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Les cinq événements marquants de 2012 en matière d’éducation postsecondaire au Canada

Les manifestations étudiantes du Québec sont en tête de liste.

par LÉO CHARBONNEAU | 07 JAN 13

Je pensais dresser une liste des cinq principaux événements en matière d’éducation postsecondaire au Canada pour l’année qui vient de s’écouler, mais ma collègue Melonie Fullick y a pensé avant moi. Comme sa liste est excellente, je me permets de vous en proposer une version traduite ci-dessous. Mme Fullick écrit le blogue Speculative Diction, accessible à partir de notre site anglais. Elle est étudiante au doctorat en gouvernance universitaire à l’Université York.

1. Printemps érable – le mouvement étudiant et la grève des étudiants du Québec

L’année 2012 a été riche en manifestations étudiantes à l’échelle mondiale. Au Québec, le mouvement de protestation a commencé il y a plus d’un an en réaction à la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement libéral provincial. Une grève générale illimitée (#GGI sur Twitter) a été déclarée par les groupes étudiants en février 2012. Le mouvement a eu d’importantes répercussions politiques, a suscité l’intérêt de la communauté internationale et a provoqué des débats sur bon nombre des principaux enjeux posés par les politiques en matière d’éducation postsecondaire au Canada. La réaction des citoyens du Québec s’est intensifiée lorsque la Loi 78 a été adoptée par le gouvernement provincial le 18 mai. Les protestations se sont répandues et ont été accompagnées du bruit des casseroles des Montréalais. Le mouvement étudiant québécois a également permis de tisser des liens à l’échelle internationale avec des pays dans lesquels ont lieu des activités militantes semblables, comme le Chili, le Royaume-Uni (où la protestation contre les frais de scolarité a toujours lieu, en réponse à la commercialisation de l’éducation postsecondaire et à la hausse des frais de scolarité), l’Europe (en période d’austérité), le Moyen-Orient et les États-Unis (particulièrement le mouvement des indignés qui a touché un bon nombre de campus).

2. Image de marque du Canada – recrutement des étudiants étrangers

Le Canada est l’un des seuls pays (sinon le seul) à n’avoir aucun ministère de l’Éducation à l’échelle nationale et plusieurs ont déploré l’absence de stratégie et de politiques nationales dans ce secteur. Les dirigeants universitaires ont toutefois commencé à s’unir sous un objectif commun, celui du « marché » des étudiants étrangers. Un élément essentiel du discours concerne la conception d’une « image de marque » nationale pour le Canada visant le recrutement d’étudiants étrangers, qui se rapporte à la marchandisation de l’éducation à titre de produit d’exportation. Le gouvernement fédéral a réuni en août un Comité consultatif sur la stratégie internationale en matière d’éducation, qui a recommandé de doubler le nombre d’inscriptions d’étudiants étrangers. Comme le Canada n’a pas de ministre de l’Éducation, le rapport a été présenté par le ministre du Commerce international.

3. « Mort de la preuve scientifique » et activisme dans le domaine des sciences

En 2012, les scientifiques ont dénoncé haut et fort les problèmes grandissants en matière de gouvernance dans le domaine des sciences (et de la recherche en général) au Canada. Après les changements apportés au recensement de 2011 sont venues les pertes d’emplois au sein du CNRC, les changements dans l’allocation du financement du CRSNG et les réductions du financement de plusieurs projets scientifiques à long terme (y compris la Région des lacs expérimentaux). Sans compter le musellement des scientifiques qui veulent communiquer avec les médias et la perception générale selon laquelle les politiques du gouvernement sont de plus en plus basées sur une idéologie plutôt que sur la recherche. Les scientifiques ont souligné ces problèmes lors d’une manifestation sur la Colline du Parlement où ils ont déploré la « mort de la preuve scientifique ».

4. L’enseignement en ligne et les cours en ligne ouverts à tous (MOOC)

Tous ceux qui auront suivi les tendances en enseignement supérieur au cours de la dernière année sauront que ce sujet était incontournable. La discussion sur les MOOC a principalement été initiée par les États-Unis, probablement en raison de la nature des changements touchant l’enseignement supérieur qu’ils ont connus. Par exemple, la privatisation et la commercialisation des universités étant plus importante aux États-Unis et le coût des études y étant plus élevé, l’anxiété des étudiants liée aux frais de scolarité et aux dettes (ainsi qu’à l’obtention de leur diplôme) est très élevée. Si nous avons inclus les MOOC dans la présente liste, ce n’est pas seulement parce que la discussion à propos de leur potentiel perturbateur s’est étendue au Canada (et à certaines universités qui commencent à emboîter le pas), mais aussi parce que les MOOC, tels qu’ils sont offerts actuellement, semblent avoir été élaborés et dispensés ici en premier.

5. La santé mentale en milieu universitaire

Ce problème prend depuis longtemps de l’ampleur, mais sa visibilité a fortement augmenté au cours des deux dernières années après la série de suicides d’étudiants survenue à l’Université Queen’s et le dépôt du rapport subséquent (voici une des interventions en format PDF). Davantage d’universités semblent maintenant conscientes du problème (même si les médias se sont davantage intéressés à la zoothérapie avec les chiens comme solution). Le billet que j’ai écrit il y a environ un an à propos des étudiants aux cycles supérieurs et de la santé mentale a suscité beaucoup d’intérêt, certains ont même mentionné qu’il avait touché une corde sensible. Au cours des prochaines années, les universités devront trouver des moyens de régler ce problème, que plusieurs personnes écartent en disant qu’il ne s’agit que d’un état passager que les étudiants doivent surmonter.

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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  1. Pierre Lincourt / 7 janvier 2013 à 18:03

    bonjour,
    il faudrait peut-être préciser que le développement de l’image de marque en éducation a été réalisé par le gouvernement fédéral via le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et en collaboration peut-être avec les provinces.
    Il semble y avoir une obligation pour les établissements universitaires ou collégiaux qui voudraient utiliser cette image de marque de prêter allégeance à la couronne britannique.
    Il faudrait peut-être valider le tout.
    Merci

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