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En Marge

L’évolution des universités au rythme du temps géologique

Vous voulez du changement? « Montrez-moi l’argent! »

par LÉO CHARBONNEAU | 08 MAI 13

On a fait grand cas récemment des changements, ou plutôt, des « bouleversements » auxquels les universités devront faire face en raison principalement des MOOC et des métaphores utilisées pour les décrire : un tsunami! une avalanche!

Cela me fait penser au discours sur les universités et le changement prononcé par Martha Piper, il y a plusieurs années. Elle venait alors de quitter ses fonctions de rectrice de l’Université de la Colombie-Britannique et reconnaissait la nécessité du changement, mais savait qu’il tarderait à se concrétiser. Les universités, affirmait-elle, « sont attachées au passé. Elles se basent sur une histoire millénaire. Elles se font une fierté de ne pas changer. (L’accent est mis par Mme Piper, il a peut-être même été accompagné d’un coup de poing sur le pupitre). Les universitaires ont été formés par des universitaires qui avaient été formés par d’autres universitaires. Les méthodes d’enseignement et les valeurs culturelles ont été transmises de génération en génération. »

Bien sûr, les universités évoluent. Au cours des 40 dernières années, les universités canadiennes ont dû effectuer d’énormes transformations pour répondre aux exigences croissantes du gouvernement, de la société et de l’économie. En cours de route, les universités modernes sont devenues extrêmement complexes et il en résulte que le changement peut être imperceptible. Un blogueur perspicace a remarqué que les métaphores apocalyptiques ne sont ainsi pas utilisées à bon escient et « que le phénomène devrait plutôt être décrit comme un mouvement “tectonique”, beaucoup plus lent. »

C’est cependant cette lenteur du changement qui, je crois, peut parfois faire bondir les gouvernements. Les nouveaux ministres de l’Éducation, dans leur empressement à faire quelque chose, peuvent occasionnellement présenter des politiques plus ou moins bien ficelées auxquelles les universités répondent d’une façon très prudente, selon une technique qu’Alex Usher assimile avec perspicacité à « l’art d’acquiescer d’un sourire ».

À vrai dire, les gouvernements se voient habituellement confier des mandats qui ne durent pas plus de quatre ans, parfois moins s’ils sont minoritaires, et ne peuvent pas toujours se concentrer sur des changements à long terme lorsqu’ils font face à un électorat impatient. Je crois que lorsque le gouvernement de l’Ontario demande aux universités de préparer des ententes stratégiques de mandat et que celui de l’Alberta exige que les universités signent des lettres de mandat  avec lui, ces gouvernements tentent, en fait, de trouver une solution afin de forcer les universités à bouger plus rapidement.

En Ontario, le gouvernement provincial a récemment demandé au Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) d’examiner ces mandats. Le groupe d’experts a conclu que « les processus ascendants comme celui utilisé dans le cadre de l’exercice d’ESM ne permettront pas de réaliser les changements au système que nous jugeons nécessaires. Le gouvernement devra faire preuve de rigueur, de cohérence et d’un engagement afin d’orienter les changements au cours des nombreuses années nécessaires pour les mettre en œuvre. »

Comment peut-on y arriver? « Le financement, affirme le groupe d’experts, constitue un levier important à la portée du gouvernement pour motiver et obtenir un changement. »

Cela est très similaire à ce que le président du COQES, Harvey Weingarten, m’a dit à Toronto plus tôt cette année. Il a en effet affirmé qu’il est important que le gouvernement décide du type de système qu’il veut, et qu’il est encore plus important qu’il mette des mesures en place pour parvenir au résultat souhaité. Avec les bons incitatifs, le changement se produira. Je crois me souvenir d’un concept similaire exprimé dans le film Jerry Maguire : montre-moi l’argent! (Show me the money, en anglais.)

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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