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Parole aux leaders

Démanteler les systèmes qui perpétuent la discrimination

Chacun se doit de réfléchir à la manière dont il peut contribuer à garantir aux femmes des espaces plus équitables et plus sûrs.

par SHEILA COTE-MEEK | 07 MAR 18

Récemment, devant le film Les Sufragettes, je n’ai pu m’empêcher de songer que, au Canada, le droit de vote a été accordé aux femmes il y a à peine un siècle – et encore, les Canadiennes autochtones ont dû attendre jusqu’en 1960 pour l’obtenir.

Les femmes se sont battues pour leurs droits pendant des générations, mais depuis peu, les campagnes médiatiques comme #MoiAussi (#MeToo) et #EtMaintenant (#TimesUp) donnent encore plus de poids à leurs dénonciations de la violence et du harcèlement sexuels. Je me souviens de l’époque où je me suis moi-même heurtée au racisme et au sexisme, et des défis que j’ai dû relever sur le plan personnel, mais aussi dans le cadre de ma formation et de ma carrière. En tant qu’administratrice universitaire, je conviens que nous ne pouvons simplement rester en retrait ou jouer les autruches, imperméables à ce qui se passe dans le reste de la société.

Aujourd’hui, chacun se doit de réfléchir à la manière dont il peut contribuer à garantir aux femmes des espaces plus équitables et plus sûrs. Je me suis demandé ce que peuvent faire les administrateurs universitaires. Il importe au départ d’admettre que les universités peuvent, et doivent, en faire beaucoup. Les stratégies les plus évidentes consistent à mettre en place des campus sûrs, ainsi qu’à élaborer des politiques adéquates et à veiller à leur mise en œuvre. La plupart des établissements ont mis en œuvre de telles stratégies, je crois. Alors, je tiens à mentionner quatre choses que chacun peut faire pour lutter contre la violence raciale et sexospécifique sur les campus.

Nous devons avant tout comprendre et admettre qu’il existe, au sein des établissements comme de la société, des facteurs systémiques qui influencent la manière dont les femmes sont perçues, les possibilités qui leur sont offertes, et leur réussite, ou non, au niveau postsecondaire. L’effet de ces facteurs systémiques est particulièrement important pour les femmes victimes de racisme, atteintes de handicaps, dites « de couleur » ou qui se définissent LGBTQ2. Selon moi, les stéréotypes sexistes représentent pour les femmes un réel fardeau. Nous devons tous le constater et le comprendre, sans quoi il sera très difficile de trouver comment les combattre.

Petite anecdote. Je suis récemment tombée sur un article de 2014 du magazine Fortune, dont l’auteur affirme avoir constaté que, dans le cadre d’évaluations du rendement, le langage employé diffère selon que l’on s’adresse à des hommes ou à des femmes, et que ces dernières sont plus souvent qualifiées d’abruptes. Les conclusions de cet article ne reposent que sur un petit échantillonnage, mais il a le mérite de soulever le fait que les femmes dirigeantes sont perçues différemment des hommes. Il est tout de même curieux que, dans le cas des femmes, les conclusions des évaluations du rendement menées en milieu universitaire aient davantage trait à leur personnalité qu’à leur rendement. Je souhaite souligner ici que le langage employé dans le cadre des évaluations a son importance. Le fait d’étiqueter les femmes de manière particulièrement discriminatoire ne peut que renforcer les préjugés sexistes.

Il importe par ailleurs de nous tourner vers des pratiques de gestion holistiques. Il nous faut pleinement cerner les problèmes, être ouverts à l’ensemble des opinions et des points de vue, et travailler à être plus humains. Je ne dis pas que nous ne faisons pas déjà tout cela; j’estime simplement que les établissements se concentrent souvent sur les chiffres et les objectifs à atteindre, sans toujours accorder la priorité aux relations humaines et bienveillantes. Dans mon ouvrage intitulé Colonized Classrooms, j’appelle à l’adoption de démarches pédagogiques holistiques respectueuses du corps et de l’esprit. De telles démarches peuvent être appliquées à l’échelle d’un établissement.

Le troisième point que je souhaite soulever a trait à l’importance pour chacun d’être prêt à s’insurger ouvertement contre tout propos ou comportement déplacé dont il est témoin. S’il importe de mettre en place des politiques contre le harcèlement, la discrimination et la violence sexuelle, il est tout aussi important de ne pas laisser se perpétuer les comportements déplacés en fermant les yeux. Nous devons tous œuvrer au démantèlement des hiérarchies fondées sur le sexe et des systèmes qui perpétuent le sexisme et la discrimination.

Dernier point : chaque fois que vous assistez à une réunion, prenez un moment pour observer qui est présent, et surtout qui ne l’est pas. Demandez-vous si toutes les voix sont représentées. Il m’est trop souvent arrivé d’être la seule femme présente dans une réunion. Aujourd’hui, il faut que les femmes soient partout représentées. Examinez aussi la structure de votre organisation, et posez-vous la même question. Il y a encore beaucoup à faire pour parvenir à une société plus équitable et inclusive. Les universités doivent y apporter leur contribution.

À PROPOS SHEILA COTE-MEEK
Sheila Cote-Meek
Sheila Cote-Meek est vice-rectrice, Équité, personnes et culture à l’Université York.
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