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Parole aux leaders

Il faut faire preuve d’audace pour effectuer des changements dans les universités

Dans cinq ans, ils s’attendent à accueillir 25 000 étudiants sur cet immense campus bâti à partir de rien.

par MARTHA CRAGO | 04 NOV 15

Pendant l’été et au début de l’automne, divers événements m’ont amenée à réfléchir à l’audace. Avant l’arrivée de l’été, Jeff Dahn, l’un de nos chercheurs à l’Université Dalhousie, a signé un contrat avec le constructeur américain de voitures électriques Tesla Motors. Ce contrat a donné lieu à une visite du vice-président de Tesla, J.B. Straubel, qui était accompagné d’une rutilante voiture Tesla, transportée par la voie des airs pour l’occasion. La vision de Tesla exposée par M. Straubel était audacieuse et dynamique. Après cette visite, certains d’entre nous ont lu une biographie du fondateur de Tesla, Elon Musk, signée par Ashlee Vance. Je l’ai apportée en vacances en juillet et l’ai lue d’une traite. L’étendue de sa vision, son audace et sa volonté de prendre des risques étaient stupéfiantes et m’ont donné matière à réflexion. Je me suis demandé si pareille audace s’était déjà vue ou pourrait surgir dans le milieu universitaire.

Plus tard au cours de l’été, j’ai accompagné le premier ministre de la Nouvelle-Écosse en Chine, où nous avons visité le nouveau campus de l’Université du Shandong, à Qingdao. Construit près de l’océan, à quelques centaines de kilomètres du campus principal de cette université, qui lui, se trouve dans l’arrière-pays, ce nouveau campus en devenir se spécialisera dans les sciences de la mer. Au cours des cinq prochaines années, une vingtaine de bâtiments d’enseignement, un complexe sportif, de nombreux terrains de tennis, un grand musée-bibliothèque et plusieurs résidences pour étudiants devraient être érigés. Ce campus sera situé tout près de deux nouveaux importants instituts gouvernementaux d’océanographie et d’un réservoir d’eau océanique d’une hauteur de 10 étages destiné à la recherche expérimentale. Cinq navires de recherche sont postés à proximité. Le campus partagera les lieux avec un très grand nombre de logements prévus pour les professeurs et leurs familles ainsi qu’avec un centre d’innovation qui devrait comprendre plusieurs tours à bureaux.

Il ne s’agit là que d’un des éléments de l’initiative stratégique de la Route maritime de la soie du gouvernement chinois, qui vise à développer son économie océanique. Au moins deux autres universités construisent des campus semblables dans d’autres villes longeant la côte de la mer de Chine méridionale. Alors que notre délégation néo-écossaise se tenait dans l’un des quatre premiers bâtiments à examiner une maquette des futures constructions, nous avons été ébahis et avons murmuré, à l’unisson : « Quel plan remarquablement audacieux. » Dans cinq ans, ils s’attendent à accueillir 25 000 étudiants et un millier de professeurs sur cet immense campus bâti à partir de rien avec l’aide de partenaires étrangers.
Cela m’a fait me demander si le Canada avait déjà mis en place une nouvelle université aussi rapidement et audacieusement. En fait, oui, c’est arrivé. L’Université Simon Fraser, qui célèbre cette année son 50e anniversaire, aurait été construite en 15 mois – un audacieux bâtiment de l’ère spatiale situé au sommet d’une montagne. Le réseau des Universités du Québec, calqué sur les réseaux des universités d’État implantés aux États-Unis, est un autre exemple frappant de ce type de projet ayant été réalisé dans les 50 dernières années. Membre de ce réseau, l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui est située au cœur du centre-ville de Montréal, a été construite autour de la façade et des vestiges d’une cathédrale, symbole iconoclaste de l’Église cédant la place à la Révolution tranquille. De plus, l’UQAM a adopté une nouvelle structure interne audacieuse, dépourvue des facultés et de départements traditionnels.

Enfin, pendant mon séjour en Chine, le corps inanimé d’Alan Kurdi a attiré l’attention du monde sur la situation critique des réfugiés syriens qui migrent en masse vers l’Europe. Au beau milieu de cette crise internationale et dans un acte audacieux de courage politique et d’humanité, la chancelière allemande, Angela Merkel, et son pays ont ouvert leurs frontières à plusieurs milliers de réfugiés. Je me suis demandé quels actes de courage et d’audace les universités entreprendront pour venir en aide à ces réfugiés. L’Université Ryerson a été la plus proactive des toutes lorsqu’elle a eu la bonne idée de lancer son initiative Lifeline Syria Challenge, il y a quelques mois.

Ma réflexion sur les idées et les actes audacieux m’a rappelé que lorsque j’attendais mon troisième enfant et que les deux autres avaient moins de quatre ans, j’avais lu cette citation de Goethe en passant devant une église de la rue Sherbrooke, à Montréal : « Quoi que vous rêviez de faire, commencez-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie. » Je l’ai notée sur un bout de papier et me suis immédiatement rendue au bureau des études supérieures de l’Université McGill pour faire une demande d’admission au doctorat, que j’ai obtenu en quatre ans, en emmenant mes enfants travailler avec moi sur le terrain, dans l’Arctique. Je me suis souvent demandé si cela tenait de l’audace ou de la folie. Au fil du temps, j’ai décidé qu’il s’agissait d’audace. Ces paroles de Goethe sont affichées près de mon bureau chez moi, au moment même où j’écris ces lignes, m’incitant, ainsi que nous tous, étudiants, professeurs et membres du personnel, à penser et à agir audacieusement dans nos universités. Nos idées et nos actes pourraient être empreints de pouvoir et de magie.

À PROPOS MARTHA CRAGO
Martha Crago
Martha Crago is vice-president, research, at Dalhousie University. Her column appears in every second issue of University Affairs.
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