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En Marge

Que faire à propos des frais de scolarité?

De récents rapports ont remis la question sur la sellette.

par LÉO CHARBONNEAU | 04 OCT 10

Un récent rapport de Statistique Canada sur les frais de scolarité pour 2010-2011 met encore une fois la question du coût d’un diplôme universitaire sur la sellette. En moyenne, les frais de scolarité au premier cycle ont augmenté de quatre pour cent cette année par rapport à l’an dernier, portant la moyenne canadienne de 4 942 $ à 5 138 $. C’est en Ontario que les étudiants au premier cycle paient les frais de scolarité les plus élevés (en moyenne 6 037 $), puis au Nouveau Brunswick (5 516 $). C’est encore au Québec (2 415 $) et à Terre-Neuve-Labrador (2 624 $) que les frais de scolarité sont les moins élevés au pays.

Pour jeter de l’huile sur le feu, un rapport publié récemment par le Conseil canadien sur l’apprentissage (rapport CCA) révèle que le niveau moyen d’endettement des diplômés universitaires au Canada avait plus que doublé entre 1990 et 2000, passant de 12 271 $ à 24 706 $. En 2009, le niveau moyen d’endettement atteignait 26 680 $. Cette croissance du niveau d’endettement coïncide avec l’annonce récente selon laquelle le Programme canadien de prêts aux étudiants avait atteint, pour la première fois, son plafond de 15 milliards de dollars, exigeant ainsi une attribution de fonds supplémentaires.

Un autre argument de taille provient du rapport publié la semaine dernière par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), qui révèle, sans surprendre, que le coût des études et l’aversion pour l’endettement découragent peut-être certains étudiants à poursuivre des études postsecondaires. Le Conseil résume ainsi ses résultats :

« Les résultats de l’étude indiquent que les élèves venant de familles à faible revenu, ceux dont les parents ont un niveau d’éducation peu élevé, les Autochtones et les garçons ont davantage tendance à se préoccuper du coût des études postscondaires. De plus, entre 10 et 30 pour 100 des élèves participants ne souhaitent pas financer leurs études postsecondaires au moyen de prêts. Les groupes insuffisamment représentés sont encore moins enclins à emprunter, conséquence éventuelle de la tendance à sous-estimer les futurs avantages des études supérieures. Étant donné le degré relativement élevé d’aversion pour les prêts en général, un certain nombre de jeunes, en particulier ceux qui ont pour seul recours les prêts étudiants, pourraient considérer ne pas avoir les moyens de faire des études postsecondaires et renoncer ainsi à s’inscrire. » [les caractères gras font partie de la citation]

Que faire? Le rapport du COQES insinue qu’un financement ciblé pourrait encourager davantage d’étudiants issus de milieux modestes ou dont les parents n’ont pas fait d’études postsecondaires à poursuivre leurs études. Le rapport suggère aussi au gouvernement d’isoler l’aide financière axée sur les besoins des autres demandes.

En ce qui concerne l’ensemble du débat sur les frais de scolarité, rares sont les intervenants du milieu de l’EPS qui osent se prononcer sur un montant approprié (10 000 par année? 5 000 $? 2 000 $? Gratuit?). On s’entend généralement sur le fait que les frais de scolarité des programmes professionnels comme le droit et la médecine, dont les coûts et les perspectives de revenus sont élevés, peuvent être plus élevés que ceux des programmes de sciences ou de sciences humaines, par exemple. À part ce fait, il n’y pas de consensus.

On peut certainement argumenter qu’un diplôme universitaire demeure un excellent investissement dont les avantages qu’en retire l’individu compensent largement pour les coûts dans la plupart des cas. C’est précisément ce que soutient le rapport de l’OCDE Regards sur l’éducation, citant les revenus et les taux d’emploi élevés, comme le font le Conseil des ministres de l’Éducation, Canada, et l’Association des universités et collèges du Canada.

La question demeure toutefois : Quels devraient être les frais de scolarité au Canada? Je n’ai pas de réponse à cette question, mais je pense que des hausses annuelles deux fois supérieures au taux d’inflation, comme on l’a vu en Ontario depuis quelques années, ne sont pas viables, et qu’elles sont injustes et mal avisées d’un point de vue politique. Qu’est-ce que vous en pensez?

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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