Depuis la publication des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation en 2015, de nombreuses universités ont discuté de la meilleure façon d’y répondre. La conférence Carrefour 2017, organisée par Universités Canada en février dernier, a permis d’aborder le rôle que les universités devraient jouer dans le cadre des efforts de réconciliation entre les institutions canadiennes et les collectivités autochtones, de même que les solutions qui semblent efficaces.
En tant qu’administratrice universitaire, j’ai moi-même beaucoup réfléchi à la façon dont les universités devraient répondre. Je suis d’avis que chaque citoyen canadien a un rôle à jouer pour favoriser la réconciliation avec les peuples autochtones. Cependant, dans ce billet, j’ai choisi de m’attarder exclusivement au rôle des administrateurs universitaires à cet égard.
De profonds changements systémiques seront nécessaires si nous souhaitons bâtir une société meilleure qui aspire à la réconciliation. Les administrateurs d’établissements postsecondaires jouissent d’une position unique pour abolir les obstacles à la réussite des Autochtones et soutenir concrètement la réconciliation. Selon moi, les initiatives de réconciliation des établissements d’enseignement devraient s’articuler autour de quatre grands axes, à savoir le choix d’une vision, l’établissement de relations, le respect et l’action.
En premier lieu, les établissements doivent avoir une vision concrète de ce qu’ils souhaitent accomplir en faisant la promotion de la réconciliation. À titre d’exemple, les administrateurs occupent des postes importants qui les obligent à créer des plans stratégiques d’enseignement et de recherche au sein de leur établissement. Ces plans sont essentiels à la réussite de l’organisation. Sans eux, les universités n’auraient pas de comptes à rendre et ne chercheraient pas à produire des résultats mesurables.
Il est important que les administrateurs soient à l’écoute des besoins de l’ensemble de la société. De nos jours, ils ont donc la responsabilité sociale d’appuyer d’ambitieuses initiatives stratégiques afin d’établir des liens porteurs de réconciliation dans les établissements. J’entends souvent mes collègues administrateurs minimiser leur influence sur les orientations générales de l’université, mais je suis persuadée qu’un dirigeant doit assumer sa part de responsabilité dans la formation des dirigeants de demain. Nous devons travailler de concert pour aider ces futurs dirigeants à découvrir le savoir, l’histoire et la culture autochtones et faire en sorte que la réconciliation puisse se concrétiser.
Par ailleurs, les administrateurs sont principalement perçus comme des leaders dans les établissements d’enseignement. À ce titre, il est important qu’ils tissent des liens positifs avec les peuples et les collectivités autochtones. Pour y parvenir, les partenaires des collectivités autochtones, tels que les conseils consultatifs autochtones aujourd’hui implantés dans de nombreuses universités, sont appelés à jouer un rôle actif. Ces conseils doivent absolument avoir voix au chapitre, et des mécanismes doivent être en place pour leur permettre de formuler des commentaires et des directives.
Tout cela me fait penser au célèbre dicton « Rien sur nous sans nous », rapporté, entre autres, par Marie Battiste, enseignante micmaque. Essentiellement, cette maxime signifie que les Autochtones doivent participer à la planification et à la mise en œuvre des directives stratégiques importantes liées de près ou de loin à la réconciliation.
Ensuite, il faut prendre le temps de bâtir ces relations pour qu’elles se fondent sur la confiance et le respect. Les administrateurs doivent donner l’exemple. Il est important de comprendre que la réconciliation est un processus délicat et que le changement nécessite un engagement sincère.
Pour tisser des liens prometteurs en termes de réconciliation, il faut notamment dissiper les mythes et stéréotypes associés aux Autochtones et aborder les grands enjeux systémiques. Ce qui pourrait signifier devoir faire un examen critique du traitement réservé par l’établissement aux étudiants et aux membres de la collectivité, du corps professoral et du personnel autochtones.
Pour finir, je pense qu’il est important de passer de la parole aux actes. Les actions concrètes en disent souvent bien plus que les mots. Si les initiatives de réconciliation ne sont pas appuyées par les dirigeants, il est très peu probable que l’établissement leur accorde beaucoup d’importance. Cet appui doit se traduire par des actions qui pourraient, par exemple, prendre la forme d’initiatives stratégiques précises. Il peut également s’agir d’offrir des espaces sûrs et accueillants aux Autochtones sur les campus, de proposer des occasions de rencontre permettant d’en apprendre davantage sur les Premières Nations ou d’éliminer les inégalités systémiques.
En outre, les administrateurs doivent activement s’efforcer d’en apprendre plus sur les Autochtones. À mon université d’attache, nous avons eu le bonheur de voir l’équipe de direction organiser sa séance de réflexion annuelle au sein d’une collectivité autochtone de la région, mais il y a encore bien des pistes d’action à explorer.