Le 21 septembre dernier, l’Université de Montréal a tenu un vote dans le cadre du processus de sélection du prochain recteur. Je n’en connais pas les résultats, mais ce qui m’intéresse plus encore que le nom du gagnant est la tenue même d’un tel vote public.
Dans les universités de langue anglaise du Canada, à l’exception de cas extrêmement rares, tant que le nom de la personne retenue n’a pas été annoncé au milieu universitaire, seuls les membres du comité d’embauche et du conseil d’administration de l’établissement en connaissent l’identité. Les noms des candidats non retenus ne sont jamais rendus publics.
Vous le savez peut-être déjà : dans les universités de langue française du Québec, le processus est beaucoup plus public qu’ailleurs au pays. Voici une description légèrement simplifiée du processus de l’Université de Montréal : un comité de consultation est d’abord mis sur pied pour établir une liste de critères déterminant les candidats potentiels. On lance ensuite un appel de candidature et les personnes intéressées sont invitées à soumettre leur curriculum vitae, à expliquer leur vision et à participer à un ou à plusieurs débats publics.
Onze personnes ont soumis leur candidature, et leurs noms ont été annoncés fin août. Sept travaillent déjà à l’Université de Montréal, et les quatre autres font de la recherche dans un autre établissement ou travaillent ailleurs dans le secteur de l’enseignement supérieur.
L’étape suivante, le scrutin indicatif à l’Assemblée universitaire, a eu lieu le 21 septembre. Le comité de consultation rencontrera ensuite les candidats, délibérera et formulera une recommandation à l’intention du conseil d’administration de l’établissement. Le processus doit prendre fin d’ici mai 2010.
Chose intéressante : le conseil d’administration peut bel et bien choisir l’un ou l’autre des candidats recommandés, ou nommer une tout autre personne. Ainsi, bien que le processus soit dans l’ensemble plus ouvert que dans une université de langue anglaise, la décision revient au bout du compte entièrement au conseil d’administration. (Le processus est expliqué ici.)
Cette façon de procéder ne me semble pas meilleure que le processus d’embauche hautement confidentiel appliqué dans le reste du Canada. Je me demande également si d’excellents candidats peuvent être dissuadés par un processus aussi ouvert. Après tout, qui prendrait le risque de soumettre sa candidature aussi ouvertement si cela peut mener à un rejet tout aussi public et embarrassant? Et dans le cas de candidats provenant d’autres établissements, quel message enverraient-ils ainsi à leur établissement actuel?
Songeons au fait qu’il est relativement rare qu’une université de langue française du Québec embauche un recteur qui ne vienne pas de l’établissement même. En revanche, dans les universités de langue anglaise ailleurs au Canada, il est tout aussi rare que le nouveau recteur provienne de l’établissement même. Nous pouvons donc nous demander quel processus est le plus propice à attirer de nouveaux talents.