’ouvrage de David Hackett Fischer :

« La thèse de l’auteur de Champlain’s Dream est que Champlain fut un personnage héroïque admirable. Cette thèse peut paraître audacieuse par les temps qui courent tant elle va à l’encontre de la dernière tendance en matière d’historiographie, qui consiste à démystifier et à dénigrer la plupart des « hommes blancs morts », en particulier les explorateurs et conquérants. Il est vrai que beaucoup d’entre eux méritent l’opprobre pour les massacres et autres mauvais traitements qu’ils ont infligés aux populations autochtones. Mais Champlain était différent. Il cherchait plus à apprendre des Amérindiens et à coopérer avec eux qu’à les exploiter. Il a d’ailleurs traité la plupart de ceux qu’il a croisés avec “dignité, tolérance et respect” et, comme l’écrit Hackett Fischer, la majorité d’entre eux ont fait de même : « Il avait les manières directes d’un soldat; les guerriers amérindiens l’appréciaient et le respectaient vraiment. »

On est là très loin des relations entretenues par la plupart des conquérants de l’époque avec les Autochtones des Amériques. Parallèlement, Champlain a été à l’origine de l’implantation durable de trois populations et cultures francophones en Amérique du Nord : québécoise, acadienne et métis. Il a également su explorer une région plus que vaste du continent nord-américain, que se partagent aujourd’hui six provinces canadiennes et cinq États américains. Champlain a en prime effectué 27 traversées de l’Atlantique et des centaines d’autres voyages, sans jamais perdre le moindre navire placé sous son commandement. Comme l’écrit Hackett Fischer : « Le plus important chez Champlain, ce n’est pas qu’il ait fait l’une ou l’autre de ces choses; c’est qu’il ait accompli toutes ces choses, et ce, en à peine trois décennies, en dépit des échecs et des défaites. »

Cela vous intrigue? Plongez-vous alors sans tarder dans Le rêve de Champlain.

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Click to fill out a quick survey