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Distraction numérique

par TERENCE DAY | 05 NOV 07

À voir les étudiants occupés à saisir dans leur ordinateur portatif chacun des mots prononcés par les professeurs, on peut en conclure qu’ils sont très attentifs en classe. Est-ce vraiment le cas?

En s’installant à l’arrière d’une salle de conférence dans une université ou un collège, on constate rapidement que bon nombre d’étudiants qui possèdent un ordinateur portatif doté d’une connexion sans fil à Internet se livrent plutôt à des activités qui n’ont rien à voir avec les études, comme clavarder, lire des courriels, jouer à des jeux ou fréquenter un site de réseautage comme Facebook.

Certains professeurs ont résolu le problème en interdisant catégoriquement l’utilisation des ordinateurs portatifs pendant leurs cours. Pourtant, les universités et les collèges du Canada ont investi à coup de millions dans des réseaux sans fil. Une interdiction pure et simple semble donc contre-productive ou, du moins, constitue un gaspillage de ressources.

Cela peut paraître surprenant, mais les avantages et les inconvénients de l’utilisation d’ordinateurs portatifs reliés à un réseau sans fil en classe font encore l’objet d’articles savants dans le domaine de l’éducation, et les histoires d’étudiants qui font une mauvaise utilisation de la technologie sont légion. Par exemple, Jean Boivin, un professeur d’économie à l’école des Hautes Études Commerciales de Montréal, a été renversé de lire dans les journaux qu’un de ses étudiants avait perdu des milliers de dollars en se livrant à de la spéculation à très court terme pendant ses cours.

Guy Plourde, un professeur de chimie à l’Université du Nord de la Colombie-Britannique, est comme bon nombre de professeurs favorable à l’interdiction complète des ordinateurs portatifs en classe. Il se dit frustré lorsque des étudiants, les yeux encore rivés à leur écran, lui demandent de répéter ce qu’il vient de dire parce qu’ils n’écoutaient pas.

Des étudiants se préoccupent également de la situation. Dawn Lomas, du Centre de réussite de l’apprentissage de l’Université Ryerson, et Michael Howard, du département d’économie de l’Université de Waterloo, ont tous deux reçu des plaintes d’étudiants qui n’arrivaient pas à se concentrer en classe parce que d’autres, assis près d’eux, jouaient à des jeux ou regardaient des films. Malgré cela, les étudiants ne semblent pas d’accord avec une interdiction pure et simple des ordinateurs portatifs.

Quelle est donc la solution? Margaret Wilson, coordonnatrice des services d’enseignement à l’Université de l’Alberta, croit qu’il est préférable de traiter chaque cas problématique séparément. Le professeur doit demander à l’étudiant de cesser de déranger les autres et, si ce dernier conserve ses mauvaises habitudes, l’inviter à quitter la classe.

De l’avis de la plupart des experts, le problème de fond en est un de participation active aux cours, et les professeurs peuvent utiliser l’ordinateur portatif pour favoriser l’apprentissage actif. Par exemple, il peut demander aux étudiants de former des équipes pour résoudre un problème qui nécessite un accès à Internet ou de trouver sur le Web une ressource se rapportant à la matière au programme.

La meilleure suggestion, à mon sens, provient de Tracy Roberts, qui est conceptrice pédagogique au Centre des technologies de l’enseignement et de l’apprentissage à l’Université Royal Roads : demander aux étudiants de proposer une politique, et conclure une entente avec eux. Cette approche s’inscrit dans la volonté de la plupart des universités d’encourager les étudiants à prendre en charge leur apprentissage.

Au début du semestre, j’ai donc soulevé la question de l’utilisation d’un ordinateur portatif en classe devant un groupe de première année en géographie. De prime abord, les étudiants n’ont pas vu la nécessité d’avoir cette discussion, mais, lorsque celle-ci ne s’est plus limitée au « droit » des étudiants d’apporter un ordinateur portatif en classe, des idées productives sont ressorties.

Nous nous sommes demandé, par exemple, s’il était préférable de réserver une section de la classe aux étudiants qui utilisent leur ordinateur portatif afin qu’ils ne soient pas source de distraction. En plus d’éclairer la question, la discussion a permis d’aborder d’autres sujets, comme l’importance d’assister aux cours, le respect d’autrui et la participation active en classe.

Terence Day enseigne la géographie ainsi que les sciences de la Terre et de l’environnement au Collège Okanagan, à Kelowna, en Colombie-Britannique.

Rédigé par
Terence Day
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