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Le dur chemin vers la reconnaissance de la récréologie

Alors que le domaine restreint de la récréologie connaît une croissance, il lutte pour la reconnaissance par le milieu universitaire.

par DIANE PETERS + JEAN-FRANCOIS VENNE | 07 AOÛT 12

La récréologie constitue un champ d’études multidisciplinaire relative-ment récent dont les paramètres évoluent toujours. Cette vaste discipline comprend autant l’enseignement de la gestion de programmes récréatifs que la recherche sur la santé et le bonheur des Canadiens. Le secteur du loisir « est l’une des premières industries du monde, mais la plupart des gens le tiennent pour acquis », affirme Karen Fox, professeure en récréologie à l’Université de l’Alberta.

Bien que certains spécialistes d’autres disciplines ne comprennent pas grand-chose à l’enseignement et à la recherche en récréologie, ceux qui adoptent ce champ d’études sont convaincus de sa grande pertinence. « La discipline vise à analyser une partie essentielle de la vie : pourquoi et comment nous nous adonnons à des activités de loisir, et quelles en sont les conséquences », ajoute Robert Stebbins, professeur émérite à l’Université de Calgary.

Jusque dans les années 1950, la notion de récréologie n’existait pas. Or, avec la création de centres communautaires partout en Amérique du Nord, le besoin de gestionnaires de programmes compétents s’est manifesté. En 1962, l’Université de l’Alberta a mis sur pied le premier programme de baccalauréat en récréologie au Canada; l’Université de Waterloo a emboîté le pas en 1967. Le pays compte peu d’experts en récréologie : l’association de la discipline ne compte que 350 membres. Trois universités offrent des programmes en français : un baccalauréat à l’Université de Moncton et une maîtrise à l’Université de Sherbrooke et à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

On peut penser que le temps libre augmente dans nos sociétés, puisque les gens tendent à prendre leur retraite plus tôt et à vivre plus longtemps. Quand on regarde du côté de la population active cependant, on constate au contraire que l’horaire est de plus en plus chargé, notamment en raison de l’augmentation du temps consacré au travail et au transport. « Peu de gens sont encore capables de réserver quelques heures à un cours d’espa-gnol tous les mercredis soirs pendant 15 semaines », lance André Thibault, professeur émérite à l’UQTR et directeur de l’Observatoire québécois du loisir.

La récréologie a d’abord adopté une démarche normative axée sur la formation de gestionnaires chargés de créer des programmes qui plairaient au public, en particulier en matière de forme physique. On supposait alors que la participation à des loisirs planifiés engendrerait des bienfaits pour la population. Plus tard, le développement de la discipline a toutefois mené vers la compréhension de la condition humaine et du loisir en tant que facteur d’amélioration de la qualité de vie.

La transition vers une réflexion plus créatrice et la recherche sur l’importance du loisir a attiré d’autres chercheurs vers ce sujet inexploré. Bien que la discipline ait d’abord emprunté aux théories sociologiques et psychologiques ainsi qu’aux autres sciences sociales, des paradigmes propres à la récréologie ont rapidement émergé, donnant corps à la recherche et à l’enseignement au premier cycle. (À titre d’exemple, un des principes acceptés aujourd’hui veut que les programmes de récréologie ne soient fructueux que s’ils répondent à trois besoins humains fondamentaux : l’autonomie, l’appartenance et la compétence.)

Les chercheurs ont d’abord mené des enquêtes et employé des techniques quantitatives pour évaluer l’appréciation d’une activité. À présent, ils ont également recours à des groupes de discussion et à des techniques ethnographiques pour explorer des questions complexes portant sur la démarche et la signification des loisirs.

Depuis 10 ans, M. Thibault, de l’UQTR, se consacre à l’étude de la participation citoyenne au loisir, notamment le bénévolat. Ses recherches montrent comment le loisir contribue à la santé des citoyens et des communautés, en favorisant l’activité physique, les bonnes habitudes de vie et le développement d’un sentiment d’appartenance. « Les sciences du loisir commencent à avoir un solide argumentaire pour défendre la valeur du loisir public dans le développement économique, social et culturel de nos collectivités, et pour expliquer sa spécificité par rapport au loisir commercial », ajoute-t-il.

Les défis sont encore nombreux. Les organismes subventionnaires ne semblant pas être prêts à créer une catégorie propre à la discipline, les chercheurs devront donc continuer à se battre pour obtenir des ressources pour chaque projet. Les praticiens croient également que les gouvernements et les groupes de planification stratégique ne connaissent pas toutes les données de base sur l’accès et l’inclusion en matière de loisir. Toutefois, pour ceux qui se posent des questions sur la valeur de leur temps et de leur travail, la récréologie permet de trouver des réponses utiles et compréhensibles pour tous.

Rédigé par
Diane Peters + Jean-Francois Venne
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  1. Eve Raymond / 1 mars 2014 à 12:59

    Votre article est vraiment intéressant, moi mon expérience vient de katimavik, du club med, et d’une station balnéaire dans les Alpes. Je suis maintenant récréologue dans une résidence du Groupe Maurice, mon succès est dû à mon écoute envers les idées de mes résidants. Ces idées qui les mettent en vedettes chacun leur tour et leur permettent de partager leurs connaissances qui n’auront jamais de fin. Tout les passions peuvent permette de mettre en place des conférences, des ateliers, des expressions de toutes sortes, et une activité devient possible dès qu’on prend le temps de la mette en place. Donc tout est en l’honneur du récréologue qui sait écouter et qui sait mettre en place un système de communication efficace afin que les résidants (dans mon cas) soit au courant de l’offre de connaissance mis en place, physique, psychologique, social et alimentaire. Si le budget y est en plus nous pouvons faire des miracles. Mais avouons qu’appartir des connaissances nous pouvons en faire énormément. Moi, pour le moment j’ai la chance d’avoir un problème de trop de participation, vous me trouverez chanceuse sans doute mais, je laisse la place au résidants afin que les aires communes deviennent vraiment une extension de leur appartement. Aucune obligation de leur part afin qu’il n’y ai pas de malaise quand la personne ne peux pas. Vous êtes là je suis contente de vous voir, vous n’êtes pas là je comprend. Cette clientèle sont des bibliothèques vivantes profitons-en, en les valorisant. Voilà mon expérience sur le sujet. C’est un travaille ou on ne cesse d’apprendre!

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