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Parole aux leaders

Concrétiser de grandes idées nécessite de nombreux partenaires

La convergence est dans l’air.

par MARTHA CRAGO | 14 JAN 15

Le 22 octobre 2014, je me suis retrouvée bouclée au Centre des congrès d’Ottawa. Je devais participer à une réunion à 9 h 30 et m’y étais rendue à pied avec un collègue, depuis notre hôtel. Nous nous étions brièvement arrêtés au monument commémoratif de guerre en abordant les activités à venir à Halifax pour le jour du Souvenir.

Plusieurs pensées m’ont traversé l’esprit. La plupart concernaient l’homme responsable des événements. Souffrait-il de maladie mentale? S’agissait-il d’un jeune extrémiste? Comment les jeunes se radicalisent-ils? Quelle leçon pouvons-nous tirer de ce qui se passe ailleurs dans le monde? Alors que les innombrables gazouillis du monde extérieur inondaient mon ordinateur, je me suis questionnée sur le rôle des médias sociaux et des mégadonnées dans les événements survenus ce jour-là à Ottawa.

Les jours suivants, ces questions toujours en tête, j’ai entendu parler d’un chercheur postdoctoral de l’Université Dalhousie, Amarnath Amarasingam, qui travaille avec Michael Ungar, chercheur principal de l’initiative de mobilisation des connaissances sur les enfants et les jeunes dans des contextes difficiles des Réseaux de centres d’excellence. Ils collaborent à une étude à grande échelle sur les jeunes Canadiens qui ne se radicalisent pas et explorent les raisons de leur résilience.

J’ai appelé M. Amarasingam et notre discussion nous a amenés à envisager une série d’activités au potentiel intéressant :

  • le lancement d’une étude multidisciplinaire sur les problèmes de santé mentale jumelée à une étude des enjeux sociaux, politiques, juridiques et culturels liés à la radicalisation des jeunes;
  • le recours à des experts en informatique qui se pencheront sur les médias sociaux et les aspects liés aux données découlant de ce phénomène;
  • l’inclusion de chercheurs étrangers dont les travaux portent sur les mêmes phénomènes dans d’autres pays;
  • l’accès à un financement conjoint des trois organismes subventionnaires canadiens pour ce projet de recherche et tenter d’obtenir un financement international et provenant d’organismes philanthropiques;
  • l’établissement de partenariats avec des chefs de file d’autres secteurs, comme des dirigeants communautaires, des leaders religieux, des prestataires de services sociaux, des avocats, des professeurs, la GRC, le SCRS ainsi que des analystes des politiques et des décideurs gouvernementaux;
  • la création d’un groupe de réflexion sur les mécanismes de réponse rapide prêt à se réunir rapidement pour planifier les mesures à prendre pour contrer la radicalisation des jeunes et déterminer comment les dirigeants de tous les secteurs peuvent conjointement d’aborder ce problème d’importance pour notre pays.

Dix jours plus tard, lors d’un événement qui se tenait au Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) sur l’initiative Imaginer l’avenir du Canada, j’ai exprimé mes idées et mes questions soulignant que les problèmes mondiaux actuels nous amènent à repenser la convergence des gens, des idées, des actions et du financement au-delà des limites d’un domaine, d’un pays et d’un secteur, afin d’assurer un délai de réponse rapide. Il faudrait aussi que nos partenaires bailleurs de fonds du domaine de la recherche, qu’ils relèvent du gouvernement ou non, songent à différentes méthodes de financement des initiatives au Canada.

Les Instituts de recherche en santé du Canada, l’un des trois organismes subventionnaires fédéraux, ont trouvé un moyen de financer la recherche universitaire canadienne pour réagir rapidement aux maladies infectieuses, comme l’Ebola et le virus du SRAS au Canada. Un mécanisme similaire pourrait-il être appliqué aux enjeux sociaux tels que les meurtres et les disparitions de femmes autochtones, les brèches de sécurité à l’échelle mondiale, les catastrophes naturelles et les crises financières? De nouveaux moyens simples et efficaces d’accéder au financement sont requis dans le cas des problèmes sociaux urgents.

En y pensant bien, j’avais déjà commencé à remarquer des articles sur la radicalisation des jeunes Canadiens il y a deux ans. Il fallait donc s’attendre à ce qu’un chercheur postdoctoral soit invité par les médias à se prononcer sur la question. Les chercheurs postdoctoraux ont davantage de latitude pour aborder des sujets d’actualité. Ils ne sont pas astreints aux examens, aux synthèses et aux propositions de mémoire comme les étudiants au doctorat. Ils n’ont pas les obligations liées à l’enseignement, à la recherche ou aux subventions antérieures qui incombent à de nombreux universitaires et scientifiques.

Les chercheurs postdoctoraux joueront un rôle très important dans la recherche de mécanismes de réponse rapide aux problèmes urgents. Par ailleurs, nos Réseaux de centres d’excellence pourraient être mis à contribution afin de constituer, en collaboration avec les chercheurs canadiens et leurs collègues étrangers, des ateliers, des équipes et des appels de propositions concernant ces mécanismes. Nous pourrions réfléchir au rôle potentiel de la Société royale et du Conseil des académies canadiennes dans la formation de groupes d’experts.

Le Canada pourrait aussi envisager de formuler des priorités stratégiques en matière d’enjeux sociaux et culturels, à l’instar du domaine des sciences et de la technologie. Les priorités scientifiques et technologiques sont déterminées par le Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation. Devrions-nous créer un conseil national responsable des priorités sociales et culturelles?

Plus tard cet automne, à l’occasion d’une réunion d’universités étrangères pour l’adoption de la déclaration de Leiden sur le rôle des sciences humaines dans le milieu de la recherche mondiale, j’ai appris que les trois organismes subventionnaires de recherche du Royaume-Uni avaient établi ensemble six priorités interdisciplinaires globales qu’ils finançaient conjointement. Lors de la réunion, l’importance de la recherche internationale, intersectorielle et interdisciplinaire a été mentionnée par les participants. De toute évidence, la convergence est dans l’air.

Martha Crago est vice-rectrice à la recherche à l’Université Dalhousie.

À PROPOS MARTHA CRAGO
Martha Crago
Martha Crago is vice-president, research, at Dalhousie University. Her column appears in every second issue of University Affairs.
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