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Les universités canadiennes devraient-elles promouvoir le bilinguisme?

C’est la difficile question à laquelle le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes tente de répondre dans un rapport publié le mois dernier.

par LÉO CHARBONNEAU | 09 JUILLET 09

Les universités canadiennes ont-elles un rôle à jouer dans la promotion du bilinguisme officiel au Canada et, dans l’affirmative, quel doit être ce rôle? C’est la difficile question à laquelle le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes tente de répondre dans un rapport publié le mois dernier.

Le Comité conclut de façon avisée que « le gouvernement du Canada ne peut pas dire aux institutions postsecondaires ce qu’elles devraient faire » en matière de bilinguisme officiel, car « elles ne relèvent pas de sa compétence et leur indépendance académique doit être respectée ».

Le Comité s’est néanmoins senti obligé de préciser que le gouvernement fédéral doit pourvoir quelque 5 000 postes bilingues par année dans le cadre de ses efforts de renouvellement de la fonction publique. La majorité de ces postes nécessitent une formation postsecondaire et il serait utile, de l’avis du Comité, que les collèges et les universités du Canada promeuvent le bilinguisme en offrant davantage de possibilités d’apprentissage d’une langue seconde (le quotidien Le Droit a publié un article sur le rapport).

À un moment donné, bon nombre d’universités exigeaient des étudiants qu’ils apprennent une langue seconde dans le cadre de leur programme d’études, mais cette exigence a peu à peu disparu.

En 1991, 35 pour cent des universités exigeaient la maîtrise d’une langue seconde pour l’obtention d’un diplôme, selon une enquête de l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC). En 2000, elles n’étaient plus que 12 pour cent et, en 2006, plus que neuf pour cent.

Ces statistiques sont tirées d’un article que j’ai écrit l’été dernier (« Un sujet qui délie les langues ») et qui aborde bon nombre de questions soulevées par le Comité.

Il existe d’excellents programmes d’apprentissage d’une langue seconde au Canada, comme le régime d’immersion de l’Université d’Ottawa, le programme du Collège Glendon affilié à l’Université York et le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta. Il est toutefois vrai que la plupart des universités ne considèrent pas l’apprentissage d’une langue seconde comme une priorité.

Graham Fraser, commissaire aux langues officielles du Canada, reconnaît que les universités canadiennes offrent des possibilités d’apprentissage d’une langue seconde, mais il précise que c’est souvent de manière ponctuelle et que les étudiants doivent généralement se débrouiller seuls pour les découvrir. Avec l’appui de l’AUCC, M. Fraser a demandé qu’une étude soit effectuée au début de 2008 afin de connaître les possibilités d’apprentissage d’une langue seconde offertes dans les universités canadiennes et de cerner les enjeux et les obstacles à cet égard (le plus récent rapport annuel du commissaire décrit le contexte entourant l’étude, à partir de la section 4.3).

Les résultats de l’étude n’ont pas encore été rendus publics, mais M. Fraser a présenté le sommaire de ses conclusions au Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes, qui y fait référence dans son rapport. J’attends avec impatience la publication du rapport du commissaire.

Selon Robin Cantin, responsable des relations avec les médias au Commissariat aux langues officielles, la publication est prévue au cours de l’été ou au début de l’automne. Je reviendrai sur le sujet après avoir pris connaissance du rapport.

Entre-temps, quel est votre point de vue? Estimez-vous que les universités doivent promouvoir plus activement le bilinguisme officiel?

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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  1. Caroline Caron / 14 juillet 2009 à 14:24

    Il s’agit là d’un sujet très préoccupant dont on discute trop peu souvent dans la communauté universitaire. Pourtant, il mérite réflexion. Je me réjouis que vous l’abordiez et que vous nous promettiez d’y revenir ultérieurement.

    En effet, les universités canadiennes peuvent et doivent prendre en charge cette importante question à laquelle se rattachent plusieurs enjeux de société, dont les besoins dans la fonction publique que vous soulignez. C’est d’ailleurs une problématique récurrente depuis la Loi sur le bilinguisme à laquelle on n’a pas véritablement offert de solutions efficaces jusqu’ici. Il faut souhaiter que la publication de ce rapport, combinée aux discussions qu’il soulèvera, soit une occasion de prise de conscience collective et de mobilisation menant à des initiatives concrètes.

    Les universités canadiennes devraient se montrer proactives et fermement engagées dans la création d’une véritable société canadienne bilingue. Cependant, dans un contexte de sous-financement des universités, on ne peut pas se contenter de formuler cette injonction et de leur imputer seules la responsabilité; cette nécessité doit être appuyée par de nouvelles politiques publiques et activement soutenue et promue au plan politique.

    Aussi, si le rôle des universités est incontournable, c’est surtout en tant que maillon stratégique d’une chaîne. Cette chaîne commence avec des programmes d’apprentissage de langue seconde dans les écoles primaires et secondaires à travers le Canada. Ces programmes doivent combinés à des opportunités égalitaires d’immersion pour tous les jeunes Canadiens et Canadiennes. Ce n’est qu’en faisant la promotion d’une culture du bilinguisme, soutenue par des moyens concrets d’apprentissage et de pratique, que le Canada saura préparer une relève (au moins) bilingue dans tous les domaines de la société, y compris le leadership économique, politique et savant.

    Caroline Caron
    Étudiante au doctorat en communication
    Université Concordia

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