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En Marge

Voter ou ne pas voter

Voter ne devrait-il pas être le minimum requis en matière d’engagement civique?

par LÉO CHARBONNEAU | 10 AOÛT 12

J’ai eu l’occasion d’entendre deux étudiants de l’Université d’Ottawa la semaine dernière sur les ondes de la chaîne locale de CBC. Bien qu’ils étudient à Ottawa, tous deux résident sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais, et étaient alors interviewés au sujet des manifestations étudiantes au Québec ainsi que des élections provinciales qui se tiendront le 4 septembre. Interrogée sur son choix de candidat aux élections, l’une a répondu qu’elle ne pensait pas aller voter, simplement parce qu’aucun parti ne représente ses opinions politiques.

J’aborde ce sujet parce que deux etudiants de la cohorte inaugurale des gagnants du Prix national d’excellence 3M que j’ai rencontrés en juin m’ont fait une réponse semblable lorsque je leur ai demandé s’ils avaient voté aux dernières élections. Ils ont hésité avant de me répondre qu’ils n’en voyaient pas vraiment la pertinence, parce que les grands partis se ressemblent tous et que les petits partis n’ont aucune chance de l’emporter.

Je suis toujours consterné par une telle attitude à l’égard du vote. Les jeunes adultes ne sont évidemment pas les seuls à négliger leur devoir de citoyen, mais je trouve cette position étonnante de la part de ces quatre étudiants qui, autrement, semblaient sensibilisés à la chose politique et très engagés.

L’engagement politique devrait idéalement être davantage que le simple fait de voter une fois tous les quatre ans, mais voter ne devrait-il pas être le minimum requis?

Les groupes organisés peuvent faire beaucoup pour mobiliser la population et modifier l’opinion publique; les groupes étudiants québécois l’ont montré au cours des six derniers mois. Leurs actions ont généré de sains débats sur les avantages de l’éducation postsecondaire et sur le rôle du gouvernement pour la promouvoir.

Mais au bout du compte, les gouvernements gouvernent, et si vous n’êtes pas satisfaits, vous n’avez qu’à les remplacer; et la seule façon légitime de le faire dans une démocratie consiste à se rendre aux urnes. En outre, si les jeunes votaient en plus grand nombre, les gouvernements se soucieraient peut-être davantage de leurs opinions. Quand on ne vote pas, on peut difficilement se plaindre du gouvernement en place.

Évidemment la structure des partis politiques de même que notre système électoral uninominal majoritaire à un tour sont parfois décourageants. J’aimerais bien voir l’adoption d’un système plus équitable à représentation proportionnelle, mais pour l’instant, c’est celui que nous avons – et la seule façon de le changer est sans doute de nous rendre aux urnes.

Chose intéressante, le manifeste récemment publié par le plus militant des groupes étudiants québécois, la CLASSE, prône le principe « d’une démocratie directe sollicitée à chaque instant ». Le groupe méprise la démocratie représentative qui selon lui « ne se vit qu’une fois par quatre ans et ne sert trop souvent qu’à changer les visages ». Étonnamment, le manifeste poursuit et déclare que pour l’élite, la « démocratie ne fonctionne que lorsque nous nous taisons ».

S’abstenir de voter ne serait-elle pas la manière ultime de se taire?

À PROPOS LÉO CHARBONNEAU
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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